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Les Jeux dangereux de Sotchi

Des Jeux sous étroite surveillance.

Des Jeux sous étroite surveillance. - -

A J-2 de l’ouverture officielle des JO de Sotchi, le sport commence à reprendre ses droits. Mais jamais une édition n’aura été marquée en amont par autant de polémiques, soupçons et inquiétudes. Etat des lieux.

La sécurité sur les dents

Depuis les deux attentats à la bombe survenus fin décembre à Volvograd (plus de 30 morts) commis par la rébellion islamiste nord-caucasienne, la tension est remontée d’un cran dans le périmètre olympique de Sotchi. Et les mesures de sécurité ont été renforcées. Des 40 000 soldats et policiers annoncés initialement, ils seraient 60 000 aujourd’hui, à battre le pavé devant les sites olympiques, les check-points, les intersections et autres commerces. Mais selon les Américains, ce seraient en définitive « 100 000 militaires et agents spéciaux (qui) se trouvent actuellement à Sotchi ». Pour aider les Russes, le Pentagone a même déployé des moyens aériens et navals, comprenant notamment deux navires en mer Noire. Un déploiement humain colossal et sans précédent dans l’histoire des Jeux.

Corruption à tous les étages

Un aéroport flambant neuf, deux gares, trois villages olympiques, 11 sites créés de toutes pièces, 200 km de voies ferrées, 400 km de réseaux routiers, 77 ponts, 12 tunnels. Et une ardoise record estimée à environ 37 milliards d’euros. A titre de comparaison, les derniers JO d’hiver organisés à Vancouver n’avaient coûté « que » 1,5 milliard d’euros… Pour offrir les Jeux Olympiques à la Russie, ou plus exactement pour s’offrir « ses » JO, Vladimir Poutine n’a pas lésiné sur les moyens. Et fait exploser l’addition, à coup de contrats passés sans appels d’offres, marchés opaques, détournements de fonds et probablement, enrichissement personnel. Officiellement, le budget de ces Jeux serait neuf fois moindre. Mais personne n’est dupe. Amis d’enfance, garde rapprochée, membres de la famille de Poutine ou de ses apparatchiks : tout le monde s’est gavé sur le dos de la bête. Sans parler des règles élémentaires en matière de préservation de l’environnement qui ont été allègrement piétinées…

Une ambiance pesante

Vladimir Poutine a beau avoir lâché du lest et assuré que les gays « se sentiront bien » à Sotchi, la promulgation en juin dernier d’une loi russe anti-homosexuelle a plombé l’ambiance. Une intolérance qui passe d’autant plus mal qu’elle s’oppose frontalement à l’esprit de la charte olympique. Du coup, le président russe a cédé aux pressions du CIO et a arrondi les angles en autorisant les protestations… dans une zone spéciale située loin du parc olympique. Donc des regards. Mais au-delà de ce cas particulier, c’est la multiplication des atteintes aux droits de l’homme en Russie qui est pointée du doigt. Depuis le retour de Poutine à la présidence en 2012, on observe une remontée en flèche des arrestations d’opposants au régime, d’incarcérations, de passages à tabac, de blocages de sites internet et autres formes de censure, de pénalisation de la diffamation ou encore de l’expression d’opinions séparatistes. Comme à la grande époque de l’Union Soviétique…

G.Mathieu à Sotchi