Mondiaux – Lamy-Chappuis : « Je suis un outsider »

Jason Lamy-Chappuis - -
Jason, comment abordez-vous ces Mondiaux de Val Di Fiemme ?
Je ne pense pas être l’ultra-favori après mes résultats de janvier. Avec notre stage de préparation, je monte en puissance et je me sens mieux sur le tremplin. Cette année, j’ai de bonnes capacités en ski de fond. Si l’arrivée est en groupe, je peux espérer de belles choses avec mes capacités de finisseur. L’objectif est quand même de revenir avec deux médailles mondiales : une sur une épreuve individuelle et une sur une épreuve par équipes.
Avez-vous encore faim ?
Oui, bien sûr. J’ai encore faim de sensations. Les grandes compétitions comme les Championnats du monde et les Jeux Olympiques procurent beaucoup d’émotion. Les courses d’un jour me plaisent beaucoup. J’ai encore envie de faire de belles choses. J’ai déjà goûté à l’or à Oslo. C’est une médaille mythique. Ça donne envie d’en avoir encore.
Que représentent les Mondiaux pour un combiné ?
C’est l’objectif de l’année. On l’a fixé en début de saison. Maintenant, on sent que ça arrive. La pression monte petit à petit. Il y a quelques picotements dans le ventre mais j’aime ça. On voit que les nations sont vraiment concentrées. On parle beaucoup entre les sauts à l’entraînement. On sent que c’est le grand évènement.
Comment analysez-vous votre début de saison ?
J’ai fait un beau début de saison, avec l’enchaînement de plusieurs podiums. Puis, j’ai eu une petite fatigue mi-janvier. J’ai eu du mal à enchaîner les week-ends. Je pense que tout est rentré dans l’ordre. Tous les compteurs sont remis à zéro. Je pense qu’il est mieux d’être dans la peau d’un outsider.
Vous abordez ces Mondiaux sans le maillot jaune de leader de la Coupe du monde…
Ça fait bizarre de ne pas avoir le maillot jaune. Ça faisait un petit moment que je ne le portais pas. La pression est maintenant sur les épaules de l’Allemand Eric Frenzel. Ça fait surtout bizarre de ne pas sauter en dernier car le leader de la Coupe du monde part en dernier sur le tremplin. C’est étrange mais ça m’enlève un peu de pression.
« On a envie d’une médaille en équipe »
La première épreuve d’un championnat du monde est-elle particulière ?
La première course des Mondiaux est toujours un peu délicate car on a la pression. Une fois que la compétition est lancée, on est vraiment dans le coup. Mais sur la première épreuve, la pression est à son maximum. J’ai des bonnes chances de médaille. Je ne suis pas le meilleur sauteur des entraînements. Il va falloir que je grappille deux ou trois mètres sur le tremplin le jour de la compétition. L’avantage de vendredi, c’est que le tremplin ne crée pas beaucoup d’écarts. Il y aura donc un gros groupe après l’épreuve de saut. Je pense que la victoire se jouera au sprint.
Vous avez également une belle chance de médaille sur l’épreuve par équipes…
On parle beaucoup de cette médaille entre nous. Ça fait trois années qu’on la rate en terminant 4e. Cette année, on la veut vraiment. On a une équipe homogène et on arrive à maturité. On l’a prouvé récemment à Sotchi, où on a terminé 2e. Une médaille en individuel, c’est gratifiant. Mais on s’entraîne tous ensemble. On passe presque 200 jours ensemble sur une saison. On a envie de goûter à cette médaille ensemble. Ça récompenserait encore plus tout le travail du staff et des techniciens. J’ai aussi envie qu’on reconnaisse les autres Français à leur juste valeur. Ils ne le disent peut-être pas, mais je pense qu’ils souffrent un peu d’être dans l’ombre. J’ai envie de montrer que les autres sont là.
Allez-vous vous inspirer de la belle réussite de Martin Fourcade aux Mondiaux de biathlon et des skieurs alpins à Schladming ?
J’ai bien regardé les Mondiaux des biathlètes et des skieurs alpins. En voyant toutes ces réussites françaises, ça m’a bien donné envie. Ce qu’on a vu en ski alpin est assez intéressant car les médailles attendues ont été plus difficiles à avoir que les médailles des « outsiders ». Je vais aborder mes Mondiaux dans cet état d’esprit : en me lâchant, en faisant parler mes émotions et ne pas être dans le contrôle.
Cette compétition est également la dernière grande échéance avant les Jeux Olympiques…
Cette année est une grande répétition générale par rapport aux Jeux Olympiques de l’année prochaine, car ça se passera à peu près aux mêmes dates. Si ça se passe bien cette année, on va essayer de calquer notre préparation pour les JO.
A Sotchi, vous remettrez également votre titre en jeu…
Non. Un titre olympique est acquis pour la vie. Tout ce qui est pris n’est plus à prendre. L’année prochaine, je ne remets pas mon titre en jeu (rires).