Révolution au Québec: les fans désormais autorisés à crier "go" plutôt que "allez" durant les compétitions sportives

Les supporters de l'équipe de hockey de Montréal le 7 juin 2021 - Jean-Yves Ahern/Icon Sport
À peine éliminé de la Coupe du monde des clubs, Lionel Messi est déjà sur le pont en MLS. La star argentine et son équipe de l’Inter Miami sont arrivés vendredi dans la province de Québec, à la veille du match face au CF Montréal. Les fans qui attendent avec impatience de voir le champion du monde à l’œuvre pourront hurler "go Messi" à la place d'"allez Messi" sans aucune crainte. L’usage du mot "go" est en effet désormais accepté dans une Province où on ne plaisante pas avec la défense de la langue française.
Dans une nouvelle directive publiée dans son dictionnaire en ligne, l’Office québécois de la langue française (OQLF) indique que le terme "allez" reste privilégié pour encourager une équipe. Mais aussi que l’utilisation du mot "go" est désormais "partiellement légitimée." Comment expliquer cette mini-révolution ?
"Un québécisme et on en est fiers"
Tout part d’une improbable polémique autour d’un match de hockey sur glace de l’équipe canadienne de Montréal il y a un an. À cette occasion, la société de transport de Montréal (STM) décide d’afficher "Go Habs Go!" sur les 1000 bus de la ville ("habs", diminutif "d’habitants", est le surnom donné aux Canadiens de Montréal). Une initiative qui provoque un tollé et quelques plaintes. Tenue de respecter la charte de la langue française, la STM se plie au règlement et change "Go Habs Go !" par "Allez Canadien Allez !"
Mais la polémique enfle. "'Go Habs Go !' est une expression de notre ADN, notre identité", se fâche sur X le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge. "C’est une expression rassembleuse, ancrée dans notre histoire, qui s’inscrit dans notre spécificité culturelle et historique, elle est utilisée depuis des décennies. C’est un québécisme et on en est fiers", conclut-il précisant que toute nouvelle plainte au sujet du slogan en anglais serait dorénavant rejetée.
Dans ce contexte tendu, l’OQLF a donc décidé d’assouplir sa ligne. "L’Office a dû répondre à une commande politique", observe auprès de La Presse Benoît Melançon, professeur émérite de littérature française à l’Université de Montréal. "Le ministre a dit: 'Vous allez accepter cela', alors l’Office a dû trouver une façon d’accepter cela."