La face de Bellevarde, "une piste brutale": les confidences d'Ingrid Jacquemod à une semaine du Critérium de la première neige

Ingrid, nous sommes à une semaine du Critérium, quel est l’état de la piste?
On a passé notre contrôle neige officiel. Depuis deux jours il y a un très très beau travail de fait en tout cas sur toute la production de neige. On a d’excellentes conditions donc on est très confiant. C’était important d’avoir les épaisseurs de neige sur toute la largeur de la piste de la course. Quand on effectue le contrôle neige, on se focalise beaucoup sur la qualité de la neige. Elle va déterminer la base que l’on aura sur notre piste, et quand il y a des conditions difficiles de météo où il faut évacuer de la neige, plus on a une bonne base plus on s’assure de garder le standard de piste qu’on nous demande. C’est important qu’on travaille encore des parties de piste. Enfin pas toutes parce qu’il y a les deux tiers qui sont déjà excellents. Tout le haut du départ du géant est encore à travailler. On va remuer la neige avec les machines, essayer d’humidifier à certains endroits et avoir avec le froid une structure glacée plus dure, plus compacte. Et refermer tout cela avant les chutes de neige ce weekend. Ensuite, la semaine prochaine, ça sera le peaufinage.
Cela fait déjà plusieurs années que vous êtes à la tête du Critérium, il y a toujours cette même pression à l’approche de l’évènement?
Cela fait six ans que je suis à la tête de toute cette organisation. Il y a toujours cette envie et cette motivation. Après, la pression est toujours présente. On est dépendant des conditions extérieures, notamment la météo. On n’a jamais eu d’étapes faciles à passer. Cette année, on a mis toute notre énergie pour s’assurer au mieux qu’on ait cette base et en l’ayant on s’assure de livrer nos épreuves dans toutes les conditions, que ce soit neigeuses ou avec de la pluie comme l’an dernier. C’est un challenge chaque année. En fait, c'est une remise en question à chaque fois. Les conditions évoluent. Ce n’est pas un modèle que l’on reproduit d’une année sur l’autre. C’est ce qui est intéressant aussi. Il faut savoir s’adapter, innover, faut savoir aussi compter sur l’expérience et le savoir-faire des équipes. C’est un mélange astucieux et j’espère qu’on livrera de magnifiques courses le weekend prochain.
Les slalomeurs ont pu effectuer un premier entraînement sur une partie de la piste. Quels ont été leurs retours?
Je n’ai pas vu les coureurs, mais j’ai vu les entraîneurs qui étaient très contents et satisfaits de la qualité de neige et de l’entraînement. Pour eux, c’est important pour apprendre toutes ces petites choses avant une course, ça met en confiance. Nous, on est là pour participer à leur réussite. Et pour nous, c’est important d’avoir leur retour. Ça nous donne des informations sur la qualité du manteau neigeux. Ça faisait deux ans que l’on ne pouvait pas accueillir l’équipe de France avant que le délai légal soit accordé pour s’entraîner sur la piste de course. Alors que là, c’était dans notre calendrier. C’est très important d’être prêts pour eux. Déjà parce que c’est normal et c’est important qu’on puisse accueillir les Français à domicile. Il faut qu’on leur donne cet avantage. Et nous, ça nous rythme notre préparation. On sait qu’à tel moment on doit préparer une partie de la piste et si on doit peaufiner ou changer des choses.
Avec les résultats des Français en slalom en ce début de saison, que ce soit Clément Noël avec ses deux victoires, ou encore Steven Amiez, cela peut avoir un bel impact pour le critérium?
C’est une émulation qui va servir tout le sport. Que ce soit nous en tant qu’organisateurs, eux les équipes de France de ski, c’est une excellente énergie. On sent qu’il y a eu un gros engouement après le début de saison de Clément Noël. En plus, il est licencié au club des sports de val d’Isère, il représente la station. Des gens sont hyper impatients de vivre ça. Et nous, on ne peut que profiter de cette émulation et se dire que ça sera un spectacle encore plus excellent pour tout le public qui va venir partager ces moments-là. On attend 12.000 spectateurs. En général ce sont les gens qu’on accueille ici entre les très passionnés de ski, les connaisseurs, et puis ceux qui sont là en vacances. On leur fait connaître ce qu’est une compétition de ski alpin.
Parlez-nous de cette face de Bellevarde. En quoi cette piste est si particulière ?
C’est une piste brutale. C’est le mot que l’on utilise. La face, c’est de la pente constamment. Il y a des maximums de pente à 70%. Il faut se rendre compte qu’en fait, c’est comme si on était aspiré vers le bas tout le temps, il n’y a aucun moment de répit. La neige ce n’est pas celle que l’on a l’habitude de skier, c’est de la glace. Alors quand les coureurs s’engagent là-dedans avec l’intensité qu’ils ont et sur ce revêtement de neige, tous les effets sont accentués. On se retrouve pour eux dans un combat, après c’est stratégique aussi. Il y a des endroits qui doivent être skiés peut-être plus intelligemment que d’autres. Elle est vraiment atypique et "challenging".
Avec votre regard d’ancienne skieuse de haut niveau, est-ce le genre de piste pour nos Français?
Quand je les vois skier comme ils skient à Levi ou Gurgl, pour moi ici, c'est un profil qui leur correspond. C’est tout le malheur qu’on leur souhaite. Et en tout cas j’espère qu’ils feront de belles courses.