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Pinturault: "J'ai presque découvert à quel point le mental est capable de faire la différence dans le sport"

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Au bout d’un hiver éreintant notamment marqué par une quinzaine olympique sans médaille, Alexis Pinturault s’aligne ce weekend pour un slalom géant (samedi) et un slalom (dimanche) à Méribel en Savoie, ses deux dernières courses de la saison. Et pour la première fois depuis 2010-2011, il pourrait terminer la Coupe du Monde, sans avoir gagné une seule course. Cette potentielle fin de série touche forcément un peu son orgueil de champion. 

Alexis Pinturault, quels seront vos objectifs pour cet ultime weekend de la saison? 

On arrive sur Méribel, une piste qu’on n'a pas skiée depuis longtemps. Le but pour moi sera de donner le meilleur de moi-même sans trop me fier à ce que j’ai pu faire tout au long de ma saison. Elle a été difficile et compliquée mais l’objectif c’est plutôt de construire pour l’année prochaine en essayant des choses en course et en me basant par exemple sur ma bonne première manche à Kranjska-Gora la semaine dernière en géant.  

Deux podiums, mais pas une seule victoire. Si l’on en reste là, ce sera la première fois que vous passez un hiver sans lever les bras depuis 11 ans… 

Je ne me suis pas trop focalisé là-dessus. C’est une longue série qui s’arrête. Ça fait beaucoup 10 ans consécutifs avec au moins une victoire mais je sais les problèmes que j’ai eu cette année. Aujourd’hui je sais que je n’ai pas les armes mais je reste plutôt confiant sur mes capacités et je sais ce dont j’ai besoin. De finir en France ça aide beaucoup. Après les JO ça a été bien plus dur car les choses n’allaient pas comme je le voulais. Mais après, il y’a eu une forme d’acceptation de la situation.  

Votre 34e et dernière victoire en Coupe du monde, c’était il y a quasiment un an jour pour jour à Lenzerheide, ça vous manque de ne pas lever les bras? 

Quand on est un athlète qui joue toujours le podium ou la gagne, oui ça manque. Après on serre les dents, je fais le dos rond mais mon but c’est de me retrouver au meilleur niveau le plus vite possible. Cette année ça risque d’être difficile, mais la perspective c’est de redevenir performant l’an prochain. 

Quelle part attribuez-vous à la question mentale dans cette saison un peu ratée? 

Cette année j’ai presque découvert à quel point le mental est capable de faire une différence qui est énorme dans le sport. 70% de ma performance, c’est lié aux problèmes psychologiques ou à la question mentale. Sur le sportif, tout n’est pas parfait mais je me sens plutôt bien, plutôt au niveau. Mais la tête par contre a plus de mal. Elle est fatiguée. J’ai du mal à avoir du tonus, à être présent, à avoir la niaque et être déterminé. Pourtant c’est ce qui fait la différence dans le sport de haut niveau. Ce n’est pas de la déprime, mais de la fatigue psychologique, comme n’importe qui peut en ressentir en ressortant lessivé d’un période. 

La quête du Gros Globe en 2021 vous a usé? 

Personne, et moi le premier n’a estimé le temps dont j’avais besoin l’an passé après le gain du gros globe pour récupérer. Et ça nécessitait bien plus que ce que j’ai pris. Donc cette année ce sera très important que je prenne le temps dont j’ai besoin pour me reposer et c’est uniquement quand je retrouverai cette niaque et cette envie d’y retourner avec détermination que je reprendrai l’entraînement et ensuite l’entraînement sur les skis. 

Arnaud Souque