Rolland : « Un peu difficile pour moi »

Marion Rolland - -
Marion Rolland, quand on est athlète de haut niveau, on a l'habitude de la blessure. Mais il y a des années où l'on aimerait franchement l'éviter.
Exactement. C’est la troisième fois que je me casse le genou. Donc je sais par où je vais passer. Malheureusement, c’est vrai que j’ai l’habitude. D’ailleurs, en ski alpin, je pense que tous les sportifs ont un peu l’habitude de la blessure. Ça fait partie des risques du métier. Cette année, c’est bien rageant parce que c’est une année olympique, parce que je suis championne du monde en titre (de descente, ndlr) et que j’avais de gros objectifs pour cet hiver. Je suis un peu frustrée et fauchée dans mon élan.
Un doublé championnat du monde-JO devait vous trotter dans la tête.
J’arrive sur la fin de ma carrière mais avec un bon niveau technique, avec beaucoup de confiance dans mon ski et de gros progrès. Mon titre de championne du monde (à Schladming, ndlr) a prouvé que tout ce travail avait finalement payé. Sans vouloir me passer une médaille autour du cou, je faisais partie, je pense, des bonnes chances de médaille. En tout cas, c’est ce que j’allais chercher sur les pistes de Sotchi.
La saison de vitesse a repris ce week-end à Beaver Creek. Cela doit vous faire bizarre de vivre ça en tant que spectatrice.
C’est la première fois qu’il m’arrive une grosse blessure comme ça avant la saison. C’est le premier hiver que je vais passer sans compétition. Le début de l’hiver, avec les courses de Sölden et Levi, je l’ai bien vaincu parce que ce ne sont pas mes disciplines. Lors de ce week-end de vitesse, c’était un peu difficile pour moi de voir les copines, de voir cette nouvelle piste sans y participer. Les USA, c’est toujours un pays sympa en début de saison.
Le grand cirque blanc ne vous oublie pas. Lara Gut vous a notamment adressé son soutien. Recevez-vous beaucoup de messages du reste du circuit ?
J’ai eu plein de messages des fans, plein de messages des filles françaises et des étrangères aussi. On tourne tout l’hiver ensemble. On se retrouve pas mal sur des glaciers ou lors des stages d’été. On se connait toutes très bien et même s’il y a plus ou moins des affinités, on s’aime bien.
« Lizeroux m'a fait pleurer »
Vous aviez un statut de leader au sein de l'équipe de vitesse. Votre absence doit laisser orpheline les autres filles, y compris Marie Marchand-Arvier, qui a un peu un rôle de co-leader.
Un modèle, je ne sais pas si je l’étais. En tout cas, c’est sûr que j’étais une référence. Marie et moi, on a fait la Coupe d’Europe ensemble et ensuite la Coupe du monde. On se connait depuis de nombreuses années. On a évolué et progressé ensemble. On avait un statut de modèles et on se tirait la bourre l’une et l’autre. En même temps, on tirait avec nous les petites jeunes. Cela doit être assez dur pour Marie de ne plus avoir ce côté référent même si Carolina Ruiz (Castillo, ndlr) s’entraîne avec nous et qu’elle a remporté une Coupe du monde l’année dernière (la descente de Méribel, ndlr). Quand un leader d’un groupe se blesse, il faut que le groupe arrive à rebondir et se trouve un nouvel élan.
Quel regard portez-vous sur les deux courses de Marie Marchand-Arvier cette saison (14e en descente et 39e au super-G de Beaver Creek ) ?
C’est dur de juger sur deux courses comme ça. Les championnats du monde, je pense, lui ont laissé un petit goût amer et c’est quelqu’un d’hyper revanchard, qui a vraiment envie de décrocher une médaille sur un gros rendez-vous. Elle l’a déjà fait en 2009 à Val d’Isère, en super-G. Même si elle ne l’a pas fait ces dernières années, elle a encore plus la rage d’y arriver.
Lorsqu'on est blessé gravement, comme vous, on doit se demander si on peut arriver à retrouver son vrai niveau. Doutez-vous de votre retour ?
C’est un peu la question. Johan Clarey réalise hier (samedi, ndlr) une course géniale. Il termine cinquième, c’est un super retour. Il n’avait pas l’air très content à l’issue de sa course, pourtant il peut largement l’être. L’année dernière, il tombe à Kitzbühel, ensuite il se fait mal devant chez lui. Il est obligé de se faire opérer du dos. Il a eu super peur parce que c’était quelque chose de grave. Cela a été très, très dur pour lui de ne pas aller aux championnats du monde. Il a vraiment douté. Ce sont des modèles, comme Julien Lizeroux, qui revient et qui m’a fait pleurer devant ma télé. C’était génial.
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