Ski: Le retour à la compétition de Marcel Hirscher (et surtout son dossard) fait grincer des dents

Le roi est de retour. Cinq ans après avoir pris sa retraite à seulement 30 ans, l’Autrichien Marcel Hirscher va retrouver la piste lors du slalom géant de Sölden… sous les couleurs des Pays-Bas, le pays de sa mère. S’il s’élance - sa participation est encore incertaine en raison de doutes sur son état de forme - l’octuple vainqueur du gros Globe de cristal (remis au vainqueur du championnat général de toutes les disciplines) bénéficiera d’un ordre de départ tout à fait honorable. La Fédération internationale de ski (FIS) a en effet changé son règlement cet été en ajoutant une mention "wild-card" dans l’article 3.2.1.
Un règlement beaucoup plus dur pour les blessés de longue date
Il accorde ainsi une invitation "course par course" aux athlètes ayant gagné un gros globe ou un petit globe ("sous réserve d'un minimum de cinq victoires en Coupe du Monde), une médaille d'or olympique ou une médaille d'or aux championnats du monde. Le bénéficiaire doit être retiré du circuit depuis au moins deux ans pour en bénéficier. Il obtient ainsi le droit de partir en 31e position - soit juste après le Top 30 mondial. Un ordre de départ très correct quand celui-ci est normalement établi sur la position au classement mondial… où Hirscher - double champion olympique et vainqueur de 67 étapes de Coupe du monde - figure très loin après cinq ans d’inactivité. Le règlement précise que les skieurs comptant 500 points au classement FIS ont la priorité sur les bénéficiaires d’une wild-card.
Cette règle, qui semble spécialement conçue pour favoriser Hirscher, a été accueillie de différentes manières. Certains skieurs la trouvent normale pour celui qui est souvent considéré comme le plus grand skieur de l’histoire. Mais elle fait aussi grincer des dents. D’autant que le règlement est plus ingrat avec les blessés de longue date, protégés seulement quelques courses pour leur retour après une longue absence. Ce sera le cas pour le Français Alexis Pinturault, blessé en janvier dernier.
"Ce qui me dérange c'est que la FIS est capable de modifier un règlement pour faciliter le retour de Marcel Hirscher - ce qui est très bien pour le ski - mais d'un autre côté on a toujours ce statut blessé qui est un peu flou qui n'est pas très juste pour les athlètes concernés", analyse Jean-Baptiste Grange, double champion du monde de slalom (2011, 2015). "Je l'ai vécu à de nombreuses reprises, tu perds des places, tu n'es protégé que très peu de courses."
Vers un retour de Lindsey Vonn?
"L'exemple criant c'est Victor Muffat-Jeandet qui se blesse deux fois et qui se retrouve à partir 70e mondial", poursuit-il. "Il a fait ce qu'il fallait pour se remettre dans le droit chemin, gagner des dossards, mais il a fallu qu'il aille faire des FIS, qu'il court après toutes les courses de fin de saison tout seul. Sa carrière était presque foutue. D'un côté on va modifier un règlement pour le retour de Marcel mais d'un autre côté ils ne prennent pas le temps de regarder ce statut blessé qui n'est pas toujours très juste. L'injustice pour moi est plus là."
"La FIS souligne toujours que le fair-play doit être au centre de chaque règle. Mais pour Marcel Hirscher, on ajoute une règle qui n'est définitivement pas équitable", a récemment pesté le Suisse Justin Murisier à Blick.
Pour Jean-Baptiste Grange, cette règle a bien a été introduite pour Hirscher mais pourrait aussi ouvrir la porte à d’autres stars retraitées des pistes comme Lindsey Vonn, également absente depuis 2019. "On entend justement des rumeurs concernant un retour de Lindsey Vonn", faut remarquer Grange. "Je sais pas si c'est vraiment cette règle qui peut donner des idées ou simplement que certains le fassent et du coup d'autres se disent pourquoi pas moi aussi. Peut-être c'est ce qu'il se passe avec Lindsey Vonn. C'est vraiment propre à chacun. Marcel disait que le ski de compétition lui manquait au-delà du résultat pur. Il n’est pas vieux, il a 35 ans, beaucoup courent encore à cet âge-là. Son objectif n'est pas de regagner un gros globe, c'est de revenir à la compétition, retrouver toute cette ambiance-là, l'adrénaline, cette vie."