Worley, des larmes au rire

Tessa Worley - -
Un restaurant d’altitude, à Garmisch-Partenkirchen. Deux heures pour ressasser, évacuer et y retourner. Au menu, des larmes, du découragement et un espoir fou. Tessa Worley venait de signer le 19e temps de la première manche du slalom géant ce jeudi midi quand elle a rejoint, avec son équipe, le quartier général improvisé. La déprime guettait.
« Tessa n’était pas bien, explique l’entraîneur du groupe technique, Anthony Séchaud. Il y a eu beaucoup de pleurs, beaucoup de déception, beaucoup de tristesse. On s’est même dit que c’était quasiment plié. Finalement, il y a eu une petite flamme qui s’est rallumée avant de repartir. Quand on est parti du resto là-haut pour se mettre en place, on s’est dit ‘‘allez, on la joue’’. »
La leader de la Coupe du monde de la spécialité a alors changé de peau. L’énorme déception, après ses trois victoires en cinq courses cet hiver, s’est peu à peu transformée en douce revanche. Car parmi les 18 concurrentes qui avaient fait mieux qu’elle en première manche, 16 ne lui ont pas résisté. Seules la Slovène Tina Maze et l’Italienne Federica Brignone ont pu conserver leur avance sur Tessa Worley.
Son entraîneur : « Revenir d’aussi loin, c’est assez énorme »
Meilleur temps de la seconde manche, elle a décroché une médaille de bronze inespérée après le premier tracé. « Ce n’était pas une journée facile, reconnait la skieuse du Grand-Bornand, âgée de 21 ans. Je pense que ça fait du bien des fois de lâcher deux ou trois larmes. Je suis très, très contente qu’il y ait une médaille au bout. C’est juste magique. » Son come-back a surpris. Et pas seulement ses adversaires.
« C’est exceptionnel d’avoir pu réagir, rebondir comme ça », se félicite Anémone Marmottan, 14e. « C’est quelque chose d’incroyable, renchérit Anthony Séchaud. C’est une grande championne. Elle n’est pas championne du monde, mais elle en a eu le cœur, le courage et le style. Elle m’a impressionné. Je ne pensais pas qu’elle avait ses ressources-là. Je l’ai déjà vue dans des situations difficiles. Mais là, revenir d’aussi loin, c’est assez énorme. » Et une très belle preuve de caractère.