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Vaultier, l’or sur une jambe !

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Victime d’une rupture partielle du ligament du genou il y a moins de deux mois, Pierre Vaultier a décroché l’or olympique, ce mardi, en snowboardcross. Un véritable exploit pour ce champion à la volonté de fer.

Il avait déjà la médaille du courage autour du cou. Cette fois-ci, le virtuel a laissé place à ce qui se fait de mieux, de plus glorieux et de bien plus clinquant encore. Champion olympique sur une jambe, oui, c’est quasiment cela qu’a réalisé le Français Pierre Vaultier, revenu de nulle part. Et qui ne doit ce titre olympique de snowboardcross qu’à un courage et une détermination qui n’ont eu d’égales que sa domination et sa facilité dans cette finale olympique.

Pierre Vaultier, c’est assurément LA grande et belle histoire française de ces Jeux Olympiques de Sotchi. Avouons-le, il y a moins de deux mois, personne n’aura misé un rouble sur lui. Pas même le principal intéressé, au fond du trou après une rupture partielle du ligament croisé antérieur du genou droit occasionnée lors d’une étape du monde à Lake Louise. Nous sommes le 21 décembre. Doux euphémisme, les JO sont plus que compromis. Mais une lueur d’espoir subsiste pour le triple vainqueur de la Coupe du monde (2008, 2010, 2012). Sa blessure est grave, mais ne nécessite pas d’opération impérative chirurgicale. Les JO sont son obsession. Le natif de Briançon, basé à Serre-Chevalier, prend le pari fou voire insensé de relever le défi.

« Un champion hallucinant »

« Sa chance, ça a été que cette rupture n’était que partielle, témoigne le professeur Bertrand Sonnery-Cottet, qui l’a opéré en avril 2012 d’une « épouvantable » fracture de la cheville qui, déjà, semblait compromettre l'avenir sportif du snowboardeur français. S’il faisait le choix de l’opération, c’était pas de JO et fin de carrière assurée. Il a donc travaillé dur en rééducation et a repris le ski de manière miraculeuse. Il n’a jamais accepté la blessure. C’est un champion hallucinant, doté d’une volonté et d’un courage incroyable. »

A 26 ans, Pierre Vaultier s’engage alors dans un contre-la-montre axé sur des soins et une rééducation intensive. En solo, du côté de Hauteville-Lompnes. De quoi se forger un mental de tueur. Et ce n’est que le… 12 février dernier (il y a tout juste une semaine !) qu’il remonte sur son snow du côté de Val Thorens. Avec quasiment une jambe en moins.

« Si mon genou ne lâche pas, je lui fais confiance... »

« Concrètement j’ai quelques mouvement comme des amortis très secs, toniques qui me feront mal car j’ai un petit manque de flexion, explique alors Vaultier, qui suit par ailleurs une licence de géographie à Grenoble et qui est sous contrat avec l'Armée de terre. Il faudra aussi gérer la fatigue car j’ai un grand manque de masse musculaire et de puissance musculaire, qui au fur et à mesure des runs pourraient me faire défaut. Aller à la bagarre, c’est là-dedans que cela se passe, donc moi je fais confiance à ma sensation. Si mon genou ne lâche pas, je lui fais confiance. C’est une sorte d’aller-retour, de donnant-donnant. Pour le moment je n’ai eu aucun écueil physique à ce niveau-là. » La slalomeuse tchèque Zuzulova avait tenté le même pari en novembre dernier. Son ligament a lâché...

La suite, on la connait. Une parcours presque parfait des huitièmes aux demies, ponctué d’une finale dominée de la tête et des épaules. Chapeau bas et respect éternel. Un exemple à méditer.

Le titre de l'encadré ici

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Le « fighting spirit » à la française

Tessa Worley a été la première à réagir via Twitter. Opérée en début d’année d’une rupture des croisés, la Française a savouré la perf de Vaultier, qui lui a forcément mis du baume au cœur. Mais ce mardi, tout le monde s’incline devant ce mental de champion hors-norme. A commencer par le DTN, Pierre Saguez : « Il a travaillé d’arrache-pied, il est allé au bout de lui-même. Il a fait preuve d’une volonté de fer. Quel fighting spirit ! » Pour Nicolas Conte, le chef de groupe des Bleus, le Français va « devenir une icône du sport ».

G.Mathieu (avec EJ) à Sotchi