Boxe: "On n’avait pas les garanties pour être payés", Mbilli explique pourquoi il a refusé d’affronter Lele Sadjo en mai à Paris

Le choc franco-français attendu par le monde du noble art n’aura finalement pas lieu. Pas tout de suite, en tout cas. Alors qu’il devait se tenir à l’Accor Arena de Paris-Bercy le 8 mai prochain, le combat au sommet entre Christian Mbilli et Kevin Lele Sadjo a été annulé. Cette demi-finale IBF entre les deux boxeurs français natifs du Cameroun est tombée à l’eau pour une histoire d’argent, alors qu’une bourse globale de 800.000 euros avait été négociée. Yohan Zaoui, le promoteur français de Kevin Lele Sadjo, a remporté aux enchères l’organisation de l’événement, via sa société Y12 Boxing. Mais Christian Mbilli et son promoteur canadien Camille Estephan n’ont pas voulu signer le contrat qui leur a été transmis. Alors que les deux camps se rejettent la faute, Christian Mbilli est venu donner sa version dans le Super Moscato Show, ce lundi sur RMC.
"Après l’annonce du combat, on a eu plus de trois semaines pour se mettre d’accord et comme on n’a pas trouvé d’accord, on a été aux enchères (…) Là, on s’est rendu compte que son prometteur n’avait pas les moyens de financer ce combat. On a essayé de trouver un diffuseur mais aucun n’était prêt à mettre les moyens. Le seul qui était prêt à investir, sans que ce soit suffisant, c’était DAZN, avec près de 300.000 euros. Dans ce genre de combat, le diffuseur doit au minimum garantir la bourse des deux boxeurs. On n’avait pas ça comme garantie. Et on n’a compris que son promoteur comptait sur la vente des billets pour pouvoir payer les boxeurs", explique le fighter de 29 ans, qui vit et s’entraîne au Canada.
"On a fait le maximum pour faire ce combat"
"Une heure après les enchères, j’ai reçu beaucoup de messages me disant: ‘Méfie-toi, ce promoteur doit de l’argent à beaucoup de personnes’", a poursuivi celui qui est invaincu depuis ses débuts professionnels (28 victoires, dont 23 par KO). "On a demandé des garanties sur le fait d’être payés. On voulait que ce soit écrit dans une clause. On a demandé à ce que ça fasse comme au Québec, où les boxeurs sont protégés. Ici, il faut que le promoteur verse cinq jours avant le combat la totalité des bourses prévues sur un compte bloqué, pour être sûrs que les boxeurs vont être payés. C’est ce qu’on demandait. Mais eux voulaient qu’on signe sans garantie."
Christian Mbilli, qui rêve d’un combat pour le titre face au Mexicain Canelo Alvarez, assure s’être démené pour tenter de trouver une solution avec l’équipe de Kevin Lele Sadjo. Sans succès. "Nous, on a fait le maximum pour faire ce combat. Mais on a compris qu’en France, on n’avait pas les garanties pour être payés. Et mon équipe a pour devoir de garantir ma bourse. On a proposé de le faire au Québec. On a ESPN qui garantit la bourse des deux combattants. On est prêts à bonifier la bourse de plus de 100.000 dollars (95.500 euros), on est ouvert à la négociation. Le promoteur était censé nous rappeler mais on n’a jamais eu de coup de fil. Les seules nouvelles qu’on a eues, c’est un mail de leur avocat nous demandant de signer le contrat sans la clause qu’on demandait. On se disait: ‘Mais il se fout de notre gueule? Ce n’est pas possible’."
"Kevin et moi, c’est un combat dont on rêvait"
Après l’échec des négociations, Christian Mbilli se retrouvera-t-il un jour dans un ring face au boxeur de Créteil, surnommé The Punisher? Difficile à dire aujourd’hui: "Je me sens un peu mal dans cette situation parce que c’est moi qui ai mis la pression à mon équipe pour faire ce combat. Kevin et moi, c’est un combat dont on rêvait depuis longtemps. On s’était dit que quand on fera ce combat, il y aura les moyens nécessaires pour qu’on soit payés à notre juste valeur… (…) Ça fait des années que je parle de ce combat à mon équipe. Ça fait des années que je dis qu’il faudrait qu’on le fasse, que c’est un combat très important pour relancer la boxe en France."
Certains de ses détracteurs suggèrent que Christian Mbilli a trouvé une excuse pour refuser de combattre en France car il préfère rester dans sa zone de confort au Canada. "Bien sûr que non", répond-il. "Moi, je suis à la maison, que ce soit au Canada ou en France. Le problème, c’est qu’on ne veut pas boxer gratuitement. Vu les messages qu’on a reçus et la réputation qu’a le promoteur, on ne va pas prendre le risque de boxer et de mettre notre santé en jeu pour courir après un promoteur qui ne veut pas nous payer, parce que c’est sûr qu’il n’a pas les moyens."
"On n’a peur de personne"
Alors qu’il n’a plus combattu depuis août dernier et sa victoire par décision unanime face à l’Ukrainien Sergiy Derevyanchenko, Christian Mbilli assure ne pas craindre Kevin Lele Sadjo, de cinq ans son aîné: "Des gens disent que j’ai peur de Kevin, mais il ne faut pas marcher sur la tête, on est des boxeurs, on n’a peur de personne. Kevin et moi, on se connaît depuis des années. Ce combat, on va le faire avec plaisir, mais on ne va pas être pris pour les dindons de la farce." Lele Sadjo aura l’occasion de livrer à son tour sa version de l’histoire dans le Super Moscato Show, ce jeudi à partir de 15h sur RMC.