Boxe: "Une chance mondiale d’ici deux ou trois ans", Oumiha ambitieux avant ses débuts chez les pros

Sofiane Oumiha, pourquoi lancer maintenant votre carrière chez les professionnels?
Je le fais maintenant parce que c’était dans la continuité de mes objectifs et de ce que j’ai pu accomplir en équipe de France. C’est dans la continuité et cela faisait un moment que j’y pensais et que je voulais passer pro. A chaque fois, malheureusement, l’échéance était retardée. Là il est temps et encore une fois, je n’oublie pas non plus l’objectif de Paris 2024.
Votre ambition est donc bien de cumuler boxe professionnelle et boxe olympique...
Je vais essayer. Tout du mois je vais essayer et voir ce que cela va donner entre temps.
Regrettez-vous d’avoir prolongé dans la boxe olympique pour Tokyo alors que le monde pro était accessible dès votre médaille d’argent de Rio en 2016?
C’est vrai mais honnêtement, je n’ai eu aucun regret. Non. Comme je l’ai dit, ce sont deux choses différentes, deux boxes aux styles différents. Aujourd’hui je pense avoir pris les bonnes décisions. C’est une décision qui a été réfléchie en amont. Je pense ne pas avoir à la regretter. Je ne la regrette pas.
La réaction de Sofiane Oumiha après les annonces du rapport McLaren sur la Boxe aux JO de Rio en 2016
"L’impression d’avoir été avantagé à Rio? Pas du tout. Quand on en parle parfois entre nous, je dis aux gens qu’il faut simplement regarder les combats et ensuite juger par soi-même s’il y a eu quelque chose ou une quelconque suspicion. Après on fait du haut niveau et on sait qu’en arrivant vers le dernier carré cela va être serré et c’est soit l’un ou soit l’autre. La seule chose que je peux dire c’est de regarder les combats. En revisualisant les combats, je ne vois pas où sont les décisions présentées comme litigieuses."

Pour cette nouvelle étape de votre carrière, vous avez rejoint la structure de Frank Warren, le promoteur de Tyson Fury. Comment s’est fait le rapprochement?
C’est par le bouche à oreille. J’ai quelqu’un qui est venu me dire comme quoi Frank Warren était intéressé pour me faire entrer dans son écurie. Du coup moi j’ai dit pourquoi pas. On en a discuté et puis voilà. Cela s’est finalement fait assez naturellement.
Pensez-vous que vous auriez eu moins de chance de faire décoller votre carrière en signant avec un promoteur français plutôt qu’avec Frank Warren? Est-ce que cela a joué dans votre choix?
Honnêtement non. Après c’est vrai que tout dépend de la manière dont tu es encadré et comment tu es structuré. Après je pense que l’on a aussi des bons promoteurs en France. J’ai choisi l’étranger aujourd’hui mais on ne sait pas de quoi demain est fait. Peut-être que demain je signerai avec un promoteur si cela ne se passe pas bien. Le fait de regarder un peu ce qu’il se passe à côté et en France avant de signer, cela ne m’a pas perturbé du tout. Cela ne m’a influencé dans mon choix. C’est vrai aussi que l’Angleterre: c’est une terre de boxe, on sait qu’ils aiment la boxe. La décision s’est aussi faite assez naturellement.
De la même manière votre premier combat pro se déroulera à l’étranger: pourquoi ne pas combattre en France? Avez-vous des plans pour un combat à domicile à Toulouse ou à Paris?
J’aurais aimé faire mon premier combat en France. Je devais boxer le 15 janvier à la soirée où Tony Yoka devait être tête d’affiche (contre le Congolais Martin Bakole, ndlr). C’était à Paris, à Bercy. Je me tenais prêt et je devais boxer. Et finalement il y eu l’annonce du report pour cause de Covid. J’aurais aimé boxer en France, cela aurait été parfait. Il me fallait un combat assez rapidement parce que justement j’étais prêt.
Je ne me voyais pas attendre la soirée du 14 mai pour pouvoir boxer. Cela aurait été encore long. Deux mois d’attente je ne pouvais plus. J’ai fait en sorte de pouvoir boxer n’importe où, ou presque, et le plus rapidement possible pour pouvoir commencer cette carrière professionnelle. Justement, pour pouvoir boxer en Angleterre je pense qu’il fallait un autre combat professionnel.
Quelle stratégie allez-vous adopter? Multiplier les combats pour monter dans les classements ou prendre le temps de ne rien précipiter?
Il faut que je réapprenne mon métier. Mais le but je pense, c’est d’aller le plus vite si je me sens prêt. Je sais qu’il y a encore des choses à travailler au quotidien. Le but c’est d’aller grappiller le classement le plus rapidement possible pour aller prétendre à quelque chose. Je sais que la marche est longue et dure mais ce sera à moi de me donner à fond pour réussir mon nouvel objectif.
Avez-vous déjà établi votre plan pour vous rapprocher des meilleurs de la catégorie comme Kambosos Jr ou Vasyl Lomachenko? Serait-ce un échec de ne pas avoir rapidement d’opportunité pour une ceinture professionnelle?
Un échec oui et non parce que la boxe pro et la boxe amateur, ce sont deux choses vraiment et totalement différentes. J’en ai conscience. Je suis champion du monde mais demain je peux me faire battre entre guillemets par n’importe qui chez les pros. Parce que le nombre de round est plus long, parce que cela ne demande pas la même puissance ni la même vivacité qu’en boxe amateur.
C’est pour cela que j’ai dit qu’il va falloir tout réapprendre. Mais mon objectif est fixé. Ce sera à moi de faire en sorte d’y arriver. Cela ne se fait pas du jour au lendemain mais c’est vrai que j’ai emmagasiné beaucoup d’expérience grâce à la boxe olympique. Mais la boxe olympique ce n’est pas la boxe professionnelle.
Avez-vous un objectif clair au niveau de la durée pour obtenir cette chance mondiale?
Oui, j’aimerais dans les deux ou trois ans. D’ici-là il y aura peut-être des mésaventures car je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. Mais c’est vrai qu’une chance mondiale d’ici deux ou trois ans cela serait normal.