RMC Sport Sports de combat

Mormeck, échec et mat

Jean-Marc Mormeck

Jean-Marc Mormeck - -

Dominé en taille et en force, Jean-Marc Mormeck n’a jamais pu trouver la faille samedi soir face à Wladimir Klitschko. L’exploit n’a pas eu lieu, la faute à la tactique beaucoup trop défensive du Français.

Un direct du droit au deuxième round. Les deux genoux à terre. Puis les quatre fers en l’air dans le troisième après une charge un peu trop virile de Wladimir Klitschko. Et ce terrible enchaînement : droite-gauche puis droite. Et la chute, définitive cette fois pour l’arbitre de la rencontre, qui après avoir décompté « sept », mettra un terme à ce match en sens unique. Après quatre rounds sans la moindre éclaircie en sa faveur, Jean-Marc Mormeck ne sera pas champion du monde des poids lourds.

« Je ne regrette absolument pas d’avoir fait ce combat, lâchait le Guadeloupéen à l’issue du combat. Si j’estimais que j’ai été dominé, si j’estimais que j’ai été catastrophique, peut-être. Mais là, non. J’ai l’impression d’être allé au tapis sur deux coups. » Orgueil ? Fierté ? Quelques minutes après la rencontre, le Français continuait à nier l’évidence. « Je ne peux pas être d’accord avec la décision de l’arbitre. J’étais encore lucide, j’étais bien, j’étais debout… » Oui, mais dans un sale état. Et sans perspectives.

Car ce ne sont pas juste « deux coups » que le Français a reçu sur le ring de l’Esprit Arena de Düsseldorf. Mais deux parpaings. Et la domination de son adversaire n’a pas été fictive. Mais totale. « Jean-Marc n’a jamais su trouver la distance. Il n’a, pas non plus, su créer d’opportunité », observe le champion olympique et mondial des poids mi-mouches Brahim Asloum. Gêné par la taille et la puissance de son adversaire, le Français avait fait le choix de laisser passer l’orage. Et pour arriver à ses fins, c’est tête baissée, les épaules rentrées, qu’il a boxé tout au long du combat.

« L’un des combats les plus faibles pour un titre mondial »

« Jean-Marc a donné un seul coup en quatre rounds. Dans ces conditions, on ne peut pas gagner », analyse froidement Jean-Claude Bouttier. L’ancien champion d’Europe des poids moyens déplore la stratégie défensive adoptée par J2M. Il n’est pas le seul. « On ne peut pas faire le dos rond devant un champion comme Klitschko, juge Asloum. Il vous tue les bras. C’était à Jean-Marc de mener le combat, d’imposer son style. » Bouttier encore : « A partir du moment où l’on veut être le roi du monde, il faut mettre tous les atouts de son côté. »

Le rêve d’une consécration mondiale est passé. Piteusement, aux yeux du monde de la boxe française. « Ça a été un non-combat. Probablement l’un des plus faibles qu’il y ait eu pour un titre mondial chez les poids lourds » juge Asloum. Pas mieux pour son ancien entraîneur Louis Acariès : « C’était une parodie de combat. Le défi était beaucoup trop grand. » Reste à savoir comment Mormeck, 39 ans, s’en relèvera. « Si c'était à refaire, je n'hésiterais pas, c'était mon défi », a-t-il affirmé à son retour à Paris. Un début de réponse…

Le titre de l'encadré ici

Après Wladimir, Vitali ? |||

Pas un supporter, pas une demande d’autographe. C’est en passager lambda que Jean-Marc Mormeck a quitté ce dimanche l’aéroport de Roissy. Arrivé à 14h15 au terminal 2D, « J2M » était accompagné de sa femme, de son manager et d’un ami. Ses entraîneurs, Lucien Dauphin et Tansko Dobrekov, n’ont pas pu prendre le même vol que lui. S’il ne regrettait toujours pas son combat, Mormeck avait déjà une analyse plus lucide de sa performance, reconnaissant la supériorité de Wladimir Klitschko. Une personne l’attendait tout de même sur place : Antonio Doukov, un boxeur bulgare qui n’est autre que le beau-frère de Tansko Dobrekov. Lui aussi n’a pas compris le combat du Français. Mais lui promet un avenir meilleur. « Il n'a rien fait de ce qu'on avait dit à l'entraînement ! Il a battu des mecs plus grands et plus forts que Klitschko à l'entraînement. Mais ne dites pas qu'il ne sera jamais champion du monde. On va aller chercher son frère, on va aller chercher Vitali. »

CG