Mormeck, la rage du ring

« J2M » remet les gangs pour préparer son combat contre W. Klistchko le 10 décembre - -
Sortie de Paris, bois de Vincennes. L’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) est plongé dans une nuit froide et humide. Il est 21h20. Plusieurs voitures arrivent devant le centre Jean Letessier, où se trouve la salle de boxe. Premier sur place, Moulloud, un peu plus de 50 ans, 130 kilos au bas mot sur la balance. C’est lui qui a été appelé pour dépanner, pour être le sparring-partner de Jean-Marc Mormeck en ce lundi soir. Le Français aurait dû se frotter à un grand Anglais, qui, blessé à la main, ne viendra finalement pas.
Après un léger échauffement, c’est l’Américain Kevin Rooney qui s’occupe de mettre les gants à Mormeck. Rooney, 55 ans, casquette vissée sur le crâne, fut l’un des premiers entraîneurs de Mike Tyson. Ce personnage emblématique de la boxe partage le coin du champion français avec Lucien Dauphin, l’entraîneur de « J2M », Sami, qui sert d’interprète, et Stéphane Caristan, l’un des préparateurs physiques, ancien champion d’Europe du 110m haies. Pendant quatre rounds de trois minutes, les deux premiers avec casque, les deux derniers sans, Mormeck travaille au corps son adversaire. « Sors des cordes » lui ordonnent à l’unisson Lucien Dauphin et Kevin Rooney, « ton jab du gauche, encore », lancent-ils. Moulloud, qui mesure près de vingt centimètres de plus que le Guadeloupéen (Mormeck fait 1m86, Wladimir Klitschko culmine à 1m99), encaisse les coups sans broncher, souffle, repousse Mormeck et n’hésite pas à le toucher quand une ouverture se présente.
« Tous les jours je vais mettre les gants »
La séance se déroule sous les yeux de Tony Yoka, un poids-lourd amateur de 19 ans, qui rencontre Mormeck pour la première fois. Yoka, membre du Paris United de Brahim Asloum en World Series of Boxing (WBS), pourrait éventuellement servir de sparring-partner dans les prochains jours, comme l’a fait son coéquipier croate, le géant Filip Hrgovic le week-end précédent.
A la fin de la séance, Caristan parle un moment avec Mormeck, à qui tout son clan répète qu’il a été « plus fluide que les jours précédents ». Pour Rooney, c’était « une bonne séance, mais les deux boxeurs se connaissent de trop. Jean-Marc a besoin de sang frais pour passer la vitesse supérieure ». Le principal intéressé acquiesce : « Je me sens bien, mais le travail va vraiment commencer demain (NDLR : aujourd’hui). J’ai un sparring-partner qui vient des Etats-Unis, il est grand, il fait plus de deux mètres, il bouge bien, et va me poser le même genre de difficultés que Klitschko. Là, je pourrai dire comment je me sens. Tous les jours je vais mettre les gants. C’est un boxeur que David Haye avait utilisé comme sparring-partner pour préparer son championnat du monde contre Wladimir Klitschko (NDLR : perdu par le Britannique Haye en juillet dernier). »
Il est un peu plus de 23h. Jean-Marc Mormeck éteint les lumières et ferme la salle à clés pour regagner sa chambre à l’Insep. Fatigué. Mais impatient de remettre les gants au plus vite. Le championnat du monde face à l’Ukrainien est programmé le 10 décembre. C’est – presque – déjà demain…