Qui est Franck Petitjean, l'ancien champion d’Europe de boxe de retour sur le ring contre Salahdine Parnasse?

Tout commence bien avant le premier gant serré, à l’âge de trois ans. Un chauffard s’endort au volant et percute de plein fouet la voiture dans laquelle se trouve le petit Franck. Projeté contre la vitre, il en ressort avec un bilan long comme le bras: traumatisme crânien, trois opérations, une centaine de points de suture. Sur son visage, une balafre sinueuse reste à jamais inscrite. Mais c’est cette cicatrice, au propre comme au figuré, qui façonnera son identité de boxeur. Celle d’un homme qui refuse de plier.
Rien ne prédestinait ainsi Franck Petitjean à devenir champion. Dans l’ombre de son cadet, il observe en silence. Jusqu’au jour où il ose le défier à l’entraînement. La sanction est immédiate: il finit au tapis, KO. Cet uppercut porté à son ego l’envoie paradoxalement sur les routes de la boxe. Amateur en 2008, professionnel dès 2010, il enchaîne les combats jusqu’à se construire un palmarès de 25 victoires, 2 défaites et 3 nuls.
Les ceintures de l’ascension puis la reconversion
Les années 2014 et 2015 le consacrent en France avec quatre ceintures nationales en super-légers. En 2016, il ajoute la ceinture WBC francophone face à Hakim Ben Ali. Puis, en 2017, l’Europe s’ouvre à lui avec une victoire par KO contre l’Italien Samuele Esposito pour la ceinture de champion d'Europe EBU-EU. L’aboutissement d’un style accrocheur, généreux et d’un mental forgé à coups d’épreuves.
En 2018, le timing semble parfait. Six mois après la naissance de son fils, il part à Dakar défier Mohamed Mimoune pour la ceinture mondiale IBO. Mais la marche est trop haute et il s’incline par décision unanime. Ce combat, perdu loin des siens, restera comme le tournant de sa carrière. "Quand j'ai eu mon premier fils en 2018, j'ai voulu arrêter parce que j'avais peur pour moi. Et c'est un sport, quand tu commences à avoir peur pour toi, il ne faut plus le faire", confie-t-il.
Il avoue aussi que, ce soir-là, il n’était pas lui-même. "On m'appelle pour monter sur le ring et je switch, je suis en mode kamikaze et à ce moment-là, je me demande ce que je fais là, je ne suis pas à ma place. Aujourd'hui, je fais un travail sur moi." Quelques mois plus tard, la naissance d’un deuxième enfant le pousse à lever le pied.
Petitjean devient alors coach et ouvre sa salle en 2022, la Gloves Academy. Un choix de transmission, loin des projecteurs. Mais le ring l’appelle toujours. En 2023, il cède son titre de champion d’Europe face au Britannique Civic Hall, stoppé par l’arbitre malgré une résistance acharnée. C’est en juin 2024 qu’il annonce alors sa retraite après un dernier combat victorieux. Mais elle sera de courte durée.
"30.000 euros pour 6 rounds, j’y vais à cloche-pied"
En 2025, il profite du forfait de Cédric Vitu qui devait combattre face à Salahdine Parnasse pour se replacer dans le jeu. Par l’intermédiaire de son associé, il contacte Atch, le manager de Parnasse, prêt à prendre le relais. L’opportunité tombe, le combat aura lieu.
À 37 ans, il refuse les 12 rounds, trop longs pour son corps usé par les batailles du passé. "J’ai plus envie, 12 rounds c’est long. C’est 36 minutes de combat. À un moment donné je suis perdu, je ne sais plus où on en est", avoue-t-il à RMC Sport. Puis, avec un sourire, il ajoute: "30.000 euros pour 6 rounds, j’y vais à cloche-pied."
Mais au-delà de l’argent, l’envie reste intacte. "Je fais ce combat pour moi, c'est un beau challenge, Salahdine c'est un putain d'athlète. Je trouve que lui, il se met un peu en danger en prenant quelqu'un qui a été titré et moi, je me mets en danger en boxant quelqu'un qui ne fait pas mon poids. Je me prépare pour faire un beau spectacle. Je ne compte pas venir pour perdre, je viens pour gagner. Après, pourquoi pas faire une transition en MMA (rires)."
Samedi 4 octobre 2025, l’Adidas Arena sera le théâtre d’un choc symbolique, celui d’un boxeur au crépuscule de sa carrière face à une star du MMA français en quête de reconnaissance dans le noble art. Franck Petitjean n’a plus rien à prouver, si ce n’est qu’à 37 ans, on peut encore écrire de belles histoires. Parce qu’au fond, pour lui, boxer, "c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas".