"Un sport totalement différent": comment Salahdine Parnasse, pur produit du MMA, a préparé ses grands débuts en boxe anglaise

Parce que c'est son rêve, comme il l'a maintes fois répété, et parce qu'il a des choses à prouver, sans doute plus que d'ordinaire, il a évidemment pris la chose au sérieux. Et travaillé, travaillé, encore et encore. Alors qu'il va faire ses grands débuts en boxe anglaise contre Franck Petitjean ce samedi soir à l'Adidas Arena de Paris, Salahdine Parnasse a préparé avec soin ce baptême du feu professionnel dans le noble art, depuis plusieurs mois.
Depuis plusieurs années, même. "La boxe anglaise, ça a toujours été là", raconte le prodige du MMA français, double champion du KSW chez les -60kg et -66kg. "J'ai fait le challenge du premier round (une compétition régionale réputée, NDLR) quand j'avais genre 15 ans, avec mon coach Arnaud Templier. Et j'ai toujours continué les sparrings en boxe anglaise depuis dans mes préparations en MMA. Je voulais développer mon côté striking, ajouter un plus à ma panoplie." Avec toujours une idée en tête: "Je me suis dit qu'un jour ou l'autre, je franchirais le pas."
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Le jour est arrivé. Grâce à une clause insérée dans son contrat avec le KSW lors de sa dernière prolongation, Salahdine Parnasse a obtenu l'autorisation de se produire en boxe anglaise une fois en 2025, et une fois en 2026. Un privilège très rare pour un combattant de MMA, dont l'enfant d'Aubervilliers, 27 ans désormais, a pleinement conscience.
"Salahdine prend tous ses combats au sérieux mais celui-là encore plus", assure Arnaud Templier dans un inside du 100% Fight, qui organise ce gala à l'Adidas Arena. "Il a envie de montrer aux yeux de la France qu’il a un niveau supérieur à ce que l’on peut penser."
Ses proches, eux, sont déjà convaincus de son potentiel. "Salah, ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il tourne en boxe anglaise, ça fait un paquet d’années", rappelle son mentor et manager, Stéphane "Atch" Chaufourier. "Il est passionné de cette discipline-là depuis plus de dix ans. On l’appelle même pour des sparrings." Ces dernières années, Parnasse en aurait effectué une quarantaine en tout, contre des boxeurs établis, réputés pour certains. "On a Issa Samake, le papa de Bakary, qui nous contacte pour des sparrings", développe Atch. "On a fait une dernière sortie avec David Papot, qui était sur un 30-0 (avant sa défaite en septembre, NDLR) et qui est classé mondialement, une belle référence. On a eu Bilel Jkitou, on a tourné aussi avec Bakari Diallo, le petit prospect qui envoie fort..."
Un mois et demi de préparation exclusive, d'Aubervilliers à Milan en passant par Les Mureaux
S'il alternait jusqu'à l'été encore les deux disciplines à l'entraînement, voilà un mois et demi que Parnasse a mis le MMA de côté pour se concentrer exclusivement sur l'anglaise et hausser le rythme. "Je ne fais que ça", résume-t-il. "A fond dedans." Ces dernières semaines, Salahdine Parnasse est ainsi allé livrer quelques guerres contre Enzo Marguerite du côté des Mureaux, au BAM L'Héritage, l'une des meilleures salles d'Île-de-France voire du pays. Et il est parti à Milan défier le très solide Akrem Aouina (détenteur d'une ceinture WBC international silver) au Fight Club Fragomeni.
L'objectif? Accumuler de l'expérience auprès des meilleurs. "Les sparrings les plus durs que j’ai faits, vraiment, ça a été en boxe anglaise. Les sparrings où je me suis fait vraiment surprendre, ça a toujours été en boxe anglaise", assure Parnasse. "Le haut niveau en boxe anglaise est vraiment dur. Tu as l’impression que les mecs ont des super-pouvoirs. Ils arrivent à tout voir, ils bloquent tout, c’est hyper compliqué de les toucher. (...) J’ai beaucoup de choses à travailler, j’en apprends tout le temps. C'est un sport totalement différent."
Même quand on s'appelle Salahdine Parnasse, et qu'on baigne dans le combat depuis l'enfance. "L’approche n’est pas la même, et surtout les gants ne sont pas les mêmes", souligne-t-il. "Mais pour moi ça va être plus facile de boxer en anglaise qu’en MMA. En MMA, les mitaines sont petites, les coups ne sont pas pareils, la garde n’est pas la même, ça n’a rien à voir. (...) J’ai appris à être plus dur au bon moment, à frapper plus fort au bon moment, et à ne pas me jeter dans la gueule du loup."
"En MMA, il y a des échappatoires. En boxe anglaise, ça n'existe pas."
S'il n'a pas changé de staff pour l'occasion, ni revu fondamentalement sa préparation physique, l'un de ses gros points forts, Parnasse sait toutefois qu'il plonge dans l'inconnu, dans un "trou noir" comme il le dit. Un duel inédit pour lui, où le rythme (six rounds de trois minutes, au lieu de trois ou cinq rounds de cinq minutes) ne sera pas celui auquel il est habitué, où les repères ne seront pas les mêmes non plus. "La boxe anglaise, ça se joue plus au mental alors que le MMA, c’est plus sur le physique, la gestion de la congestion. Et puis si un mec est fort debout, tu vas moins prendre de risques et aller au sol, si le mec est fort au sol tu vas faire en sorte de rester debout… Mais en boxe anglaise, ce n’est que les poings, deux strikers surentraînés. L’échappatoire n’existe pas. Il n’y a que toi et ta défense, toi et ton coup d’œil. En MMA, il y a des échappatoires. Dès que tu es un peu touché, tu peux aller dans les jambes ou partir sur une tentative de soumission pour temporiser un peu… En boxe anglaise tu peux mettre le genou à terre oui, mais tu perds le round si tu fais ça."
Or Salahdine Parnasse a bien l'intention de l'emporter contre un adversaire de 37 ans, ancien champion de France et d'Europe des super-légers. Un boxeur expérimenté, mais sans doute à sa portée. "En venant du MMA, mes coups sont totalement différents de ceux d'un pur boxeur, et j'arrive à surprendre pas mal d'adversaires notamment au corps-à-corps", estime-t-il. "Vous vous doutez bien que je ne l’envoie pas au feu comme ça. C’est un acharné de travail, tous ses exercices sont millimétrés, il sait ce qu’il doit faire et comment il doit faire", lance Atch, qui espère bien voir son poulain s'imposer pour renouveler l'expérience l'an prochain.
Reste à répondre présent le jour-J. "Je sens que j’ai un potentiel, je fais beaucoup de sparrings. Mais après, les sparrings, ça ne vaut rien", lançait Parnasse il y a quelques mois. "Au final, il n'y a que les combats qui comptent."