Lutte: Zelimkhan Khadjiev signe la passe de trois aux championnats d'Europe

Zelimkhan Khadjiev lors de sa demi-finale des championnats d'Europe de lutte - le 07/04/2024 - United World Wrestling / Kadir Caliskan
Le sourire jusqu'aux oreilles lors de sa montée sur le tapis a laissé place à une grande tristesse après les six minutes de sa finale. Zelimkhan Khadjiev avait l'histoire face à lui. Il avait prophétisé lundi soir après sa demi-finale des championnats d'Europe de lutte remportée face au Moldave Ion Marcu: "Si je gagne ça voudra dire que je suis meilleur (qu'avant ma suspension)."
Ce mardi, il n'a pas rejoint Daniel Robin, dernier français vainqueur d'un Euro en lutte libre en 1968. Mais "Zelim" est devenu le premier tricolore avec trois médailles continentales senior. L'argent de Bratislava rejoint ceux de Kaspiisk en 2018 et Budapest en 2019. "Après le match j'étais dégoûté mais là je suis content", explique Khadjiev au téléphone. "Ce n'est pas facile de ramener une médaille. Terminer deuxième après tout ça (son histoire) c'est pas mal."
"Je la mets devant toutes mes médailles"
Ce mardi soir, sur le tapis slovaque, il est tombé face au musculeux Akhmed Usmanov, champion d'Europe et du monde de cette catégorie non olympique des -79kg. Au début de la deuxième moitié du combat, le Russe, qui lutte sous la bannière de la Fédération internationale, serre le Français avec une main sous le bras et une autre à côté de la tête. Dans la rotation des corps il se jette sur le dos et fait passer le Français de 30 ans par dessus-lui, une souplesse arrière: 4 points, le nectar des techniques en lutte libre. Khadjiev n'arrivera pas à remonter le score face au Daghestanais. "J'étais dans un moment où je faisais attention à tout", analyse Khadjiev. "Je savais qu'il faisait ça. Ça a cassé quelque chose dans le rythme du match."
Fin 2023, Khadjiev était revenu d'une suspension de quatre ans pour dopage. À l'époque de la punition, il venait de terminer troisième d'un championnat du monde. Il était sur la voie d'une médaille olympique. Il a bourlingué entre Paris, Nice et les États-Unis entre MMA, lutte et amis prêts à lui ouvrir la porte de leur salle. L'an passé, il avait échoué à se qualifier pour les JO en -74kg, sa vraie catégorie. Un peu court sur la lutte et le physique, il n'avait pas failli sur l'engagement. En -79kg, il se fait plaisir avant de redescendre vers les 74 quand la qualification pour Los Angeles 2028 sera là. Ces quelques mois supplémentaires ont prouvé qu'il en avait encore dans le moteur: "Je la mets devant toutes mes médailles", juge-t-il. "J'ai fait beaucoup d'efforts. Ça veut dire que je suis revenu à mon niveau et ça fait plaisir. J'ai battu de bons adversaires comme le Slovaque médaillé mondial, et j'ai lutté contre un champion du monde."
Premier champion du monde junior de l'histoire de la lutte tricolore en 2014, il a rajouté deux lignes cette année. En s'imposant à Zagreb, le grand frère de la libre est aussi devenu le pionnier bleu-blanc-rouge vainqueur d'un tournoi ranking series. Ce mardi soir, sa troisième médaille d'argent continentale après 2018 et 2019, et dans une deuxième catégorie qui plus est, assoit encore davantage sa marque dans la lutte libre tricolore. Il ressort heureux que l'un de ses petits, Khamzat Arsamerzouev (-65kg), 23 ans, qui quitte aussi la Slovaquie avec une médaille d'argent. La preuve que ce collectif de lutte libre mené par Didier Païs et Luca Lampis est parfaitement reparti après l'échec de n'avoir qualifié personne à Paris 2024. "Je suis très content. C'est la première fois qu'on a deux médailles d'argent. Khamzat a fait son travail. Lundi soir, après sa demie, il m'avait motivé avant que je monte pour ma demi-finale. On se tire vers le haut."
Sourire retrouvé, Khadjiev terminait sur une nouvelle prophétie: "Comme on dit, Jamais deux sans trois (rires). Peut-être que la prochaine, la quatrième, ça sera de l'or."