Bellator 288: Comment Anderson a perdu un titre et 1M$ par fair-play (mais compte se rattraper)

Seriez-vous fair-play si vous pouviez empocher un chèque à sept chiffres en ne l’étant pas? Si la question vous semble farfelue, Corey Anderson a connu cette situation il y a quelques mois. En avril dernier, lors de l’événement Bellator 277, le combattant américain de MMA fait face au champion des mi-lourds, le Russe Vadim Nemkov (qu’il retrouve ce vendredi à Chicago dans le combat principal du Bellator 288), en finale du tournoi World Grand Prix de la catégorie avec en jeu la ceinture mais aussi un chèque d’un million de dollars.
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Après deux rounds accrochés, les juges en attribuant un à chacun selon les cartes officielles diffusées après l’événement, Anderson domine la troisième reprise et semble parti pour terminer le champion sur une furie de coups au sol en ground-and-pound. Mais avant de pouvoir finir le combat, à quelques secondes de la fin du round, les têtes des deux combattants se rentrent dedans par inadvertance, provoquant une grosse coupure au-dessus de l’œil gauche de Nemkov. La suite va coûter cher à Anderson.
"Je descendais sur lui pour le frapper et on est juste entré en collision, raconte ce dernier au Wall Street Journal. J’ai regardé l’arbitre et je lui ai signalé le truc: 'Ce sont nos têtes'. Il m’a répondu: 'Non, c’était un coup légal'." Anderson pointe alors sa tête, ce qui pousse l’arbitre, Frank Trigg, à mettre le combat en pause. Le médecin officiel rentre dans la cage et met un terme au choc à cinq secondes de la fin du troisième round après avoir constaté une coupure trop profonde chez le Russe.
L’Américain pense avoir gagné. "J’ai vu le chèque et j’étais excité. Ma famille dans le public était en folie. "Mais l’annonce officielle vient doucher son enthousiasme : no-contest. Victoire (et donc défaite) pour personne, quoi. Et c’est là que l’histoire prend un tournant dingue. Les règles en pareille situation sur un combat en cinq rounds sont claires: si une erreur accidentelle oblige à arrêter le combat après le troisième round, les cartes des juges jusque-là désignent le vainqueur. Mais si elle a lieu avant la fin de la troisième reprise, on part sur un no-contest.
Bref, si Anderson (16-5, 1 NC; 33 ans) n’avait pas pointé sa tête à l’arbitre mais laissé passer les dernières secondes du round, le choc aurait également pris fin après observation du médecin de la coupure de Nemkov… mais l’ancien lutteur universitaire aurait signé la plus belle victoire de sa carrière et pris le combo ceinture/chèque! Alors, des regrets? Que nenni. "Quand j’y pense avec le recul, je me dis que je referais la même chose, avance Anderson, qui avait pourtant montré de la frustration sur le moment. Je veux montrer un bon esprit sportif."
Une attitude respectée par Nemkov (15-2, 1 NC; 30 ans), qui reconnaît avoir été dominé dans ce troisième round en avril – il restait alors sur neuf victoires de rang – mais pense que ce choc tête contre tête involontaire prouve que son adversaire commençait à fatiguer et à manquer de précision. "Un tel combat, avec autant de choses en jeu, autant d’argent au bout, ne devrait pas être décidé sur un coup de tête, estime le Russe. Cela aurait été injuste pour moi de perdre ce combat sur ça."
Sept mois plus tard, Anderson a l’occasion de rattraper cette opportunité envolée à quelques secondes près. Le revanche contre Nemkov, dans un événement qui verra aussi Patricky Pitbull défendra sa ceinture des légers contre Usman Nurmagomedov, aura les mêmes enjeux: le titre et un million de dollars pour la victoire dans le tournoi. Anderson, qui se fait chambrer par ses partenaires de salle depuis cet épisode ("Ils me disent ne pas leur mettre de coup de tête"), compte encore les remporter. Mais dans les règles sportives de l’art.
"Quand je vais gagner, je veux le faire de façon juste et honnête, sans qu’on puisse me dire qu’il y a eu une forme de triche, annonce-t-il. Je veux y arriver par la bonne route." Problème? Nemkov ne l’entend pas de cette oreille et promet un tout autre visage à son adversaire. "La dernière fois, j’étais malade avant le combat et ça a joué sur mon endurance, explique le champion des mi-lourds. Après le premier round, je n’avais plus du tout d’énergie. Mais cette fois, tout va bien et ce sera un combat très différent." Le fair-play paiera-t-il à long terme pour Anderson? Réponse à Chicago.