UFC 285: "C'est mon monde", Jon Jones affiche sa confiance avant le choc contre Ciryl Gane

Jon Jones, le MMA est un sport assez "jeune" en France et certaines personnes vont sans doute vous découvrir pour la première fois contre Ciryl Gane. Pouvez-vous vous présenter à ces fans?
Mon nom est Jonathan Jones, plus connu sous le nom de Jon "Bones" Jones. Et je suis le nouveau champion du monde des poids lourds.
Vous avez régné sans partage sur la division des mi-lourds. Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher de régner sur les poids lourds?
Je suis à l'UFC depuis longtemps. J'ai eu beaucoup de succès dans la catégorie des mi-lourds et je suis maintenant prêt à me tester dans la division poids lourd, à me mesurer à certains des plus grands et plus durs athlètes que ce sport n’ait jamais connus. Je suis très excité par cette opportunité.
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Ciryl Gane pense qu'il va vous empêcher d'être le nouveau champion. Que savez-vous de lui?
Je ne sais pas grand-chose sur lui. Je crois qu'il a joué au football pendant son enfance. Il a eu une belle carrière en muay-thaï, où il était à 14-0 il me semble, et il a bien réussi depuis son arrivée à l'UFC. En dehors de cela, je ne sais pas grand-chose de lui. Je ne connais pas son caractère ou ce genre de choses. Il semble être un jeune homme droit et intègre. Je suis honoré de me battre contre lui.
Vos carrières sont très différentes. Vous avez battu Mauricio Rua en 2011 et êtes devenu le plus jeune champion de l'UFC à 23 ans. Au même âge, Ciryl Gane vendait des meubles et n’avait pas encore débuté les sports de combat. Voyez-vous cette anecdote comme drôle ou folle?
Je suis juste honoré et excité d'être là, excité de combattre un gars comme Ciryl Gane. Comme je l'ai dit, il semble être un jeune homme très droit et intègre, très classe. Pour l’instant, il n’y a pas eu de clash ou d’animosité entre nous. Nous sommes juste tous les deux des professionnels et c'est rafraîchissant de vivre ça. C'est cool de se battre contre un gentleman comme Ciryl.
Vous le respectez, donc?
Je le respecte, oui. Il ne m'a donné aucune raison de ne pas le respecter.
Vous répétez votre envie de marquer l’histoire de votre sport. Ciryl Gane voit plutôt ça comme un moyen de gagner sa vie. Il n’est pas très fan de MMA... Respectez-vous un potentiel champion qui n'aime pas son propre sport?
Je le respecte pour son chemin et jusqu’où il est arrivé. Mais ça dit aussi beaucoup sur pourquoi je devrais gagner ce combat. J'aime les arts martiaux mixtes. J'aime la douleur qui vient avec. J'aime les hauts et les bas d’une carrière. C'est qui je suis, une grande partie de mon identité. Être un combattant invaincu signifie tout pour moi et c'est une la raison pour laquelle je crois que je vais sortir du combat la main levée, ma croyance dans ce sport, mon engagement envers lui. C'est mon monde.
Ciryl Gane n’est pas du genre à pratiquer le trash-talking. Que pensez-vous de cette attitude?
Je réponds à ce que je reçois. On dirait qu'il n'est pas intéressé par le trash talking. Je ne le suis vraiment pas non plus. J'ai combattu beaucoup de gars très respectueux, des Lyoto Machida, Vladimir Matyushenko, Alexander Gustafsson. La liste est longue. J'ai aussi combattu des gars qui faisaient beaucoup de trash talking, comme Rashad Evans, Daniel Cormier, Dominick Reyes, "Rampage" Jackson. Dans tous les cas, je le gère très bien. Comme je l’ai dit, il a l'air d'être un gars bien, un gars classe. Si on peut traverser ce combat sans en faire une affaire personnelle, c'est encore mieux.
Sur quels compartiments pouvez-vous aller chercher la victoire contre Ciryl Gane?
Partout. C’est ce que je crois. Je crois partout. Ciryl Gane rebondit très bien sur ses pieds. A part là-dessus, je ne pense pas qu'il soit meilleur que moi sur quoi que ce soit. J'ai l'impression d'avoir une excellente boxe en ce moment, meilleure qu'avant. J'ai un bon kick-boxing, une bonne défense, de la lutte et du jiu-jitsu. Je pense être un meilleur artiste martial que lui. Je prends ce sport très au sérieux et je pense que ça se verra lorsque nous serons face à face.
Vous n’avez plus combattu depuis trois ans. Comprenez-vous les doutes sur votre condition physique pour ce combat?
Les gens ne peuvent que spéculer. Notre équipe est très intelligente. Non seulement nous travaillons dur, mais nous réfléchissons beaucoup. L’une des façons dont nous abordons nos combats est de déterminer les façons dont nous pourrions perdre et d’attaquer ces domaines. C'est pourquoi notre défense est toujours très forte, tout comme notre cardio. Nous connaissons l’idée de la "rouille du ring", les questions sur l'endurance, et nous surpassons tout ça en travaillant plus fort.
On connaît votre intelligence dans le ring. Imaginez-vous plutôt un combat tactique ou une bagarre de chiffonniers?
C'est difficile à dire, difficile à imaginer. Mais peu importe comment ça se passe, je serai prêt. Si on finit par faire du kick-boxing toute la soirée, je crois que je gagnerai debout sur mes pieds. Si on finit par lutter, je gagnerai au sol. Peu importe comment se déroule le combat. Je serai prêt.
La lutte n'est pas le point fort de Ciryl Gane. Allez-vous tenter de porter le combat sur ce plan?
Je pense avoir avantage majeur en matière de grappling dans ce combat. J'ai regardé la défaite de Ciryl Gane contre Francis Ngannou. Francis a été capable de le mettre au sol, de le maintenir et de le contrôler. Si j'attrape Ciryl au sol, ou plutôt quand je le ferai, il ne se relèvera pas.
Vous avez montré moins d’explosivité sur vos trois derniers combats alors que Ciryl Gane est connu pour sa rapidité. Comment allez-vous gérer ça en sachant que vous êtes désormais chez les lourds et que la prise de poids a pu vous faire perdre en mobilité?
J'ai le sentiment d’être habitué à un rythme de combat rapide. Je suis habitué aux gars qui sont vraiment rapides. La vitesse reste la vitesse. Peu importe combien je pèse ou combien Ciryl pèse, je suis habitué à ces athlètes rapides et ma défense y est habituée. Je ne crois pas que Gane soit plus rapide que tout ce que j'ai pu croiser jusque-là.
Maintenant que vous êtes chez les lourds, peut-on toujours vous surnommer "Bones" (les os)?
Oui, absolument. Mais je ne suis plus le même combattant. Ma capacité à toucher et attraper l’adversaire et ma confiance en moi sont au sommet en ce moment. Mes amenées au sol sont plus explosives que jamais. Mon ground-and-pound a plus d’impact.
Allez-vous terminer Ciryl Gane avant la limite?
Je crois que je vais finir le combat avant la limite, oui. La meilleure façon pour Gane de tenir cinq rounds contre moi est d'essayer de garder le combat debout, en striking, et je ne pense pas qu'il sera capable de faire ça. Je ne chercherai pas l’amenée au sol à tout prix. Quand elle viendra, elle viendra naturellement. Je suis prêt à le combattre dans tous les domaines.
Ce combat est-il votre premier vrai gros challenge, que vous prenez à 100% au sérieux, depuis la revanche contre Daniel Cormier?
Je ne peux pas dire que c'est mon premier vrai défi depuis ça. J'ai combattu beaucoup de gens très athlétiques, des gars qui étaient invaincus avant de m'affronter, avec de très longues séries de victoires. J’ai affronté beaucoup de tueurs. Ce n’est pas mon premier vrai défi depuis cette époque, c'est juste un autre challenge.
Daniel Cormier, votre vieux rival, a dit que vous seriez un "champion contesté" en cas de victoire car vous n’aurez pas battu Francis Ngannou, le champion avant son départ de l’UFC. Comprenez-vous cela et êtes-vous préparé à ce genre de critique si vous gagnez la ceinture?
Je ne pense pas mériter la moindre critique. Je suis là. Francis Ngannou a eu l'opportunité de m'affronter et il a choisi de ne pas le faire. Si quelqu'un doit être critiqué, c'est lui. Si je ne me trompe pas, on lui a offert le plus gros contrat de l'histoire des poids lourds à l’UFC. Il avait l'opportunité d'être le gars qui me détrône mais il n'a pas cru en lui. Il n'était pas prêt à parier sur lui-même.
Vous avez souvent répété être prêt à combattre n'importe qui n’importe quand mais vous êtes absent de l’octogone depuis trois ans et vous n’avez pas affronté Ngannou pendant tout ce teemps. Comment avez-vous vécu cette période?
Je me sentais bien. Je crois au destin. Je crois que les choses nous viennent du ciel, du divin, et qu'elles sont ce qu'elles sont. Je me sens bien. Je me sens mal pour les fans car ce combat contre Francis aurait été un énorme combat pour eux. Les gens du monde entier auraient adoré voir ça. Et je ne l'exclus pas pour le futur. J’imagine bien Francis aller faire de la boxe, faire ce qu'il veut, mais je pense qu'il sera toujours le bienvenu à l'UFC. Ça restera toujours un grand combat et je serai prêt pour lui.
Ce combat contre Ciryl Gane n’est donc pas celui que vous vouliez?
Je n'avais personne vraiment en tête. Ça aurait pu être n'importe qui, Stipe Miocic, Tai Tuivasa, Ciryl Gane, Francis Ngannou. Mon job est de combattre les meilleurs combattants de la planète. C'est pourquoi je suis ici.
Vous possédez plusieurs records à l'UFC, lequel vous rend le plus fier?
Je suis sur une série en cours de 15 combats pour le titre sans défaite. C'est ce dont je suis le plus fier. Personne n'a jamais été capable de faire ça et c’est agréable de se dire ça. Je n'ai que 35 ans et je peux encore améliorer ce record.
Vous parlez de votre âge. Vous sentez-vous vieux?
Non. Je me sens bien pour mon âge. Je vois des combattants plus âgés avoir un niveau toujours très impressionnant. Si je continue à traiter mon corps correctement, mon esprit, mon âme, j'ai encore de belles années devant moi. Ce n’est pas le début mais j’ai encore beaucoup à donner.
Votre seule "défaite" contre Matt Hamill était assez étrange... ll était au bord du K.O, vous regardiez même l'arbitre en pensant qu’il allait l’arrêter, et juste après ça vous avez été disqualifié pour des coups de coude illégaux… Dans votre esprit, vous vous sentez toujours invaincu?
Oui. Je me sens invaincu. Je le pense sincèrement. Cette situation, c'était vraiment de la merde. Mais cela a aussi été un apprentissage important. Je me sens invaincu sur le ring, absolument. Dans la vie, j'ai eu des hauts et des bas. Mais dans l'octogone, je réussis tout ce que je fais.
Vous vous sentez invincible, c’est la raison pour laquelle personne ne peut vous arrêter?
Je suis très fort mentalement. L’excellence est une habitude, la victoire est une habitude. Et je sais que je n'ai aucune raison de me remettre en question.
Vous vous considérez invaincu, mais vous avez aussi dit devoir toujours prouver plus que les autres. Pourquoi?
Je sens que j'ai beaucoup à prouver, c'est sûr. J'ai l'opportunité d'être le plus grand et c’est extrêmement rare. Si vous en êtes proche, vous devez au monde d’aller la saisir.
Vous êtes en quête de quelque chose?
Je suis en quête d’excellence. J’aurai toute ma vie ensuite pour me détendre. Tant que mon corps me le permet je dois donner tout ce que j’ai. Il y a des gens qui ne voudront ou ne pourront jamais. Un coach m’a dit un jour: "Jon, tu dois le faire parce que tu peux le faire". Et c'est ce que je vais faire. Je le dois au monde.
Vous vous considérez déjà comme le plus grand de tous les temps ou vous avez encore des choses à prouver?
Je pense avoir déjà une carrière extraordinaire, un CV remarquable qui parle de lui-même. J’ai aussi conscience que ce combat pour la ceinture des lourds va mettre fin au débat. Je suis impatient de plier l’affaire.
Cette montée en lourds, vous en parliez déjà dans des interviews en 2011. Que représente l’arrivée dans cette catégorie pour vous?
Cela a été un long cheminement, quelque chose que je vise depuis longtemps. Je n'étais peut-être pas prêt avant. J’avais encore des choses à accomplir en mi-lourds. Mais cette fois, le moment est venu. Je suis content d’avoir sauté le pas. Que représentent les lourds pour moi? Ça signifie tout. Les poids lourds ont toujours été au-dessus de tout, dans toute l’histoire. On parle des hommes les plus forts au monde. Des gars comme Ciryl Gane. Quel meilleur challenge à relever que celui-là?
Dans une vidéo de vous et Henry Cejudo, ancien double champion UFC vous entraîne en partie avant ce choc, il vous donne son top 5 de tous les temps à l'UFC: il y a vous, Demetrious Johnson, Anderson Silva, GSP et lui-même. Quel est votre top 5?
Mon top 5, voyons voir... Je dirais: moi-même, Anderson Silva, George St Pierre, Khabib Nurmagomedov et José Aldo. Ce sont mes préférés en tout cas.
Vous placez Khabib en quatrième position. Que pensez-vous de son invincibilité, son bilan de 29-0 en carrière? A-t-il affronté assez de légendes à l’UFC pour être considéré comme le numéro 1?
J'aime ce que Khabib représente. On a eu des différends par le passé, je lui ai lancé quelques piques, mais au final je le respecte. J'aime la façon dont il se comporte en tant que musulman. J'aime la façon dont il représente son pays. J'aime l'homme d'affaires. Il a l’air d’être un type droit qui partage avec les autres. Je n'ai rien de négatif à dire à son sujet. Maintenant, si on parle d’un point de vue sportif, je me mets quand même devant.
L’embrouille entre vous est terminée?
Il n'y a jamais vraiment eu d’embrouille. C'est un homme intègre, admirable. J'apprécie l’homme qu’il est.
Pourquoi marquer l'histoire vous obsède tant? C’est un besoin?
Oui, j'en ai besoin. Je veux qu'on se souvienne de moi et de mon équipe comme la meilleure académie de MMA de tous les temps. Ça compte beaucoup pour moi, c'est notre façon d’atteindre l’éternité.
Cette ceinture poids lourds vous couronnera-t-elle comme le plus grand de tous les temps une bonne fois pour toutes?
Oui. Cette victoire va consolider mon statut de GOAT. C'est certain, et j'en suis fier.
Votre rivalité avec Daniel Cormier a été fascinante: la haine semblait réelle. Il y a eu des insultes et des accrochages. Pourtant vous lui avez rendu un hommage touchant à l’issue de la revanche. Comment peut-on passer aussi vite de la haine à la compassion?
Je ne dirai jamais que je déteste Daniel Cormier. J'avais juste une immense envie de le battre. Après la victoire, il y a le respect. C’est naturel quand un gars est là, torse nu, vulnérable, devant le monde entier. Vous ne pouvez pas vous empêcher de respecter tous ces gars. Quand le combat est terminé, l’embrouille est termineé aussi.
Vous avez même accepté une interview avec lui...
Oui, oui! Qui sait ce qui peut se passer dans la semaine avant le combat… Je n’aurai aucun problème à discuter avec Daniel Cormier de nos différends, de notre sport. Vraiment.
Lui avez-vous pardonné?
Oui, j’ai pardonné à Daniel Cormier toutes les choses négatives qu'il a pu dire sur moi, et j'espère qu'il me pardonnera aussi.
Le pardon est l'un des préceptes importants dans la religion. Votre père espérait que vous deveniez prêtre comme lui, mais Dieu a fait de vous un combattant. Qui Dieu a-t-il voulu tester: vous ou votre père?
Je ne pense pas que l'un de nous deux ait été testé par mon choix de carrière. C'était mon destin, je suis celui que je devais être. L’Histoire a donné à beaucoup d’hommes une âme de guerrier, et je suis reconnaissant d'être l'un d'entre eux.
Dans votre famille, il n’y a que des athlètes. Vos deux frères ont évolué en NFL et remporté le Super Bowl. Qui est le plus talentueux de la famille?
Le plus talentueux? C’est Chandler. C’est un athlète unique. Il est bon partout : au basket, au football américain, en boxe, en kick-boxing… Dès qu’il se lance dans quelque chose, il réussit.
Les épreuves sont des tests de Dieu. Laquelle a été la plus dure à surmonter dans votre parcours?
Humm… L’épreuve la plus difficile à surmonter? C'est vraiment difficile à dire… J’ai traversé beaucoup de choses dans ma vie, que je me suis infligées à moi-même. C'est vraiment difficile de répondre. Mais en tout cas, je suis toujours là. J’ai une certaine résilience en moi. Je n'abandonne pas facilement et je suis reconnaissant pour ça. Très reconnaissant.