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UFC 315: Kirghizistan, Pérou, danse et armes à feu… Qui est Valentina Shevchenko, la légende du MMA féminin dont Manon Fiorot veut le trône?

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La Française Manon Fiorot va tenter de décrocher, dimanche lors de l'UFC 315 à Montréal (à partir de 4h sur RMC Sport 1), la ceinture des -57kg de l'organisation, pour devenir ainsi la première combattante tricolore de l'histoire détentrice du titre incontesté. Mais face à elle se présente une légende de la discipline: la Kirghizo-Péruvienne Valentina Shevchenko.

Elle est la dernière personne qui se dresse encore entre Manon Fiorot et la ceinture tant convoitée. Celle que la Française veut détrôner, et envoyer à la retraite. Ou plutôt au Hall of Fame. Car Valentina Shevchenko, championne des -57kg de l’UFC et adversaire de la Niçoise dimanche à Montréal en co-main event de l’UFC 315 (à partir de 4h sur RMC Sport 1), apparaît comme la boss de fin du MMA féminin. Présentation.

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Une des trois plus grandes athlètes de l’histoire de l’UFC

L’ordre changera selon les uns et les autres, mais de l’avis de la plupart des observateurs, trois combattantes ont marqué durablement l’histoire des catégories féminines de l’UFC: Ronda Rousey, ancienne championne des -61kg et première star planétaire du MMA féminin ; Amanda Nunes, qui a mis un point final à la carrière de cette même Rousey en 48 secondes un soir de décembre 2016 ; et Valentina Shevchenko, qui restera pour toujours une reine des -57kg.

Arrivée à l’UFC en 2015, il y a bientôt dix ans, "Bullet" (37 ans, 24 victoires, 4 défaites et 1 nul en carrière) a pris la ceinture des poids mouches pour la première fois en 2018, et a déjà combattu à douze reprises pour la couronne, un record qu’elle partage avec Nunes. Son treizième combat pour le titre, ce week-end contre Manon Fiorot, la fera passer seule dans une autre sphère, quel qu’en soit le résultat. "Pour moi, ça fait clairement partie des légendes de la catégorie", explique Fiorot à RMC Sport. "C’est l’une des combattantes les plus dominantes de l’histoire de cette division. Quand je suis rentrée à l’UFC (en 2021), c’était déjà la championne. Je la mets dans les trois noms des légendes de l’UFC."

Une carrière dont la fin se précise

Fiorot, qui a toujours vu Shevchenko davantage comme une "possible adversaire" que comme un "modèle", estime pourtant que son prime est passé. "Au vu de ses derniers combats, je pense qu’elle est quand même un peu en dessous. On voit qu’elle est beaucoup moins dominante qu’à ses débuts", analyse la Française. Après neuf victoires consécutives, Shevchenko a en effet chuté à la surprise générale contre Alexa Grasso en mars 2023 (défaite par soumission), et n’a pas réussi à reprendre son titre lors de la revanche de septembre 2023 (match nul).

Il a fallu attendre le dernier épisode de la trilogie, en septembre 2024 au cœur de la Sphere de Las Vegas, pour qu’elle récupère son bien, à la décision, mais sans briller. "Je l’ai trouvée beaucoup moins dominante, au niveau du cardio et tout je sentais la fatigue, je voyais l’impact moindre des coups", commente Manon Fiorot, remplaçante officielle lors de ce combat et donc aux premières loges. Après avoir attendu son tour pendant des mois et des mois, la Niçoise a d’ailleurs dû faire un pressing intense sur les réseaux sociaux pour obtenir son title shot. Un combat que Shevchenko a longtemps semblé vouloir esquiver…

Une guerrière comme sa mère, et comme sa soeur

Si la plus grande partie de sa carrière est derrière elle, c’est aussi parce que Valentina Shevchenko affiche tout de même 25 ans de pieds-poings au compteur. Née en 1988 au Kirghizistan (alors URSS) de parents d’origine ukrainienne, elle a baigné très tôt dans les arts martiaux et les sports de combat. Pas grâce à son père, un militaire qui a joué dans la sélection kirghizstanaise de football, mais grâce à sa mère.

"Ma mère est présidente de la Fédération kirghizstanaise de boxe thaïlandaise, et elle est aussi ceinture noire, troisième dan en taekwondo", expliquait-elle en 2021 au média russe Sport Express. Une mère qui a converti Valentina et sa sœur aînée Antonina (elle aussi ancienne combattante de l’UFC) à sa passion, et son mode de vie. "C'est grâce à elle que nous pratiquons les arts martiaux. C'est elle qui nous a amenées à notre entraîneur, Pavel Fedotov. C’est grâce à elle qu'Antonina et moi avons obtenu de tels résultats. Les arts martiaux sont une tradition dans notre famille. Ce n'est pas seulement un passe-temps, ni un moyen de gagner de l'argent, ni un sport. Pour moi, les arts martiaux sont ma philosophie, ma religion, ils sont tout pour moi." Passée par le taekwondo, le muay thaï et le kickboxing, Shevchenko a ainsi disputé son premier combat pro de MMA en 2003, année de ses 15 ans.

Une citoyenne du monde

Russophone de langue maternelle, et détentrice d’un passeport du Kirghizstan, Valentina Shevchenko a aussi la particularité de posséder la nationalité… péruvienne, son pays d’adoption, dont elle a défendu les couleurs dans des compétitions internationales de muay thaï. Derrière cet improbable mariage, un simple voyage en 2007, avec son entraîneur historique Pavel Fedotov et sa sœur Antonina.

Tombé amoureux du pays d’Amérique latine, le trio quitte la Russie - où Shevchenko vivait - et s’y installe durablement, pour y bâtir un club d’arts martiaux et y donner des cours. "Nous avons vécu au Pérou pendant huit ans au total", racontait-elle en 2021. "Nous avons vécu à Lima, la capitale sur la côte océanique, et nous avons aussi vécu en Amazonie. L'Amazonie m'a marquée. La vie y est difficile, car c'est une jungle. Pour se rendre à la capitale locale, Iquitos, il n’y avait pas de route. On devait prendre un petit bateau et naviguer 30 minutes."

Les résultats sportifs de Valentina Shevchenko ont fait d’elle une célébrité locale. Ses performances télévisuelles aussi. En 2013, la combattante s’est fait remarquer en participant à un télécrochet de danse, Combate. Un concours qu’elle a remporté avec son binôme de l’époque.

Depuis plusieurs années, "Bullet" est installée, toujours avec son coach et sa sœur, à Las Vegas, où elle s’entraîne quotidiennement à l’UFC Performance Institute, le complexe que l’organisation de MMA met à disposition de ses combattants.

Une James Bond au féminin

À la manière d’un Ciryl Gane en France, Valentina Shevchenko a aussi fait une petite infidélité au MMA en 2020, quand elle est apparue dans le film Bruised, avec Halle Berry. Un long métrage dans lequel elle incarnait une championne argentine de MMA, rivale de l’héroïne jouée par l’actrice américaine. De son propre aveu, son modèle cinématographique s’appelle pourtant James Bond.

"Je ne suis pas seulement une combattante", assurait-elle il y a quelques années. "J'essaie de me développer sur tous les plans. Mon entraîneur, Pavel Fedotov, m'a toujours enseigné cela. Un combattant n'est pas seulement un combattant, mais aussi une personne. Vous devez être une personne autonome qui peut faire beaucoup. Pour moi, James Bond est l'incarnation de la polyvalence. C'est une personne qui peut faire beaucoup de choses. Il peut se battre, conduire une voiture, un avion, un yacht, un hors-bord. Il peut tout faire. Comme un combattant de MMA qui peut utiliser n'importe quelle technique d'arts martiaux. C'est la même chose en termes de personnalité: plus vous absorbez de connaissances, mieux vous vous sentez. Aujourd'hui, j'essaie de m'éduquer, d'acquérir les compétences et les capacités qui m'intéressent, afin de pouvoir les mettre en pratique à l'avenir."

Si sa sœur Antonina s’est reconvertie comme pilote d’avion, Valentina donne plutôt dans les bateaux… et les armes à feu. Passionnée de tir, la combattante a participé à plusieurs compétitions. Les spectateurs de son combat contre Manon Fiorot, ce week-end, pourront d’ailleurs admirer ce surprenant pistolet tatoué sur une hanche. Son côté américain, probablement.

C.C.