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UFC - Alan Baudot: "Même si on a mal à la tronche…"

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Après une défaite et un "no contest", Alan Baudot aborde son troisième combat à l’UFC ce week-end à Las Vegas face à Parker Porter (à suivre en direct et en exclusivité à 1h sur RMC Sport 2 dans la nuit de samedi à dimanche) prêt et ultra motivé pour aller chercher son premier succès dans la plus grande organisation. Le combattant du MMA Factory, partenaire d’entraînement de Ciryl Gane, se confie en longueur à RMC Sport avant ce rendez-vous.

Alan, comment s’est déroulée votre approche de ce troisième combat à l’UFC?

Mon camp s’est très bien passé. J’ai beaucoup tourné debout avec Boulox, Aboubacar Bathily, qu’il a les mêmes mensurations que mon adversaire et le même style et qui m’accompagne à Las Vegas avec Benjamin Sarfati. Au sol, j’ai tourné avec des gars comme David Vigilant. Je n’ai pas été blessé. Au niveau de la préparation physique, on a travaillé sur des aspects tout à fait différents par rapport à mon dernier combat. On était plutôt sur un aspect de relâchement, apprendre à maîtriser un peu ses émotions et ne pas mettre la même intensité sur cinq minutes, faire des variations d’intensité. J’ai également fait une très bonne préparation mentale, car c’est un peu ce qui nous a fait pécher sur le dernier combat. J’ai aussi investi plus ou moins sur moi. Il y avait le combat de Ciryl Gane à Los Angeles et vu que la moitié de l’équipe était là-bas, j’ai décidé de faire le déplacement pour pouvoir continuer à m’entraîner avec Benjamin Sarfati tout en donnant de la force à Ciryl. J’ai mis tous les moyens pour faire un très bon et je me sens très bien.

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Vous évoquez le mental, aviez-vous l’impression que c’était la chose à le plus travailler après votre dernier combat?

Par rapport à ma dernière prestation, c’est quelque chose qui était un peu en mode point d’interrogation pour nous et on a voulu creuser ça, continuer à travailler sur des choses qui pour nous apparaissaient comme des points faibles. On s’est amélioré là-dessus, ce qui ne veut pas dire que tout est parfait car ce n’est jamais le cas, et tous les voyants sont au vert. Même si j’ai eu des défaites et des débuts difficiles à l’UFC, ça m’a donné de l’expérience, ça m’a fait me remettre en question et j’ai été chercher des réponses à des endroits que je n’aurais peut-être pas creusés.

Comment cela s’est-il concrétisé?

Du travail avec Benjamin Baroukh-Ebstein, le préparateur mental du MMA Factory. Pour moi, c’était surtout le fait de ne pas abandonner, de ne rien lâcher. En poids lourds, on le sait, ça cogne fort. Sur mon dernier combat, j’ai fini avec vingt points de suture au visage, dix vers le nez, dix sur l’arcade, même si les gens ne l’ont pas vu. C’est peut-être ça qui m’a fait pécher, se dire que même si on a mal à la tronche… Comme on dit au rugby, sport que j’ai pratiqué, "même si on met le casque, on met la gueule". Donc même si on sort avec la gueule fendue, ce n’est pas grave, on ne s’arrête pas.

Votre adversaire est l’Américain Parker Porter, qui reste sur deux succès. Comment imaginez-vous ce combat?

Là où ce n’est pas de chance pour lui, c’est que j’ai l’impression que mes points forts sont ses points faibles. Et je pense que ça va être très dur pour lui, qu’il ne s’attend pas du tout à ça. C’est toujours facile de dire que tel mec est sur deux défaites ou deux victoires mais ça ne veut rien dire. On est chez les poids lourds, tout peut arriver en très peu de temps. Il aura juste à bien se tenir et tout va bien se passer pour lui. Je vais m’occuper de son cas. Je vais faire exactement ce pourquoi je suis venu et j’ai travaillé pendant un peu plus de deux mois de camp. J’ai une stratégie, on va la mettre en place, et si tout se passe très bien, car tout n’est pas forcément contrôlable, ça devrait donner quelque chose de beau. D’habitude, je donne toujours une prédiction. Mais là, je n’en ai pas forcément envie. Le plus important, c’est qu’on lève ma main à la fin des quinze minutes. Et si ça ne va pas jusque-là, soumission ou KO, je prends tout.

Votre deuxième défaite à l’UFC, contre Rodrigo Nascimento, a depuis été officiellement transformée en "no contest" après un contrôle positif de votre adversaire. Est-ce que vous la considérez quand même toujours comme une défaite dans votre tête?

Non, c’est un "no contest", je considère que je reste sur ma première défaite, donc ma seule défaite, face à Tom Aspinall. En l’espace de trois combats, je suis tombé deux fois sur des mecs dopés. C’est un peu lourd mais c’est comme ça. Ils ont joué, ils ont perdu.

On sait que l’UFC n’hésite pas à couper des combattants après une série de défaites. Vous mettez-vous une pression par rapport à ça avant ce troisième combat à l’UFC? Et est-ce que quelqu’un de l’UFC a évoqué cela avec vous ou votre camp?

Ils ne me parlent pas personnellement et de ce que je sache, ils n’en ont pas parlé à mon manager. S’ils l’ont fait, il ne m’en a peut-être pas parlé pour ne pas m’affoler ou me mettre de doute. Mais il y a des catégories où clairement, tu as besoin de gagner pour rester à l’UFC, et d’autres, comme la mienne des lourds ou les lourds-légers, où tu as surtout besoin de donner une certaine prestation. On est déjà très peu d’élus à être à l’UFC et des gars qui restent invaincus ou qui ne connaissent pas de coup dur pendant un moment, c’est rare. Il n’y a pas des millions de lourds sur le marché. Je suis là pour faire un travail et je vais le faire, à savoir faire en sorte que ceux qui ont payé pour l’événement à la télé ou dans la salle soient satisfaits du show. C’est ma mission première. Et si en plus de ça il y a la victoire, c’est encore mieux.

Quelle est votre situation contractuelle avec l’UFC?

J’ai un contrat de quatre combats, là c’est mon troisième. Mais je me demande une chose: comment compte mon "no contest" du dernier combat ? J’en reviens à ces histoires de dopage. De un, le mec salit mon sport, pour lequel je me donne tous les jours. Il se donne aussi, d’ailleurs, mais il le salit. De deux, il se tape la honte, on le voit moins comme un grand sportif et plus comme un tricheur. Et de trois, il m’enlève toute ma hype.

Vous évoquiez le combat pour le titre de Ciryl Gane. Le lendemain, le JT de 13 heures de TF1 faisait un sujet dessus et sur le MMA en général. Le combattant français que vous êtes se dit-il que cet événement a ouvert beaucoup de perspectives pour vous et votre sport dans notre pays?

Je vois que des choses ont changé. Mais il faut encore éduquer des gens. C’est comme tout. Les médias parlent de ce qui fait du bruit à l’instant T. Mais le MMA, ça fait du bruit depuis longtemps. La France n’était juste pas sur la même fréquence de bruit. Il y en a toujours mais on n’était pas forcément ouvert à ça. Maintenant, on l’est un peu plus mais il faut encore pousser, qu’on soit plus de combattants français à rentrer à l’UFC ou dans d’autres grosses organisations mondiales, à faire des exploits, à se mélanger avec des artistes, des acteurs, d’autres sportifs de haut niveau, et ne pas forcément rester dans notre sphère entre nous, en ne travaillant que pour notre poire. Il n’y a pas que le MMA d’ailleurs. Il y a des Olympiens qui n’arrivent pas à vivre de leur sport alors qu’ils ont obtenu la plus haute distinction pour un sportif dans sa vie. Par exemple, je ne pense pas que les gars de l’équipe de France d’aviron soient très connus et ce serait bien que les gens du MMA donnent de la force à ceux de l’aviron, et inversement, que le foot ou des artistes nous donnent aussi de leur force. Tout ça fera que tout le monde pourra monter ensemble. On besoin d’un mouvement, même au niveau des fans où il faut un mouvement de foule et pas seulement celui d’un petit groupe.

Ciryl Gane est désormais l’athlète français des sports de combat le plus suivi sur Instagram. Imaginez-vous un profil comme le sien bientôt au niveau des plus grandes stars sportives de notre pays en termes de contrats publicitaires par exemple, une perspective historique pour un sport longtemps très mal considéré et banni en France?

Tout à fait. Après, MMA ou pas, c’est aussi une question de profil. Est-ce que je suis bon acteur? Est-ce que je fais un beau modèle ? Est-ce que ça colle avec telle ou telle marque? Par exemple, je suis dans la même catégorie que Ciryl mais on n’a pas le même physique ni les mêmes envies. Il y a des choses qui font qu’un mec attire plus. Il faut aussi travailler avec les bonnes personnes, avoir l’équipe qui faut pour se professionnaliser et faire évoluer notre sport.

Entre son combat et le repos bien mérité derrière, on suppose que Ciryl n’a pas trop pu participer à votre camp pour cette fois.

Non, du tout. Il avait son camp, il y avait le mien, et il y a juste eu quelques fois où on a pu tourner ensemble. J’aime beaucoup travailler avec Ciryl, lui aussi, et quand j’ai commencé mon camp, j’ai demandé à Benjamin Sarfati et à Fernand Lopez si je pouvais venir faire mon premier sparring avec Ciryl. Je sais que ça me met en confiance, qu’il y a une bonne humeur qui s’installe et que je suis très motivé pour aller au boulot, ça me lance bien pour commencer ensuite mon camp à côté. J’ai fait mon premier sparring avec lui et après on a tourné une ou deux fois au sol à Los Angeles, la semaine de son combat, et c’est à peu près tout. Je ne ressemblais pas au style ou au physique de Francis Ngannou, ce qui est difficile à trouver d’ailleurs, et Ciryl ne ressemble pas à Parker Porter donc on a trouvé des sparring-partners plus similaires. C’est une des facilités du MMA Factory: un gros vivier d’athlètes différents, on trouve toujours le sparring idéal.

L'ami de Ciryl que vous êtes aimerait voir quel prochain combat pour lui?

Je me fiche de savoir contre qui, et je n’y ai pas trop réfléchi. Je ne suis pas dans sa peau, c’est difficile de se mettre à sa place, mais je pense qu’il a besoin de kiffer un peu, de s’occuper de sa petite famille, de passer des bons moments avec eux. J’ai moi-même des enfants et la salle nous tire loin d’eux. Ils grandissent, ils sont en bas âge, il faut leur donner des bons souvenirs, c’est dur et assez complexe à gérer. D’un côté, on vit sous la lumière et beaucoup de gens aimeraient être à notre place, mais d’un autre côté, j’aimerais parfois avoir la position des personnes qui voient leurs enfants tous les jours et peuvent les emmener tous les jours à l’école. Je pense qu’il a besoin de repos mais je sais qu’il va revenir très fort. Il n’est tombé que là où tout le monde aimerait aller, le plus tard possible, et je dirais même qu’il n’est pas tombé. Ce n’est pas comme s’il avait pris un gros KO. La chute n’est pas grosse, il a juste mis un genou à terre et ça va être facile de se relever.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport