UFC: Israel Adesanya, superstar à la relance

Il est de retour dans l’octogone. Et il est là pour longtemps. L’agence de management Paradigm Sports a annoncé ces derniers jours la signature d’un nouveau contrat entre son client Israel Adesanya et l’UFC. Un deal qui fait du champion des moyens "un des athlètes les mieux payés de l’histoire du MMA", a priori seulement derrière un certain Conor McGregor – qui l’a encensé comme "l’un des derniers combattants de très haut niveau de l’effectif qui sait aussi performer et faire le show" – si l’on en croit les dernières informations. Un deal mérité, surtout. "Tu ne peux pas sous-estimer ma valeur pour cette compagnie, se satisfait-il. Je lui apporte beaucoup de choses. La nation du Nigéria, le continent océanien… Je suis quelqu’un qui a su briser les murs pour devenir mainstream. J’ai ce charme, cet intérêt. Je suis heureux que l’UFC commence à voir ça même s’ils le savaient depuis le départ."
Toujours invaincu dans sa catégorie (21-1 en carrière), spectaculaire et showman, premier combattant de la discipline signé par la marque Puma, le Néo-Zélandais natif du Nigeria est bien l’une des plus grosses stars de la prestigieuse UFC. Qui promet de ne pas sombrer dans le côté sombre de la richesse et de la popularité comme Conor McGregor ou Jon Jones ont pu le faire dans le passé, question d'entourage à l'image de son père Oluwafemi, comptable qui l'aide à gérer ses finances: "Vous ne me verrez pas sur TMZ en train de faire des trucs dingues car j’ai les bonnes personnes autour de moi, un cercle très restreint de personnes qui me gardent les pieds sur terre, qui tiennent vraiment à moi, qui m’aiment et veulent le meilleur pour moi comme je veux le meilleur pour eux. Je ne suis pas un saint, j'ai mes défauts, mais j’apprends de mes erreurs au contraire d’autres personnes. Et je ne les répète pas."
"L’année dernière a été mon année la plus terne depuis mes débuts à l’UFC"
Mais à l’heure de retrouver Robert Whittaker – à qui il avait pris la ceinture à l’UFC 243 en octobre 2019 sur un KO au deuxième round – dans le combat principal de l’UFC 271 ce week-end à Houston, il a encore des choses à prouver. Aux fans comme à lui-même. La raison? Une année 2021 que l’intéresse juge insatisfaisante entre son défi raté pour aller conquérir la ceinture des lourds-légers, battu par Jan Blachowicz sur décision unanime, et sa victoire nette mais sans briller plus que ça sur Marvin Vettori pour défendra son titre des moyens. Deux performances où il n’a pas montré assez et jamais envoyé ses adversaires au sol, loin des standards de l’homme qui avait signé dix knockdowns dans ses sept premières sorties à l’UFC. "Je ne suis pas content, reconnaît-il au micro du média américain ESPN. Pour être honnête, l’année dernière a été mon année la plus terne depuis mes débuts à l’UFC."
La moins amusante, aussi. "Dans le combat contre Vettori, il y a un moment où j’ai commencé à m’ennuyer, raconte-t-il. Mon coach de striking, Twista, m’a dit à un moment: 'Ne tombe pas dans l’ennui, reste dans le combat'. Et je lui ai dit que c’était vrai. Je ne sais pas ce qu’il a vu mais il a remarqué que j’avais switché vers ça. Je me suis dit: 'Ce n’est plus vraiment fun', car ce gars n’essayait pas de gagner, il essayait juste de survivre." Idem face à Blachowicz. "Je me suis aussi un peu ennuyé, poursuit-il au sujet de ce combat. Je me disais: 'OK, est-ce que tu vas essayer de me mettre des gros coups? Est-ce que tu vas essayer de me soumettre?' J’attendais quelque chose mais Jan en faisait juste assez pour que l’arbitre laisse la chose continuer. C’est un vétéran et il a su faire ce qu’il fallait." "The Last Stylebender", son surnom, reconnaît de la "suffisance", de la "complaisance". Mais il a trouvé la solution. Revenir aux fondations.
"J’ai déjà accompli beaucoup et surpassé beaucoup de mes objectifs mais j’en ai écrit de nouveaux que je veux accomplir donc je vais revenir à la base, à ma version plus jeune, quand j’absorbais tout autour de moi et que je profitais du moment. Je reviens au jeune Izzy. Celui à qui tu montrais un mouvement un jour et qui l’utilisais contre toi dès le lendemain. J’ai retrouvé mon amour pour ce jeu, pour les arts martiaux, pour l’apprentissage. Je suis un ninja imitateur, c’est pour ça que je suis un bon danseur car je peux répliquer un mouvement que je vois. J’ai retrouvé cet état d’esprit de jeunesse. Quand je vois les élèves de mon pote Carl Van Roon travailler, des spécialistes du taekwondo de 15-16 ans, j’essaie de faire la même chose et de répliquer leur cadence à 32 ans. J’ai retrouvé cet état d’esprit pour ne plus m’ennuyer." Adesanya a retrouvé l’appétit du combattant, la rage du champion qui ne compte pas lâcher sa ceinture. Et il compte bien le prouver.
Par son activité, d’abord: "Je veux au moins trois combats cette année". Par ses performances, ensuite. "Je veux me mettre la pression pour accomplir tout ce que je peux réaliser", résume-t-il. Pour l’instant, et même si beaucoup tentent de vendre l’idée d’un choc XXL contre le champion des welters Kamaru Usman que les deux potes refusent sauf énorme chèque, l’idée semble de rappeler au monde qui est le grand patron des moyens en faisant tomber un à un les challengers. S’il bat une nouvelle fois Whittaker, Adesanya deviendra le deuxième combattant de l’histoire au nombre de défenses de la couronne des moyens (avec quatre) derrière Anderson Silva, qu’il avait battu sur décision unanime à l’UFC 234 en février 2019. A bientôt 33 ans (en juillet), peut-il un jour égaler le légendaire Brésilien?
"Izzy", qui assure avoir "déjà dépassé la moitié de sa carrière", a le talent et le contrat pour. Mais difficile à dire dans un sport où les talents se multiplient de plus en plus et où une nouvelle pépite peut vite arriver et tout chambouler. S’il a battu quatre des cinq premiers au classement de la catégorie, seul Jared Cannonier (qui défie ce week-end Derek Brunson) manquant à son CV, les défis ne manqueront pas, à l’image de du seul homme qui l’avait mis KO en kickboxing au GLORY Alex Pereira ou encore entre autres de Nassourdine Imavov si le Français d’origine daghestanaise poursuit de grimper les échelons. Mais avant de voir plus loin, il faut repasser l’obstacle Whittaker. L’Australien, qui reste sur trois victoires convaincantes sur Darren Till, Jared Cannonier et Kelvin Gastelum depuis sa défaite contre Adesanya, a promis avoir retenu les leçons de leur premier affrontement.
Il assure que le trashtalking qui avait entouré leur combat à l’époque l’avait fait "dégoupiller" et l’avait poussé à combattre trop agressivement, et qu’il ne reproduira pas l’erreur. Il affirme être "meilleur" et "mieux dans (s)a tête", prêt à relever le défi d’un champion qu’il image plus battable depuis qu’il l’a vu se faire malmener au sol par Blachowicz. "Il peut essayer, il verra ce qui se passe, s’en amuse le détenteur de la ceinture. Il ne fait pas le poids de Jan. Et même s’il m’a battu, je ne me suis jamais senti en danger dans ce combat. Les gens sous-estiment ma puissance en lutte car ils me voient comme un grand maigre." Adesanya, lui, parle de "déjà-vu" et promet de "faire la même chose mais différemment".
"Les gens surestiment beaucoup trop ses trois dernières victoires, lance-t-il sur sa chaîne YouTube. Au point où je me dis: a-t-il inventé une nouvelle prise ou quelque chose comme ça? A-t-il réinventé le jab ou je ne sais quoi? Il s’est amélioré, oui, mais pas autant que les gens le clament. Les gens ont peut-être des standards très bas, voilà tout. Moi, mes standards sont élevés. Il a très bien mené sa barque dans ces trois combats. Mais en même temps, si vous alignez ces trois gars ensemble, ils ne sont pas à ma hauteur. Ce n’est pas la même chose." Et d’enfoncer le clou: "Mon pronostic, c’est que je vais encore foutre en l’air Whittaker. Il ne peut pas combattre debout avec moi donc je sais qu’il sera obligé de passer à la lutte. Il avait dit que Gastelum avait trouvé la façon de battre Adesanya. Maintenant il dit que Jan Blachowicz a trouvé le moyen. Mais non, il doit écrire son propre plan." Adesanya a la sien. Pour ce week-end comme pour la suite.