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UFC: "L'énergie est différente", comment Oumar Sy fait de sa préparation à l'étranger son facteur X

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Aux portes du top 15 de l'UFC dans la catégorie très ouverte des -93kg, Oumar Sy a l'occasion ce dimanche 15 juin (à partir de 4h sur RMC Sport 1) d'intégrer le prestigieux classement s'il s'impose contre l'Américain Alonzo Menifield à Atlanta. Un duel que l'invaincu combattant français a préparé en Floride, loin de chez lui. Comme souvent.

Il s’apprête – si tout se passe comme prévu – à devenir le sixième combattant français classé dans le top 15 de l’UFC. Et il est, à ce jour, le dernier encore invaincu dans l’organisation. "C’est ce qui me différencie des autres", sourit-il. Mais parmi l’élite du MMA tricolore, Oumar Sy (11V, 0D) est l’un de ceux que l’on entend, que l’on voit, que l’on connait le moins.

À 29 ans, le colosse d’1,93m, 30e mondial chez les -93kg selon Fight Matrix, ne passe pourtant pas inaperçu. Mais il se complait dans l’ombre. "Je me considère comme un mec normal, un mec lambda", confiait-il il y a quelques jours au Fighter Club Sunday de RMC Sport, dans l’une de ses rares interventions médiatiques avant son combat ce dimanche 15 juin contre l’Américain Alonzo Menifield (16V, 5D, 1N), en carte principale de l’UFC Fight Night à Atlanta (sur RMC Sport 1). "Ce qu’on doit retenir de moi, c’est que je suis un simple bosseur. On n’est pas tous à la recherche de la fame, à la recherche de la lumière extrasportive. Je suis juste un acharné de boulot qui veut réussir dans son domaine. Le MMA en France est nouveau, beaucoup de combattants recherchent de l’extrasportif, pas moi. Maintenant c’est sûr que si tu tabasses les gens, ça va venir..."

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L'American Top Team en Floride? "C'est dur, c'est compliqué"

Il est comme ça, Oumar Sy. Cash, sans détours, pas du genre à faire copain-copain avec le reste du MMA hexagonal. Le combattant originaire de Clichy (Hauts-de-Seine) a d’ailleurs un parcours atypique pour l’époque. Sur ses onze premières sorties professionnelles depuis 2019, le lourd-léger est passé par huit organisations différentes (100% Fight, Oktagon, KSW, Ares…) et a combattu sept fois à l’étranger.

Suisse, Allemagne, République tchèque, Pologne, États-Unis… Un CV digne des pionniers, de la période pré-légalisation en France. Une histoire d’opportunités, mais pas seulement: Oumar Sy a voulu bâtir sa carrière autrement. "J'ai fait le tour de l'Europe. Sans faire une critique, je ne voulais pas la trajectoire de combattants qui ne connaissent qu'une organisation", expliquait-il à L’Équipe en 2023. "Ce n'était pas bon pour mon développement. Et ça fait du bien de bouger, car on peut avoir des a priori."

S’il a ses coachs en région parisienne, et vit en France avec sa famille la majorité de l'année, le combattant – passé très éphémèrement par la MMA Factory il y a quelques années – n’a pas rejoint de grosse écurie de la capitale ou du sud du pays. Il a fait un autre choix: celui de l’exil. Depuis 2024, il prépare ainsi ses combats en Floride, à l’American Top Team, l’une des salles les plus réputées de la planète, où s’entraînent entre autres Dustin Poirier, Renato Moicano, Kayla Harrison, Arman Tsarukyan, Bo Nickal… Une densité monstrueuse, une école de l’humilité.

"Ma préparation à l’American Top Team, c’est dur, c’est compliqué, l’énergie sur le tatami est différente de celle en France", décrit à RMC Sport Oumar Sy, qui s’est aussi entraîné par le passé au Brésil, aux Pays-Bas ou en Suède, avec le monstre Khamzat Chimaev.

"J’ai des partenaires d’entraînement qui sont plus expérimentés, plus forts que moi, donc c’est parfait."

Alors que la recherche de sparrings peut parfois s’avérer compliquée en France, notamment dans les catégories lourdes (un sujet souvent débattu pour Ciryl Gane), Oumar Sy a trouvé, dans la salle de Coconut Creek, à qui parler. Avant l’UFC Paris en 2024, le Français avait notamment mis les gants avec Ivan Erslan, autre lourd-léger de l’organisation américaine. "Mais le topo, ce n’est même pas forcément les noms avec qui je tourne", assure Oumar Sy. "C’est vraiment l’énergie sur le tatami, c’est là où j’apprends. Souvent en France, les mecs sortent du travail, ils viennent à l’entraînement, ils sont déjà fatigués… Là, non. Tout le monde est focus à 100% sur le sport." Lui le premier.

"L’objectif premier, c’est de garder mon invincibilité le plus longtemps possible"

Après avoir longtemps conjugué sa carrière de combattant avec des petits boulots, Oumar Sy a enclenché la vitesse supérieure, et regarde droit devant lui: vers ce top 15 des -93kg de l’UFC, une catégorie très ouverte derrière le champion Magomed Ankalaev et les deux challengers principaux, Alex Pereira et Jiri Prochazka. Très complet, très à l’aise au sol (4 KO/TKO, et 4 soumissions sur 8 finishs), Sy sait qu’il a toutes les armes pour avancer vite, et loin, dans la division.

Mais tout n’a pas été simple depuis sa signature à l’UFC, fin 2023. Son premier combat dans l’organisation en mai 2024 avait été marqué par trois changements d’adversaire les semaines précédentes, et une pesée d’abord ratée (avant d’être validée), pour une histoire de réglages de balance. Cela ne l’avait pas empêché de soumettre George Tokkos au premier round, en costaud.

Sa deuxième victoire, à l’UFC Paris en septembre 2024, est elle tombée à la décision. "Un combat correct", jugera-t-il. D’abord très bien embarqué contre le Sud-Coréen Da Woon Jung, Oumar Sy a ensuite paru plus en contrôle sur la deuxième partie du fight devant les milliers de spectateurs de l’Accor Arena de Bercy. Essentiellement parce que son adversaire n'avançait pas, ce qui n'aide pas à emballer les débats, mais peut-être pas seulement. Le lendemain, Oumar Sy postait en effet une photo de sa cheville ayant triplé de volume. Et le début d’année 2025 n’a pas été tout rose non plus. Sy devait initialement affronter Alonzo Menifield le 22 mars à Londres. Mais un mois avant, il annonçait son forfait, pour une fâcheuse blessure contractée à l’entraînement.

Heureusement, le train Menifield (actuel numéro 15 à l’UFC) va repasser. "Je pense que c’est un bon combattant, expérimenté, après je ne pense pas que ce soit le meilleur combattant que j’ai pris dans ma carrière. Je pense sincèrement que le Coréen que j’ai pris à l’UFC Paris était plus fort", observe le Français. "L’objectif premier c’est de garder mon invincibilité le plus longtemps possible, et si je peux entrer dans le top 15, c’est magnifique. (…) Je viens pour faire un combat qui ne dure pas longtemps, sans me blesser, et puis ensuite enchaîner avec l’UFC Paris. Prendre un top 12, 11, 10, ce serait parfait pour moi."

https://twitter.com/clementchaillou Clément Chaillou Journaliste RMC Sport