UFC Paris 2024: "Je n'ai pas d'ego", Oumar Sy la nouvelle force tranquille du MMA français

Oumar, c’est votre 2e combat à l'UFC, vous serez opposé au Coréen Da Un Jung. Comment vous abordez ce 2e défi dans la olus grande organisation de MMA?
Je l'aborde normalement, comme d'habitude. Prêt à en découdre et prêt à rentrer uniquement avec la victoire.
Pour votre premier combat, il y avait eu beaucoup d'annulations, vous aviez changé trois fois d'adversaire. Vous êtes plus serein dans l'approche cette fois?
Oui, on a pu bien mettre en place un game plan. Après, moi qu’il y ait eu deux ou trois adversaires, comme je le répète souvent, c’est pareil pour moi. Mais là, le fait d'avoir un adversaire, on a pu se préparer, se concentrer, et puis c’est cool.
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On vous le répète très souvent depuis votre arrivée à l'UFC: vous êtes dans une catégorie où il y a de la place pour grimper très vite. Vous voyez ce combat comme une marche qui peut vous amener aux portes du top 15, voire dedans si vous faites une grosse perf?
Non, je pense pas. Je pense que l’UFC a aussi un bon plan pour moi, c’est de me faire monter tranquillement. Moi, je suis 40e mondial, lui, il est 30e, donc on ne va pas brûler les étapes. Je ne suis pas pressé, moi. Je suis là, je prends les opportunités qui se présentent à moi et puis on va monter tranquillement.
Vous avez des qualités qu’on ne retrouve pas beaucoup. On sait que vous êtes très bon au sol, et vous l'avez montré tout de suite. C’était une volonté de votre part sur le premier combat de dire "il y a un grappler dans cette catégorie qui peut arriver, qui peut vous soumettre très rapidement"?
Non, même pas. Moi, je me fie au coach. Voilà, moi, je sais tout faire. Maintenant, si je fais parler mon sol, c’est parce qu’il y a un game plan qui a été mis en place et moi j’ai suivi le game plan. Peut-être que si je n’avais pas suivi le game plan, j’aurais pu perdre. Je n’ai pas d’ego, je n’ai pas de problème à suivre les game plans. Donc si il faut que je soumette 20 fois les mecs, je les soumettrai 20 fois, sans faire parler forcément la boxe. Maintenant, là, c’est un adversaire qui est quand même assez costaud. C’est la première fois que j’affronte un adversaire qui est plus physique que moi, et on sait tous que les Asiatiques à haut niveau, ils sont bons. Donc là, ça va être un combat de MMA.
Votre adversaire reste sur trois défaites de suite. Comment abordez-vous ce match up-là? Vous pensez que c’est un mec bien à prendre à ce moment de sa carrière?
Mais en fait, il a trois défaites contre des noms. Enfin, quand je dis des noms, c’est qu’en fait, aujourd’hui, c’est moi qui suis à sa place. Donc lui, ils lui ont donné l’opportunité de monter. Ça n’a pas marché et voilà. Là, je pense qu'il est sur le dernier combat de son contrat. Donc je pense qu’il est hyper motivé. Moi, je suis sur mon 2e. En fait, on a tous les deux notre carte à jouer sur ce combat-là.
C'est forcément spécial parce que c'est Paris. Comment on aborde le fait de combattre dans la plus grande ligue du monde à la maison, devant les siens? Est-ce que ça vous met une pression en plus, du bonheur en plus?
Honnêtement, je m'en fous un peu. Moi, je suis là pour la victoire. Faut apprendre à se déconnecter de tout ça. Moi, je viens juste pour la victoire, que ça soit à Paris ou que ça soit à New York, c’est pareil pour moi.
Vous n’avez pas eu le même parcours que certains autres combattants français. Vous avez fait vos armes à l'étranger, mais sur des grosses ligues. Même si le public français vous a déjà vu, c'est un peu une présentation officielle. Est-ce qu'il y a aussi, dans un coin de votre tête, la volonté de dire "regardez, je suis Oumar Sy. Très bientôt, vous allez me voir sur une haute sphère"...
Moi, je crois au destin, donc il se passera ce qui se passera. Je ne le répéterai jamais assez: je viens pour gagner. Je n’ai jamais fait un combat où ça a été de la figuration, où on a pu sentir que je venais juste pour être là. J'ai toujours combattu, la plupart du temps, en terrain hostile, ça s'est toujours bien passé, je ne vois pas pourquoi, chez moi, ça se passerait autrement.
Vous portez un tee-shirt "American Top Team". Est-ce que vous êtes un peu lié à eux désormais?
Lié, non, j'y suis. Voilà, c'est avec mon équipe on a décidé que j'aille tester, et franchement, ça s'est super bien passé. Je pense que ça a été le meilleur camp de ma vie. Donc voilà, c'est là-bas que je ferai mes armes maintenant.
C'est une énorme team américaine qui a sorti beaucoup, beaucoup de gens à l'UFC et des champions. Comment avez-vous vécu les entraînements là-bas? Vous voyez une grosse différence avec ce qu'on propose en France? On dit notamment qu'en termes de quantité et qualité de sparring, il y a un monde d'écart...
En fait, ça n'a rien à voir. Par rapport au rythme d'entraînement, même par rapport à l'énergie sur le tatami, ça n'a rien à voir avec ici. On peut se retrouver dans les fitness park ou dans les On Air... Alors que là-bas, t'arrives sur le tatami, il y a une énergie de fou.
Vous avez réussi à vous hisser dans l'élite en vous entraînant comme vous vous êtes entraîné. En arrivant à l’ATT, est ce que vous vous êtes senti un peu regardé?
Honnêtement, les Français on ne démérite pas. On a quand même notre base. Et avec les qualités et la manière dont j'ai pu m'entraîner ici, quand je suis arrivé là-bas, je n’étais pas dégueulasse, j'étais correct. Maintenant, il faut savoir qu’eux, ils ont les structures, ils ont les infrastructures, ils ont tout, en fait. Ils sont en avance sur nous, c'est tout. Nous, on est un peu en retard, mais on ne démérite pas. Dans ma catégorie, on était peut-être une dizaine, dont des adversaires que j'aurais pu affronter au KSW, des mecs qui vont peut-être signer à l'UFC et que je pourrais affronter plus tard. Donc ouais, j'étais obligé de me surpasser quand même pour montrer qu’on est là.
Il y a un mec en particulier ou un sparring qui vous a marqué là-bas? Quelqu'un avec qui vous vous êtes bien chauffé?
Pas chauffé, mais j'ai eu un sparring avec Ivan Erslan, le Croate qui est aussi sur la carte de l'UFC, il combat après moi. C'est avec lui que j'ai fait essentiellement mes sparrings. Donc voilà, soutenez-le aussi.
Une semaine après l'UFC Paris, il y a la défense du titre dans votre catégorie avec Alex Pereira et Khalil Rountree. Ça va être a priori un combat de kickboxing. On sait que beaucoup se demandent ce que Pereira donnerait face à un grappleur de haut niveau. Est-ce que vous pensez au fait que votre principale qualité est un des défauts du champion actuel?
Moi, je pense qu’il est correct au sol. Ce n’est peut-être pas un grappler hors pair, mais je pense qu’il est correct. Il doit avoir les bonnes sorties et tout. Honnêtement, je n’y pense pas du tout. Moi, je suis là pour faire mes combats, pour monter tranquillement. Je vais avoir 29 ans dans deux mois. Je ne pense pas encore à ça.
Il s'agit d'une catégorie où le champion combat souvent, donc la ceinture peut changer de main plus rapidement. Est-ce que vous vous préparez déjà à affronter Pereira ou vous êtes encore dans une approche étape par étape?
Ah non, c'est vraiment étape par étape. Franchement, le top 15, je n’y pense même pas. Là, je sais que l’UFC a un plan pour moi. Il faut être conscient de ses qualités. Je suis jeune à l’UFC, je n'ai pas encore perdu. Donc je pense que l’UFC veut me faire monter tranquillement, sans me cramer tout de suite.
Si vous faites une grosse performance à Paris, est-ce que vous avez déjà des noms en tête pour la suite?
Le problème, c'est que ça peut paraître bizarre, mais moi, je ne connais même pas les mecs du top 15, je ne regarde même pas. Par exemple, Da Un Jung, il me semblait que je l'avais aperçu comme ça, mais je ne m’y suis jamais vraiment intéressé jusqu'à ce qu'on me le présente comme adversaire. Honnêtement, même le 15e, je ne connais pas son nom.
Si vous ne connaissez pas beaucoup vos adversaires, comment les abordez-vous? Vous vous basez uniquement sur les vidéos ou vous laissez tout ça à vos coachs?
Je l'avais vu parce qu’il combattait en 2019 à l’UFC, et moi, je commençais. À ce moment-là, vu que je voulais vraiment progresser, je regardais les combats des 93 kilos. Mais aujourd'hui, je ne regarde plus les combats. Mon manager, mes coachs regardent. Et parfois, je suis sur un tapis de course, dans le dur, et je me motive en regardant ses combats. Je regarde ses défauts et ses qualités comme ça.
Dernière question avant le combat de samedi à l'Accor Arena pour l'UFC Paris. On ne va pas vous demander votre game plan, mais comment imaginez-vous ce combat contre Da Un Jung?
Je pense que ça va être une bonne bagarre, tout simplement.
Une bagarre qui va tourner à ton avantage?
Ouais, essentiellement, ouais.