UFC Paris 2024: "Je ne sais pas où est ma limite", Nassourdine Imavov a les yeux rivés sur la ceinture

Nassourdine, co-main event, vous affrontez l'Américain Brendan Allen. Vous n'étiez pas là l'an dernier, ça vous avait manqué?
Oui, énormément. C'est pour ça. D'ailleurs, j'ai insisté pour être là cette fois-ci.
Ça change quoi de combattre à Paris pour vous qui avez fait des combats un peu partout dans le monde?
Beaucoup de choses, beaucoup de choses. De combattre devant sa famille, devant son public, c'est quelque chose d'incroyable. J'ai vécu ça il y a deux ans et cette fois-ci, je voulais revivre ça, cette atmosphère, ce public. C'est inexplicable, en fait. Avec les mots, je ne peux pas expliquer. Il faut le vivre.
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Après votre combat contre Jared Cannonier, vous êtes devenu numéro 4 de cette catégorie des moins de 84 kilos. Vous voilà donc dans les discussions pour le titre. Pourtant vous affrontez quelqu'un qui est moins bien placé que vous puisque les autres n'étaient pas disponibles. Quoi qu’il arrive, il fallait être à Paris?
Exactement, tout simplement. C'est un adversaire qui n'a pas de hype, c'est un adversaire qui est derrière moi et de l'affronter, ça ne va pas me servir. Mais voilà, le but, c'était juste de combattre à Paris. C'est un combat pour les Français, pour la France, pour les fans. Voilà, je combats pour les Français.
Il y a deux ans à l'UFC Paris, vous aviez affronté Joaquin Buckley. Un autre combat dans d'autres conditions avec pas mal d'émotions. Deux ans après, beaucoup de choses ont changé pour vous et vous revenez en tant que top 5. Comment vivez-vous le fait d'arriver dans un combat où c'est "Nassourdine le patron" et plus le Nassourdine qui devait prouver à ce niveau-là ?
C'est encore plus incroyable, c'est une nouvelle expérience. Ça montre que je ne stagne pas. Je grandis de jour en jour et c'est ce que je disais. Je progresse tout le temps et c'est ce qui est important pour moi. Je suis en co-main event et l'année prochaine, je serai en main event, et ça, c'est le plus important. Je n'ai que 28 ans. Aujourd'hui, je grandis toujours, c'est quelque chose de nouveau et j'apprécie beaucoup.
C'est un objectif dans votre carrière d'être main event à Paris?
Bien sûr. Déjà, de combattre, c'est l'objectif. Mais main event, c'est un petit plus. Mais déjà, d'être là, dans la position où je suis aujourd'hui, c'est franchement top.
Vous comprenez le choix de l’UFC de mettre BSD en main event? Êtes-vous vexé de ce choix?
Est-ce que je suis vexé? Non, non, parce que comme j'ai dit, le plus important pour moi, c'est d'évoluer, de ne pas stagner et j'évolue tout le temps. Et ça se comprend quelque part. L’UFC, c'est le show et Benoît, il fait du show. Donc il a la hype, moi j'ai le classement. Il a la hype et ça peut aller dans un sens comme dans l'autre. Si ça avait été Benoît, s’ils m’avaient mis moi en main event, vous auriez posé la même question. Vous auriez dit "pourquoi? Est-ce que tu comprends que tu as plus de hype que Nassourdine?" Donc là, bien sûr que non, c'est un très bon combattant et il donne du show, et ça, c'est compréhensible.
Vous combattez Brendan Allen, qui a gagné beaucoup de combats en étranglant ses adversaires d'une façon assez particulière. Est-ce que vous avez passé plus de temps sur ce camp à travailler votre grappling, travailler la lutte, ou est-ce que vous en avez profité aussi pour affûter des armes, afin d'imposer votre game?
Dans ce cas-là, on a travaillé comme dans d'autres cas, on a travaillé un peu de tout. On essaie de rester un combattant complet, le plus complet possible. Donc on travaille tous les aspects. On se concentre beaucoup sur nos points forts, le striking, ce qui va faire beaucoup de différence. Ce qui va donner le show, c'est ce qu'on a envie de donner d'ailleurs dans ce combat-là. Mais voilà, bien sûr qu'on a travaillé sur les points forts de Allen, c'est le dos, on a beaucoup vu ça, ce sont les étranglements, tout ça où je dois sortir. Je ne dois pas me laisser prendre le dos. Bien sûr, c'était très important.
Sur ses 7 dernières victoires, il y en a 5 par étranglement arrière. Et on sait qu’il ne met pas les crochets. Dès qu'il a une opportunité, il prend le dos et il est très opportuniste. Ça demande quoi pour vous comme préparation? On ne peut pas se laisser déconcentrer, même une seconde, contre lui...
Bien sûr. Le fait qu'il ne mette pas les crochets, c'est ça qui surprend ses adversaires. C'est que nous, on a tendance à... Quand tu apprends le MMA, quand tu apprends le grappling, on t'apprend à mettre les crochets d'abord, ensuite étrangler. Et forcément, ses adversaires, c'est ce à quoi ils s'attendaient et c'était surprenant pour eux. Mais nous, on s'attend à ça. On fait attention et comme je le dis toujours, ça se joue à des petits détails au haut niveau. Ce ne sont que les petits détails qui comptent. Et on a beaucoup travaillé là-dessus.
L'étranglement, c'est le joker de Brendan Allen. Mais on attend encore de voir quel est le joker Nassourdine, parce que vous êtes un combattant très complet qui sait tout faire. Mais est-ce que vous avez travaillé quelque chose sans nous le dire? Est-ce que vous comptez montrer quelque chose de différent dans votre game?
Moi, ce qui va être différent, c'est que je veux être bien ancré au sol et que je vais frapper fort. Je vais essayer de finir le combat à chaque seconde dès le premier round. Ce sera la seule différence.
Il y a eu des débats sur le fait que ce soit trois rounds au lieu de cinq. Brendan Allen en a profité pour lancer des petites piques, même plus que des petites piques. Vous auriez aimé que ce soit en cinq rounds?
Ça ne me dérangerait pas. Si j’ai accepté cinq rounds contre Cannonier à deux semaines et demie du combat, ce n’est pas là que je refuserais. Donc bien sûr, il n'y aurait aucun problème pour faire cinq rounds. Maintenant, comme j'ai dit, trois rounds ça nous arrange parce que j'ai envie de rester actif et revenir faire un 4e combat. Cette année, j'ai déjà fait deux main events, deux fois cinq rounds et c'est fatigant pour le corps. Pas les combats, mais surtout la préparation, c'est un autre travail. Donc le fait de faire trois rounds, ça me permet de me reposer un peu, entre guillemets. Et puis je pourrai revenir en décembre faire cinq rounds contre un adversaire qui sera mieux classé.
On sait que vous avez beaucoup évolué, que vous êtes moins impulsif, moins dans l'émotion. Mais quand Brendan a fait ses sorties sur les cinq rounds, est-ce que vous vous êtes dit "je vais me le faire"?
Bien sûr, bien sûr, c'est ancré en moi. Pour dire la vérité, c'est ancré en moi. Quand j'ai vu ça, je ne me suis pas énervé, mais voilà, c'était en mode je voulais lui arracher la tête. Mais maintenant, j'essaie de me canaliser. Je sais que ça fait partie du show et je ne me laisse pas emporter.
Sans vouloir se projeter trop loin, est-ce qu'il y a un adversaire que vous préféreriez affronter après?
Un adversaire que je préférerais? Adesanya. On n'en parle pas, enfin, j'en ai jamais parlé, mais ça pourrait être un super beau combat. Statistiquement, c'est beau à voir. Voilà, ce que veulent les fans, c'est un bon combat, et je pense qu'entre lui et moi, ça peut être un très beau combat en pure striking.
C'est intéressant parce que c'est quelqu'un qui était à l'UFC avant vous, qui est devenu champion assez vite. C'est quelqu'un que vous admiriez?
Je ne l’admirais pas, mais j'aimais bien son style. J'aimais bien le combattant et je voulais souvent le voir gagner. Je voulais tout le temps le voir gagner.
Adesanya en 2025, ça vous va bien?
Excellent.
Et en 2025, si tout va bien et que vous continuez d'enchaîner les victoires, vous vous imaginez avoir une chance de titre?
Je pense qu'au début de 2025, c'est fort possible.
Avec un combat entre-temps, donc un combat en décembre?
En décembre, pourquoi pas Adesanya? Il sort d'un combat, d'une défaite. Je pense qu'en connaissant bien le combattant, il veut vite revenir et faire oublier sa défaite. Donc je sais qu'il a hâte de revenir. Décembre, ce serait parfait.
Votre coach Nicolas Ott dit que vous n'êtes qu'à 60% de votre potentiel. Vous êtes d'accord avec lui?
Oui, bien sûr, je suis d'accord. Comme j'ai dit, j'évolue tout le temps, je ne sais pas où est ma limite pour le moment parce que je n'arrête pas d'évoluer. Et oui, clairement, je n'ai pas encore tout montré, mais ça arrive. Chaque combat est différent et j'évolue tout le temps, comme vous pouvez le voir dans mes combats.
Comment voyez-vous votre évolution avec Nicolas Ott et tous les autres partenaires d'entraînement et staff que vous avez autour de vous? C'est ce que vous aviez imaginé en faisant ce choix ?
C'est tout ce que j'espérais. Oui, bien sûr. C'est ce que je voulais. D'ailleurs, quand je suis sorti du MMA Factory, le but c'était d'aller aux États-Unis, de m'entraîner là-bas voire de rester là-bas. Mais voilà, je n'ai pas eu besoin de bouger. J'ai tout retrouvé ici.
C'est fini les États-Unis, l'idée de s'installe là-bas?
À voir. Je ne sais pas comment ça se passe là-bas. Je ne suis jamais sorti en dehors de la France, donc je ne peux pas dire. Mais en tout cas, comme c'est organisé maintenant, ça marche. Normalement, on ne change pas ce qui marche, donc je ne vois pas l'intérêt de changer.
Il y a un combattant qui fait mentir tout le monde, c'est le champion de ta catégorie, Dricus du Plessis. À chaque fois, on le donne perdant et à chaque fois, il gagne. Quel est votre avis sur lui? En termes purement techniques, que pensez-vous de lui?
Qu'est-ce que j'en pense de lui? Visuellement, ce n’est pas beau à voir, mais il a ses qualités. Il est fort, et je pense que c'est le cardio, le punch. Comme on a vu, à chaque fois, il perd ses combats et à la fin, boum, il touche et il finit le combat. Mais ça, ça ne marche pas tout le temps. Donc je pense que c'est un champion qui tient sur un fil, qui peut perdre sa ceinture à tout moment.
Et le sniper Imanov, quand il le voit avancer, faire ses grandes séries de coups en avançant sans trop de défense, il se dit peut-être qu'un petit peu de boxe en reculant, si ça touche bien...
Exactement, exactement. Je pense que j'ai un bon contre. Je sais contrer en reculant et je pense qu'il n'a jamais affronté un adversaire qui contre en reculant en MMA.
Et pour finir, Nassourdine, samedi soir, à l'Accor Arena de Bercy et sur RMC Sport, contre Brendan Allen, comment ça se termine?
2e round, TKO ou KO.