Aulas : « Sur une autre planète »

Jean-Michel Aulas - -
Jean-Michel Aulas, voilà Lyon encore titrée en Ligue des champions.
Gagner une première fois dans cette compétition, c’est un événement considérable. La deuxième, c’est une joie plus profonde. Cela veut dire qu’on a bien travaillé alors que tout le monde voulait nous détrôner. Gagner contre une équipe allemande (Francfort), ici à Munich, devant 50 000 personnes quasiment acquises à sa cause… cela provoque une joie plus profonde. Moins spontanée mais beaucoup plus durable.
Lyon est-il le Real Madrid des temps modernes ?
Oui, peut-être. C’est surtout une idée directrice, celle d’investir à un moment où, économiquement, le football féminin était encore à notre portée. Les résultats sont magnifiques. Le coach et le staff sont excellents. On a une équipe vraiment remarquable, avec de très bonnes footballeuses qui ont une vision de la vie et de la collectivité supérieure à la moyenne. Quand vous avez du talent et un sens collectif, en football, ça ne peut que marcher.
Les résultats brillants de votre section féminine ont-ils des répercussions chez les garçons ?
Il y a toujours une petite jalousie. Ça parait plus facile d’être champion d’Europe chez les filles. Ce n’est pas la même difficulté, les moyens ne sont pas les mêmes. Lyon a, pour les féminines, le plus gros budget d’Europe. Quelques fois, le petit point de jalousie se transforme en émulation. C’est là que ça devient intéressant parce que cette compétition interne tourne autour des valeurs du club et pousse chaque partie à être encore plus performant l’année d’après.
Ce qui frappe les esprits, c’est la différence d’attitude entre les filles et les garçons sur le plan européen.
C’est vrai qu’il y a un état d’esprit magnifique. Le sport professionnel féminin évite un certain nombre d’excès. Aujourd’hui, on a vu un beau match, avec très peu de fautes et sans aucune simulation. Pour l’instant, l’enjeu ne prime pas sur le jeu. Le jeu continue à être la base du succès. Le football féminin délivre un certain nombre de valeurs, qui expliquent l’attrait des fans et des médias.
Avec ce deuxième titre européen, les filles de l’OL ont-elles vraiment changé de dimension ?
On est sur une autre planète, oui. Cette performance des filles, du football français féminin peut permettre de faire prendre conscience à Valérie Fourneyron, notre nouvelle ministre des Sports, que l’on doit absolument prendre un certain nombre d’initiatives. Je suis prêt à collaborer avec la ministre pour lui montrer que le financement dans le sport professionnel rejaillit toujours sur le sport amateur. C’est un modèle à travailler.
Les filles de Patrice Lair vont pouvoir fêter dignement ce deuxième titre consécutif.
Elles rentrent ce soir (jeudi). Celles qui ont joué contre Francfort et qui joueront dimanche contre Paris vont partir en mise au vert. Il n’y aura donc pas de fête. En revanche, les garçons et elles fêteront tous les titres obtenus cette saison dimanche soir, dans un lieu branché de Lyon.