Federer voit la vie en bleu

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L’ancien roi est donc redevenu dauphin. Sur la terre bleue de la discorde madrilène, Roger Federer a mieux patiné que Tomas Berdych pour s’offrir un quatrième titre cette saison et surtout, la place de numéro 2 mondial. Il la chipe à son meilleur ennemi Rafael Nadal et c’est tout sauf anecdotique. Cela faisait bien longtemps que la courbe du Suisse n’avait plus croisé celle de Rafael Nadal dans ce sens-là, celui d’une remontée fantastique entamée à l’US Open l’été dernier. Depuis, le Suisse est redevenu magique, vainqueur de 45 de ses 48 derniers matches depuis sa défaite homérique à New-York face à Novak Djokovic. C’est désormais lui qui talonne le Serbe. Il comptera encore 1770 points de retard lundi au nouveau classement ATP, mais il en comptait le double avant ce nouveau titre à Madrid.
Roger Federer n’avait plus atteint cette deuxième place depuis le 7 mars 2011 et l’avènement de Djokovic. Depuis plus de six mois maintenant, son bilan n’a pas grand-chose à envier à celui du Serbe début 2011. Et à Madrid, que la terre soit ocre ou bleue, il dépasse avec ce troisième sacre le Majorquin (2). Il devient aussi le premier joueur à conserver son titre. Tous ces petits bonheurs, le Suisse les a réunis grâce à ses nerfs plus que ses coups face à Tomas Berdych, qui lui a offert une superbe résistance et le droit d’apprécier encore davantage sa situation et son trophée.
Irrésistible et inoxydable
Irrésistible depuis le début de semaine madrilène, adhérant visiblement mieux à la terre bleue que Djoko ou Rafa, pour ne citer qu’eux, le Tchèque pouvait, lui, grimper au 5e rang. Sur le rythme de sa demie à Monte Carlo, il asphyxie d’entrée Federer par ses ogives de coup droit et au service (3-0). Il conclut sur l’un deux le premier set. Le scénario du deuxième est identique mais inverse, avec Federer devant. Surpris à 5-3 sur son service, il doit patienter jusqu’au 12e jeu pour égaliser. Là encore, les sets se suivent et se ressemblent, le troisième étant une copie quasi conforme du deuxième. Mais à la fin, c’est encore Federer qui a gagné.
Lui ne pourra donc pas blâmer cette surface qui tant fait causer dans la capitale espagnole. Djokovic et Nadal, expulsés avant l’heure, ont menacé de ne plus revenir et la condamnation de l’initiative est quasi unanime, à l’exception du directeur du Tournoi et de son propriétaire, Ion Tiriac, à l’argumentaire plutôt limité : « Oui, le court était trop glissant. Mais il l’était pour tout le monde ». Federer -mais il est sans doute bien seul- gardera, lui, un excellent souvenir de cette édition. De nouveau, il voit un horizon bleu s’étendre devant lui.