
Benneteau : « Le double réclame de la complicité »

Julien Benneteau - -
Julien Benneteau, quelle est la spécificité du double par rapport au simple ?
Le double demande du vécu. Il faut apprendre à connaître l’état d’esprit de son partenaire, son caractère. En fonction de son partenaire, on peut aller le chercher, le calmer, le rassurer. C’est toute une complicité. Concernant les adversaires, il faut connaître les points forts et les points faibles des deux hommes en face. C’est rare d’avoir une paire où les joueurs ont les mêmes qualités et les mêmes défauts.
Est-ce que vous avez des surnoms avec Mickaël ?
Il m’appelle Poulet mais souvent on s’appelle Man sur le terrain. Il y a aussi Bennet’. Quant à moi, je l’appelle Mika ou Man.
Quels sont vos mots avec Mickaël entre les points ?
Quand les spectateurs nous voient nous parler sur le court, on se dit plein de choses. Quand nous servons, on réclame souvent un maximum d’effet sur la première balle pour assurer. Après on s'encourage. Par exemple : « Allez, une première balle. » Ca veut dire qu'on attache beaucoup d'importance à passer le premier service, quitte à servir à 75% de son potentiel en vitesse mais en mettant beaucoup d'effet. Et quand on sent que le service de son partenaire ne passe pas très bien, on peut donner des petits conseils techniques. Par exemple, « relâche-toi », « prend bien ton temps », « souffle bien », « penses à ton rythme », « attention à ton lancer de balle ». Au retour, c’est pareil. On se dit droit devant pour retourner directement sur le volleyeur. Ça paraît très complexe mais ça se fait de manière naturelle.
Et Guy Forget, que vous dit-il lors des changements de côté ?
Le capitaine nous dit ce qui se passe bien. Mais il nous donne aussi des consignes sur ce qui doit changer : « Au filet soyez plus présents ! » par exemple. Il donne quelques billes;
Le fait qu’Arnaud et Michaël se soient rabibochés, était-il vital pour cette finale ?
Complètement. C’est une forme d’intelligence et de volonté de réussir afin de faire un grand match de Coupe Davis. Je ne suis pas certain que les meilleures paires de double sur le circuit soient les meilleurs amis du monde. Je pense qu’il faut avoir un minimum d’affection l’un envers l’autre, surtout dans les moments durs. Il faut être capable de se dire les choses, les accepter et changer. Pioline et Santoro ont fait un double de folie lors de la finale de Coupe Davis 2001 contre l’Australie et ils étaient loin d’être les deux meilleurs amis du monde.