Coupe Davis: un stage préparatoire décisif

Arnaud Clément, Gaël Monfils et Gilles Simon - AFP
D’un côté, des Français réunis à Bordeaux pour un stage. De l’autre, les deux stars suisses (Federer et Wawrinka) engagées dans le même temps au… Masters. Entre ces deux approches, une interrogation : quelle meilleure préparation à la finale de la Coupe Davis (21-23 novembre à Lille) ? Si répondre sans nuance confine à la chimère, l’avantage supposé des quelques jours sur la terre battue girondine ne paraît pas si évident aux yeux des intéressés. « Je pensais ça aussi, explique Gaël Monfils. Mais j’ai fait quelques points ici et je me suis rendu compte que ça allait pratiquement aussi vite que du dur. Ce n’est pas tant de la terre battue que ça. C’est hyper rapide. A Lille, on va arriver dans d’autres conditions auxquelles on va devoir s’adapter. Comme eux. »
Un coup d’œil dans le rétroviseur de l’histoire permet pourtant de comprendre l’importance de tels stages. 1991, 1996 ou 2001, les trois victoires tricolores « modernes » en Coupe Davis sont toutes gravées du sceau de ces réunions pré-grand rendez-vous. Question d’état d’esprit, surtout. Ou comment resserrer les liens et détendre l’atmosphère au meilleur moment possible. Témoin l’anecdote racontée par Guy Forget au sujet du stage avant la finale de 1991 à Lyon, souvent évoqué pour son « esprit commando » : « J’avais un peu l’estomac noué. J’avais Arnaud Boetsch, qui était jeune, à côté de moi dans la voiture. Il était dix fois plus crispé que moi et n’osait pas me parler de peur de me déconcentrer. Ce silence devenait tellement pesant qu’à un moment donné, je me tourne vers lui, je le regarde et je lui dis : ‘‘Tu vois Arnaud, si un jour, après cette finale, je te dis que j’étais serein et que je n’étais pas fébrile, eh bien tu pourras dire que je te mentirai parce que là, je ne fais pas le malin, je ne suis pas fier’’. »
Roux : « Quand on quitte les gars, il y a un vide »
Et Lionel Roux, actuel entraîneur de l’équipe de France, d’insister sur tout ce qui reste de tels moments : « Quand on vit ensemble comme ça en vase clos, ça crée des liens forts. Les frissons sont là, avant, pendant et après. Quand on quitte les gars, il y a un vide. On a limite du mal à vivre sans eux. La séparation à l’aéroport ou sur un quai de gare, c’est un peu comme une séparation avec sa famille. » Se retrouver pour partager. Fignoler une histoire commune déjà entamée. « Et mieux appréhender ce qui les attend. « L’histoire d’hommes, elle ne va pas se construire là, en une semaine, estime Arnaud Clément, le capitaine des Bleus. Elle se construit peut-être depuis des années et elle mûrie. »
Avec des habitudes déjà ancrées, en stage comme ailleurs. « Certains vont au cinéma, il y a la console, les jeux de cartes, les fléchettes, on se parle, on s’aide sur des projets qu’on a à côté, détaille Monfils. On vit comme des jeunes de notre âge. » Sans trop se prendre la tête sur la suite. « Pour l’instant, on ne parle pas trop des Suisses, confirme Monfils. On est bien entre nous et on ne parle pas d’eux. » Un état d’esprit positif qui va aider au défi sportif. Sans être l’unique alpha et oméga d’une éventuelle victoire. « Il n’y a pas de règle, rappelle Tsonga. Ce n’est pas ça qui va faire qu’on va gagner. Faire de grandes choses ne passe pas seulement par l’état d’esprit mais aussi par la performance à l’entraînement. Mieux on sera entraîné, plus facile ce sera. »