Esprit, tu es là !

Guy Forget a insuflé un état d'esprit qui transcende les égos - -
Le capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, en place depuis 1998, sait de quoi il parle quand il évoque la cohésion de ses hommes. Quelqu’un qui a eu sous ses ordres des tempéraments aussi forts et parfois délicats que Pioline, Santoro, Escudé ou Grosjean ne cache pas son bonheur. « Ils m’ont comblé », assure Guy Forget. Tout au long de ce week-end à Lyon, les signes ne trompaient pas. Le plaisir d’être ensemble sautait aux yeux. Premier symbole vendredi : Jo-Wilfried Tsonga, le leader de l’équipe, blessé et forfait, porte le sac de Michael Llodra qui s’apprête à jouer le match inaugural face à Juan Monaco. « On sent une belle atmosphère dans cette équipe, confie alors le Parisien. ‘Jo’ et ‘Bennet’’ sont ici pour nous soutenir. Et je peux vous dire que ça vous booste et que ça vous donne de l’énergie quand on les voit vous encourager. »
Tsonga le porteur de sac, le garant de l’esprit Coupe Davis aussi, n’a jamais imaginé ne pas venir à Lyon malgré sa blessure : « C’est important, on avait tous envie d’être là, parce qu’on passe de supers moments ensemble. Tout le monde apporte sa petite pierre à l’édifice. Le plus important, c’est que tout le monde participe et soit concerné par ce qu’il se passe. » L’autre blessé, Julien Benneteau, confirme : « Au début, je ne savais pas trop si j’allais venir. Quand j’ai su que Jo venait, ça m’a conforté dans la décision d’être là. Je pense que c’est important de supporter les gars. Depuis le début de la campagne, on a dit qu’on ne gagnerait pas la Coupe Davis à quatre joueurs, mais à six ou sept. »
Le jour où Monfils renonça à Acapulco…
Et les images, les symboles vont s’enchaîner : Llodra et Clément gagnent le double ensemble alors que « la Clé » reprochait à « Mika » d’avoir joué sa carte personnelle il y a encore quelques mois. Les deux hommes, qui ont remporté des tournois prestigieux côte à côte (Wimbledon 2007 notamment), étaient bêtement brouillés depuis. La magie de la Coupe Davis est passée par là. Plus loin, c’est Benneteau et Simon qui sont assis côte à côte et poussent dans le même sens, eux qui avouent volontiers n’avoir aucune affinité. Et ils sont ensemble, avec les cinq autres joueurs à faire la fête sur le court après le point décisif... Dans un sport individualiste par excellence, ces « sept mercenaires » tiendront à se retrouver, juste entre eux et avec le staff, pour fêter la victoire dans une brasserie du centre de Lyon, ne retrouvant leurs compagnes que plus tard.
Le groupe est uni, « tendu vers un objectif commun », assure Benneteau. Et les hommes ont appris à s’apprécier, grâce au capitaine Guy Forget, grâce aussi à l’entraîneur de cette équipe Lionel Roux, qui a eu un rôle fondamental dans l’épanouissement de Gaël Monfils en Coupe Davis. Forget à appris à connaître Monfils, et « la Monf’ », au caractère parfois déconcertant, a appris à s’ouvrir davantage, notamment lors d’une discussion en janvier dernier lors de l’Open d’Australie. Un mois plus tard à peine, il décidait de faire l’impasse sur le lointain tournoi d’Acapulco dans lequel il était engagé pour mieux préparer le premier tour de Coupe Davis contre l’Allemagne. C’était le premier signe que quelque chose avait changé au niveau de l’état d’esprit, et que tous les joueurs plaçaient désormais cette épreuve au sommet de leurs priorités.