Forget : « Quand tu es joueur français, tu as la vie belle… »

Forget : « Jo doit retrouver un entraîneur » - -
Guy, comment vous sentez-vous quelques heures après avoir raccroché ?
Je ne me rends pas encore vraiment compte. Depuis hier (lundi), je reçois des messages par dizaines, on me dit « Tu as été formidable ! », « C’est super ce que tu as fait ! », « On est avec toi ! »…, c’est touchant mais on dirait presque que je suis mort, comme si c’était des obsèques !
Votre plus beau souvenir ?
Il y en a pleins. En 1991 quand on tape les Américains à Lyon, Yannick mon grand frère qui me ramasse par terre comme un sac de patates. C’est très fort on fait ça devant Jean Borotra… En tant que capitaine, c’est peut-être en Australie quand on gagne contre les Australiens, les n°1 et n°4 mondiaux.
Et le pire ?
C’est contre la Russie, en 2002 quand on perd à Paris. On était à deux points de la victoire. Il y a eu un sentiment d’injustice, j’ai refait vingt fois le match. Les Russes ont été mieux inspirés. Même quand j’en parle aujourd’hui, j’ai encore une boule à l’estomac.
Vous allez tirer un trait sur le tennis ?
Non, je m’occupe du tournoi de Bercy, je défends le tournoi de Roland-Garros à travers le monde dans un rôle d’ambassadeur. Je vais aussi commenter Monte-Carlo et Wimbledon pour Canal Plus, il y a beaucoup à faire…
Amélie Mauresmo peut-elle vous succéder ?
Amélie est une femme formidable, elle a toutes les qualités pour diriger une équipe d’athlètes de haut niveau. Est-ce que ça passerait avec des garçons ? Je suis sceptique parce qu’à certains moments, il faut les mettre à l’endroit et je ne suis pas sûr qu’elle ait envie d’entrer dans ce genre de relations. Aujourd’hui, elle commence avec Azarenka. On verra.
Qui voyez-vous alors ?
Je ne veux pas m’exprimer là-dessus parce que ça ne rendrait pas service à la personne que je citerais. C’est aux joueurs de faire ce choix-là.
Y a-t-il une relève dans le tennis français ?
Il n’y a pas encore de joueurs de ce calibre-là. Avant d’être top 10 ou top 15 comme Tsonga et Monfils, il faut être 40, 50 ou 60e. Il y a des garçons de 15, 16 ans qui ont un fort potentiel et j’espère qu’ils vont rejoindre le tennis français bientôt.
Les joueurs français se préparent bien ?
J’ai été souvent ennuyé par les pépins physiques de mes gars comme en finale contre la Serbie. Je n’avais pas tous les joueurs que je souhaitais. Mais les Français progressent aussi dans ce secteur-là. Richard, par exemple, est parti de très loin, il a beaucoup travaillé, il a progressé mais il n’est pas encore au niveau de Nadal ou Djokovic. On n’a pas le joueur explosif épargné par les blessures.
Jo-Wilfried Tsonga peut-il continuer sans entraîneur ?
C’était bien pendant un moment (depuis le printemps 2011, ndlr). Jo aurait intérêt de s’entraîner avec quelqu’un. S’il trouve la bonne personne, il ira plus vite. Il est 5e joueur mondial mais il peut encore progresser dans certains secteurs de son jeu. Il lui reste trois belles années.
Pourquoi cette charge contre l’entourage des joueurs ?
Quand tu fais du tennis et que tu es Français, tu as la vie belle. Tu gagnes bien ta vie, tu as des contrats, tu as une jolie voiture, tu fais les médias. Tu es entouré d’une flopée de gars qui te disent que tu es extraordinaire. Malgré ce statut, il faut se poser les bonnes questions pour progresser. Certains joueurs le font.