France-République tchèque, une demie qui sent le soufre

Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga - AFP
Roland-Garros s’annonce bouillant
Que les choses soient claires – et ce sont les Mousquetaires qui le disent - : à Roland-Garros, les Bleus seront chez eux. « Pour la plupart d’entre nous, on a tous vécu ici dans les locaux de Roland-Garros, souligne Jo-Wilfried Tsonga. On a dormi ici, on a vécu tennis dès notre adolescence ici. » Vivre à l’intérieur de Roland est une chose. Mais disputer une demi-finale de Coupe Davis à la porte d’Auteuil, sur un Central plein à craquer, en est une autre. « C’est vrai que jouer la Coupe Davis devant 13 ou 14 000 personnes, ça ne nous est jamais arrivé. La dernière fois que c’est arrivé, on était dans les tribunes en train de se dire ‘imagine un jour, on pourrait très bien être en bas si on joue bien au tennis’.»
Cette fois-là ? C’était France-USA, demi-finale de Coupe Davis 2002 (victoire des Bleus 3-2). Et Arnaud Clément s’en souvient très bien. « Le souvenir que j’en ai en tout cas, c’était un bruit, vraiment une énergie incroyable qui nous était donnée sur le terrain, confie ‘la Clé’. C’est quelque chose qui va être important, qui va être puissant et qu’il faudra aussi contrôler et maîtriser pour, justement, ne pas non plus partir dans l’effet inverse de l’euphorie. » Pas de danger, ‘Jo’ a annoncé la couleur. « J’ai vraiment envie de vivre ça et de connaître cette ambiance-là, avec le stade prêt à leur tomber dessus. »
Gasquet, le facteur X
Encore touché par son élimination en quart de finale de l’US Open, contre Roger Federer, Gaël Monfils ne sera pas « titulaire » face à la République tchèque. « Ce n’est pas que je ne me sentais pas capable de jouer mais c’est plus qu’on est une équipe, explique la ‘Monf’. C’est-à-dire qu’il faut être à 100%. » Ce qui n’est pas le cas. Monfils la joue collectif donc et n’ouvrira pas le bal face à Tomas Berdych, laissant cet honneur à Richard Gasquet. Un Gasquet débordé sans combattre par Monfils au 3e tour de l’US Open. Pas toujours concerné non plus par la Coupe Davis. Et aux stats faméliques dans la compétition (9 victoires et 7 défaites).
L’intéressé, qui a fait du saladier d’Argent son objectif de la saison, assure ne « rien avoir à prouver ». Arnaud Clément a rappelé qu’il ne le considérait pas « comme une roue de secours » non plus. Il n’empêche. Le Biterrois est l’inconnue des Bleus face aux Tchèques. « Aujourd’hui Richard Gasquet, ben c’est toujours Richard Gasquet, assure Jo-Wilfried Tsonga et on a entièrement confiance en lui pour attaquer ce premier match.»
Un pacte à défendre
C’est leur marotte depuis le début de la saison. Que ce soit Benneteau ou Simon, Monfils ou Tsonga et donc, Gasquet, tous l’ont affirmé tôt dans l’année et suffisamment forts pour être bien entendus de tous : la Coupe Davis, ils la veulent. Cette espèce de pacte, les hommes d’Arnaud Clément y tiennent plus que tous. Et leur esprit de camaraderie, leur amitié pardon, dépasse largement le cadre du cas personnel, à l’image de Monfils, qui explique son retrait en mettant en avant le but commun des Mousquetaires. « Si je n’écoute que moi, j’ai envie de jouer, j’ai envie d’y aller. Après, ça reste l’équipe. Ça pouvait passer mais je pense que c’est un choix que je ferais plus dans une carrière personnelle et pas avec l’équipe de France. »
D’autant que les Bleus ne sont plus qu’à une marche de leur rêve. Et, en l’espace de quelques heures, d’autres Tricolores leur ont montré la voie. « On a eu le diner officiel et quand on est rentré, on est tombé sur le match de basket, raconte Tsonga. On était tous très heureux pour eux. Ils ont été solides, ils ont été top et évidemment que ça donne des idées pour ce week-end. » A appliquer dès demain.
Berdych-Stepanek, sacrés obstacles en vue
Le public de Roland-Garros, la motivation de Gasquet, le pacte des Français ou encore l’exemple du basket tricolore en Espagne : si le groupe d’Arnaud Clément ne manque pas d’armes et d’atouts, il devra bien en user face aux Tchèques. Car avec le géant et toujours compliqué à jouer Tomas Berdych, 6e mondial (1 titre, 2 finales cette saison) et le vieillissant (35 ans) mais toujours aussi solide Radek Stepanek (38e à l’ATP), l’adversaire de la France a du répondant.
« Ce sont deux joueurs complètement différents, ils ont gagné deux fois de suite, rappelle Julien Benneteau. Berdych est dans le top 10 depuis cinq ans de suite. Stepanek a beaucoup d’expérience. En plus cette année, ils ont une carte supplémentaire avec Lukas Rosol, qui en simple peut apporter, surtout sur terre battue, une option supplémentaire. C’est une équipe très solide, très homogène. » « Ils sont redoutables parce qu’ils sont complices, souligne de son côté Arnaud Clément. C’est aussi leur passion pour la Coupe Davis qui les rend redoutables. Doubles vainqueurs en titre, ils le prouvent depuis deux ans et demi.