Gasquet, autopsie d'un crash

Défait sans la manière et par deux fois ce week-end en demi-finale de Coupe Davis, Richard Gasquet n'a pas su saisir la chance qui lui a été offerte. Pire, il sort de ce week-end flanqué de l'étiquette de maillon faible de l'équipe de France.

14h54, vendredi 17. Gasquet en salle de presse après s’être fait corriger par Nadal
« Je vais t'envoyer sur le terrain contre Nadal et on va voir ce qui va t'arriver ! ». Le Français, rossé 6-3, 6-0, 6-1 par son adversaire en un peu plus de deux heures, a montré du caractère face aux micros des journalistes. Dommage qu’il n’en ait pas été de même plus tôt dans l’après-midi sur la terre ocre et brûlante des arènes de Cordoue. Présent un set, le n°15 mondial a ensuite abdiqué face au Majorquin, désossé par la puissance des coups droits de son adversaire. « J’ai fait un bon 1er set, mais à chaque fois que je montais je prenais un passing, s’est plaint le Biterrois. C’est difficile, quand les jeux commencent à défiler… Il est quoi qu’il arrive plus fort que moi. » Si Jo-Wilfried Tsonga, également passé à la moulinette, dimanche, par l’Espagnol (6-0, 6-2, 6-4) lui donne raison, Gasquet a encore montré qu’il était friable en équipe de France. « Richard s’est trop vite résigné, analyse Patrice Dominguez, ex-DTN du tennis français. Souvenez-vous, il avait été à deux doigts de perdre contre Mayer (4-6, 4-6, 7-5, 6-3, 6-3, au 1er tour de la campagne 2011). Il fait une obsession des tournois et du classement, la Coupe Davis n’est pas sa priorité. »

13h23, dimanche 18. Tsonga vient de perdre son service au début du deuxième set face à Nadal
Le leader de l’équipe de France vient de perdre la première manche contre l’Espagnol après avoir abandonné ses trois mises en jeu (6-0). On croit à une embellie en début de deuxième set, mais après avoir gagné son service, Jo-Wilfried Tsonga se fait de nouveau breaker. A 3-2, service à suivre pour Nadal, le banc français s’agite. Gilles Simon discute avec Guy Forget, Mickaël llodra ne tient plus en place, Richard Gasquet… jette un œil furtif sur son portable, calé dans sa main gauche. Réminiscence désagréable de ce quart de finale perdu en 2008, aux Etats-Unis (4-1), avec un joueur alors âgé de 22 ans manifestement très peu concerné par le naufrage tricolore à Winston-Salem. « Richard a beaucoup progressé par rapport à 2008, relativise Dominguez, mais il n’est pas encore au diapason en équipe de France. Il ne se fond pas bien dans le groupe. » Fils unique, la vie de communauté ne parait lui convenir.

15h29, dimanche 18. Forget se prend la tête dans les mains
Durant son second match, sans enjeu, perdu sèchement dimanche face à Fernando Verdasco (6-2, 6-1, en 0h52), Gasquet a joué en trainant les pieds. Son manque d’envie n’a pas échappé à Guy Forget, que l’on a pu voir se prendre la tête entre les mains devant le spectacle offert. Déjà contre Nadal, 48 heures plus tôt, il avait pointé du doigt l’attitude du joueur. « Richard pouvait faire mieux que ça, j’aurais aimé qu’il garde son niveau de jeu du 1er set, pouvait dire le capitaine des Bleus. Ça ne s’est pas passé comme on l’aurait souhaité. » Alors oui, il y a eu ce coude douloureux, Forget qui nous dit que Gasquet était diminué puisqu’il jouait sans inflammatoires… Mais Nadal n’était-il présenté comme « burn out » après sa finale harassante à l’US Open, lundi ? Pénalisant pour l’avenir du Français sous le maillot bleu, qui n’a dû sa sélection en simple qu’au forfait de Gaël Monfils. « Gilles, Richard et Jo peuvent mieux jouer, les Espagnols ont été au-dessus dans tous les secteurs de jeu », relativise Forget. Soit, mais Gasquet est-il utile à l’équipe de France ? « Tu ne peux gagner et soulever des montagnes comme Nadal ou Djokovic que si tes joueurs sont dans le vouloir absolu, conclu Dominguez. Richard n’a pas encore intégré tous les paramètres du métier. » Nadal et sa bande, oui, visiblement. D’autres Français aussi.