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Llodra tue le suspense

Michaël Llodra

Michaël Llodra - -

En dominant de brillante manière le n°3 mondial et n°1 serbe Novak Djokovic ce jeudi à Bercy, Michaël Llodra a selon nous (sauf blessure ou revirement improbable) assuré sa place en simple en finale de la Coupe Davis aux côtés de Gaël Monfils. Voici pourquoi.

C’est bien plus qu’une victoire de prestige que Michaël Llodra a remportée ce jeudi après-midi face à un Novak Djokovic surclassé par la fougue d’un adversaire en fusion offensive. S’il ne se blesse pas d’ici à début décembre, et quelles que soient ses performances désormais à Bercy, le Parisien a sans doute validé son ticket pour la finale de la Coupe Davis (du 3 au 5 décembre à Belgrade) face à la Serbie. Et ce, aussi bien en double, où il est un titulaire de l’équipe depuis des années, qu’en simple, où sa présence était loin d’être assurée la semaine passée.

1 / Il y a d’abord l’impact psychologique de sa performance du jour face à un joueur qu’il n’avait rencontré qu’une fois au cours de sa carrière, en 2007, pour une cinglante défaite 6/4, 6/1. Numéro 3 mondial, Djokovic était le tenant du titre à Bercy, ainsi qu’un des principaux épouvantails du tableau. Llodra a passé l’obstacle avec autant de maestria que de calme, ce qui lui offre un ascendant précieux, mais difficilement quantifiable, sur son futur adversaire à Belgrade. Jamais vainqueur d’un Top 3 depuis 2004 (Coria sur gazon, performance presque logique), le gaucher, conseillé depuis cet été par Amélie Mauresmo, a marqué tous les esprits dans l’un des plus grands tournois du monde. C’est ce qu’on appelle une victoire probante, au lendemain d’une démonstration face au géant américain John Isner.

2 / Il y a ensuite la personnalité de Guy Forget. Le capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis, qui annoncera sa liste de 4 joueurs (plus un remplaçant) en début de semaine prochaine, n’aime pas prendre de risques, a fortiori pour une finale. Sauf événement contraire, il reconduit les joueurs qui ont gagné sa confiance et apparaissent comme les plus légitimes. Or Llodra a tout simplement été énorme cette année en Coupe Davis, où il fut le principal artisan de la présence tricolore à Belgrade : trois succès en double et deux en simple, dont un face au redoutable Espagnol Verdasco, et aucune défaite. Sur le circuit, il achève l’une de ses meilleures saisons, avec deux victoires en tournoi (Marseille et Eastbourne). Tsonga blessé et forfait, sa candidature s’impose donc naturellement aux côtés de Gaël Monfils. Et au détriment de celle de Gilles Simon, second rôle de l’aventure 2010.

3 / Il y a enfin le contexte de cette finale. Bobo Zivojinovic, le président de la fédération serbe de tennis, a promis « l’enfer » à l’équipe de France. Et Forget sait qu’il va devoir compter sur des guerriers au mental d’acier pour affronter l’ambiance de la Belgrade Arena et ses 20 000 spectateurs. Avec Monfils et Llodra, contrairement à un Gasquet trop fragile mentalement, il est servi. Les deux Parisiens adorent les atmosphères bouillantes, qu’elles soient amicales ou hostiles. La pression les transcende. Ancien remplaçant déjanté en Coupe Davis, où il n’hésitait pas à faire un strip-tease les nuits de victoire, Llodra a su garder un grain de folie dans son jeu tout en devenant plus mature, moins sujet aux « pétages de plomb » en plein match. L’équilibre semble idéal pour faire de nouveau face à… Djokovic dès le vendredi inaugural. Preuve que les Serbes prennent la menace très au sérieux ? Une fois sorti du court ce jeudi, le numéro 1 serbe aurait d’ores et déjà exigé qu’on ralentisse au maximum la surface choisie pour la finale. Comme s’il savait qu’il allait de nouveau croiser la route de cet attaquant invétéré…

Jean-François Pérès