
Monfils, l’étoffe du héros

Gaël Monfils - -
N’allez surtout pas lui susurrer à l’oreille qu’il est le leader de cette équipe de France. Douzième au dernier classement ATP, Gaël Monfils n’endossera sans doute jamais ce costume. Que ce soit à Lyon avant la demi-finale contre l’Argentine ou ce week-end pour la finale contre la Serbie. Pourtant, en l’absence de Jo-Wilfried Tsonga, c’est bien lui le nouveau patron du simple. A tel point que Guy Forget avait déjà assuré le Martiniquais d’une place de titulaire en simple dès le stage de Saint-Cyprien.
Qu’il semble loin le temps où Monfils prenait la Coupe Davis pour une « compétition comme une autre ». C’était l’année dernière. Lors d’un premier tour contre les Pays-Bas et une défaite contre Thiemo De Bakker. Depuis, Gaël Monfils a grandi. Toujours aussi insouciant, il a aujourd’hui pris la mesure d’une telle compétition. Et même si on l’aperçoit à plaisanter avec Michael Llodra lors du tirage au sort, on surprend également son regard envieux se poser sur la Coupe à seulement deux mètres de lui.
Si Gaël Monfils s’est adapté au collectif de l’équipe de France, son capitaine a également mis de l’eau dans son vin. « Gaël on le laisse tranquille, on ne l’embête pas trop », nous livrait Forget lors du stage alors que son numéro 1, fatigué, avait séché la séance média du mardi. Bien loin de l’image d’individualiste qu’on lui prête, Monfils la joue équipe dès qu’il retrouve les copains. « Il adore les sports collectifs, confie Richard Warmoes, son entraîneur de 6 à 12 ans. Il joue très souvent au foot ou au basket. A la télé, il ne regarde pas forcément les matches de tennis, mais les sports collectifs. »
Son premier entraîneur : « On ne l’appellera jamais le Président »
De là à en faire un leader ? Warmoes tempère. « Zidane en foot était un leader à sa façon, continue le technicien. Deschamps aussi. L'un est entraîneur aujourd'hui, l'autre non. Gaël n'est pas un Deschamps ni un Laurent Blanc, on ne l'appellera jamais ‘’le Président’’. Mais il va se faire aimer des autres, et les autres savent qu'ils peuvent avoir confiance en lui. » A commencer par le copain Gilles Simon, contre qui il enchaîne les petits matchs, et qu’il connaît depuis ses années INSEP alors que les deux hommes avaient à peine 16 ans.
Souvent battu lors de ces matchs, il peste contre lui-même. Jette sa raquette. « Ne t’inquiète pas. L’essentiel c’est que tes balles soient dans le court vendredi », temporise Forget. Car Monfils n’est jamais aussi bon qu’avec le soutien du public. Les quelques caméras présentes aux entraînements ne suffisent pas à le transcender. Même si on le surprend à jeter des coups d’œil pour s’assurer que ses facéties sont bien « en boite ».
Fan de musique, adepte des messageries – « Twitter, Twitter », susurraient même certains membre de l’équipe lorsqu’il se faisait attendre en conférence de presse – il sait désormais ce qu’il lui reste à faire. « Je prends la petite charge de pression, mais je gère à l’arrache. Il n’y a pas beaucoup de mecs au top mentalement dans l’équipe. Mais ça me fait marrer de me voir dans cet état là. Je n’aurais jamais pensé être un jour comme cela. »