Tsonga devra abattre le géant

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Dimanche, à partir de 11 heures, le central du très select Monte Carlo Country Club aura des allures de ring. Deux poids lourds du circuit s’apprêtent à y croiser le fer, à grands coups d’aces et de frappes dévastatrices. Dans le clan français samedi soir, on usait d’ailleurs sans vergogne de la métaphore guerrière. « Jo, il est dans une cage, il faut le sortir demain matin », lançait ainsi Julien Benneteau. Le combat décisif s’annonce sous haute tension. « Si on n’aime pas la pression, on n’a qu’à jouer aux fléchettes ou au bilboquet dans son canapé, lance Guy Forget. Jo est 6ème mondial et joue contre Isner qui est 11ème mondial. Je n’envisage pas la défaite demain. »
C’est pourtant une sacrée pointure que Tsonga va devoir dominer. John Isner ces derniers mois, c’est une victoire contre Roger Federer au tour précédent en Coupe Davis et un Novak Djokovic envoyé au tapis à Indian Wells en mars dernier. A 26 ans, le géant US maitrise parfaitement son tennis. « Il a le temps de s’engager, de lancer le bras et il a une balle extrêmement lourde, décrypte un Gilles Simon passé à la moulinette vendredi (6-3, 6-2, 7-5). Il a un jeu qui met énormément de pression. » Parfois injouable au service, Isner étonne par sa faculté à se déplacer rapidement sur le court. Un arsenal porté par un mental en acier, en témoigne son « match le plus long de l’histoire » remporté face à Mahut à Wimbledon (2010).
Winogradsky : « Jo raffole de ces rendez-vous »
Pour espérer l’emporter, Tsonga devra d’abord s’appuyer sur une grosse première balle. « La qualité du service chez l’un comme chez l’autre sera déterminante, souligne Forget. C’est un aspect du jeu que Jo devra maitriser à la perfection. Il y a des chances pour que l’on joue plusieurs tie-break. Si c’est le cas, la volonté, le bluff et le mental peuvent faire la différence. »
Face à un serveur de la trempe d’Isner, Tsonga ne devra pas se laisser gagner par la frustration en voyant défiler les aces. Eric Winogradsky, son ancien coach, prévient : « Il faut qu’il garde son calme, qu’il soit patient. Des opportunités se présenteront à lui et il devra répondre présent. Mais c’est le genre de rendez-vous dont il raffole. » Tsonga, l’homme aux faux airs de Mohammed Ali, est prêt pour le combat.
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Simon connait la pression|||
En cas de victoire de Jo-Wilfried Tsonga face à John Isner demain, Gilles Simon jouera un cinquième match décisif contre le jeune (19 ans) Ryan Harrison, classé 66e mondial. Un défi à la portée d’un Simon, vainqueur de l’Américain à Indian Wells le 14 mars dernier (7-6, 5-7, 6-1) lors de leur seule confrontation sur le circuit. Le Français, au bilan catastrophique en Coupe Davis (une seule victoire en sept matches à enjeu), promet de ne pas se laisser écraser par la pression. « J’ai joué des finales de tournoi, j’ai joué les meilleurs joueurs du monde, j’ai participé à un Masters, rappelle Simon. La pression, je la connais. Harrison m’a posé énormément de problèmes quand je l’ai joué à Indian Wells. Mais pour une fois, je rentrerai en favori sur le terrain. » Pour emmagasiner un peu d’énergie supplémentaire, Simon pourra compter sur le soutien d’un clan tricolore déjà très remonté à l’image de Julien Benneteau. « En Coupe Davis, vous allez me dire que son bilan est dur, confie le Mousquetaire. Mais il n’a pas perdu contre des peintres. Harrison, à 2-2 et avec sa 2e balle qui passe à deux centimètres du filet, il va en faire des doubles fautes et on va lui mettre la pression. On va se mettre debout, on va taper contre les barrières, on va se transformer en Serbes et en Argentins. Il va vivre un enfer. »