Open d'Australie: Alizé Cornet, les raisons d'un déclic

Elle est la sensation française de cet Open d’Australie. Alizé Cornet va jouer pour la première fois de sa carrière, mercredi, un quart de finale en Grand Chelem face à l’Américaine Danielle Collins. Un déclic à 32 ans qui s’explique par l’exigence que s’est imposée la Niçoise tout au long de sa carrière, sa passion pour ce sport qui peut rendre fou, mais aussi une approche mentale différente, face aux enjeux de la compétition.
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La prime de la rigueur, de la persévérance et du professionnalisme
Capitaine de l’équipe de France de Fed Cup, Julien Benneteau voit dans ce premier quart de finale plus qu’une récompense. "Elle arrive enfin en quart de finale avec trois matchs exceptionnels. Au fond d’elle-même, elle a envie d’aller encore plus loin. Elle est très exigeante avec elle-même, très professionnelle, qui s’entraine beaucoup, qui fait attention au moindre petit détail et qui cherche des solutions, décrypte Julien Benneteau, qui accompagne Alizé Cornet à Melbourne. On peut assimiler ça à une prime de son abnégation au quotidien. C’est grâce à tout ça qu’elle est toujours aussi compétitive et cela lui permet d’avoir toujours envie après 15-16 ans sur le circuit."
Paul Quétin, préparateur physique de l’équipe de France de Fed Cup a vu Alizé Cornet arriver sur le circuit. Impressionné par l’intensité de son regard sur le court, il loue son professionnalisme à toute épreuve, tout au long de sa carrière: "Elle est très méticuleuse, pointilleuse, on pourrait dire qu’elle est rigide mais elle est rigoureuse tout simplement. C’est une grande professionnelle. Quand on arrive le matin dans une salle de gym de n’importe quel tournoi du monde, elle est là, elle fait sa routine de mise en route pour protéger son épaule, son dos, elle a des habitudes qui sont ancrées et qui lui permettent d’entretenir ce corps en permanence."
Habitée par la passion du jeu
Après autant d’années sur le circuit, beaucoup auraient peut-être rangé les raquettes. Pas Alizé Cornet. La Niçoise vit pleinement tout ce qu’elle fait. "C’est une grande passionnée, elle aime les grands événements. Elle aime partager quand on est en équipe. Par exemple, les Jeux olympiques, elle a tout fait pour y aller alors qu’elle était positive au COVID, elle n’a pas eu une grande préparation, et elle a répondu présente", se souvient Julien Benneteau.
Un sens du partage qui se voit aussi lors de séances d’entrainement à Melbourne avec la jeune Diane Parry avant le tournoi. Ou toujours une attention pour ses soutiens, les personnes qui travaillent avec elle comme Paul Quétin: "C’est une joueuse qui a d’abord la passion du tennis. Au quotidien, on sent qu’elle est habitée, parfois même avec ses excès qu’on a pu lui connaître. Mais elle est tellement consciencieuse au quotidien, elle en récolte les fruits aujourd’hui."
Sébastien Cornet voit ce trait de caractère chez sa sœur depuis toute petite: "c’est une fille passionnée. Tout ce qu’elle fait, elle le fait avec passion. Le tennis c’est dans la famille depuis qu’elle est née. On fait tout à fond dans notre famille. Alizé c’est le paroxysme de cet état d’esprit". Et le 61e joueuse mondiale se trouve encore des défis à 32 ans comme découvrir le court Artur Ashe à l’US Open, et jouer dans des endroits incroyables.
Une approche mentale différente
Elle l’avait confié la saison passée, sa fin de carrière approchait à grand pas. 2022 pouvait bien être la dernière saison. A 32 ans, plus que jamais, Alizé Cornet veut profiter de chaque instant sur et en dehors du court. Après avoir débuté le yoga, il y a environ deux ans, Alizé Cornet a beaucoup échangé ces derniers temps avec le franco-américain Maxime Cressy qui se persuade qu’il va gagner chaque tournoi auquel il participe et qu’il sera numéro 1 mondial. Une approche mentale totalement différente.
Sébastien, son frère, et ses parents ont regardé ensemble le combat d’Alizé Cornet en huitièmes de finale. "Elle est très ambitieuse, elle ne s’interdit rien. Elle continue à se dire qu’elle va gagner le tournoi tous les soirs. Elle se visualise de gagner, indique Sébastien Cornet. Cela permet de ne pas se donner de stop. Ce sont des erreurs qui ont pu être faites par le passé. Sinon quand tu te retrouves en 8e de finale avec un objectif de quart de finale, il peut y avoir la peur d’accomplir ce que tu souhaites faire. Ce quart de finale la rend plein d’envie, et d’ambition."
Exit les frustrations ressenties par le passé, alors qu’Alizé Cornet se savait capable de rivaliser avec les meilleures mondiales mais n’arrivait pas à faire basculer les rencontres. Paul Quétin abonde: "Il y a une forme de maturité, elle arrive maintenant peut-être à prendre un peu recul sur le tennis. Elle est dans la dernière partie de sa carrière, et elle se dit qu’il faut profiter de ces moments-là. Peut-être saisir les occasions. Elle l’a montré sur le terrain, en n’étant pas seulement une joueuse solide, couvrant de son terrain de manière extraordinaire mais aussi en étant opportuniste. Une joueuse capable d’aller chercher des points, et je pense que c’est aussi son nouvel état d’esprit: essayer d’être conquérante et saisir toutes les occasions." La prochaine sera pour cette nuit (à partir d'une heure en France) avec l’optique d’un dernier carré en Grand Chelem. Un nouvel horizon à découvrir qui la fait tant rêver.