France Télévisions va-t-il lâcher Roland Garros?

Partenaire de Roland Garros depuis 1987, France Télévisions va-t-il pouvoir continuer ? - -
« Il n’a jamais été question de renoncer à Roland Garros. » Daniel Bilalian, le directeur des sports à France Télévisions, a beau l’affirmer haut et fort, l’avenir du tournoi parisien en clair à 100% n’a plus rien d’une évidence. Un futur en pointillé pour « RG », diffusé sur le réseau hertzien depuis 1987 pour 15,5 M€ par an, alors que les droits de diffusion seront remis sur le marché à l’issue du tournoi 2013. Contexte de crise économique oblige, le rendez-vous annuel de la Porte d’Auteuil, patrimoine du service public au même titre que le Tour de France et le tournoi des VI nations, n’est plus sanctuarisé.
Le 22 mars, lors d’un conseil d’administration, il a été question d’abandonner Roland-Garros. Alors que le groupe présidé par Rémy Pflimlin s’attend à un déficit de 42 M€ en 2013, deux plans d’économies sur les trois années à venir ont été présentés, l’un de 230 M€, corsé, l’autre de 330 M€, salé. C’est ce dernier qui inclut l’abandon du partenariat avec la fédération française de tennis (FFT). Sacrilège. Sans réelle surprise, des fuites ont été organisées. Double objectif : réduire les exigences de l’Etat, et éviter que la fédération ne soit trop gourmande.
Réduire les coûts à tout-va
Le ministère des Finances demande à France Télévisions de revenir à l’équilibre d’ici 2015. Entre les la baisse des recettes publicitaires et la réduction de la dotation de l’Etat actionnaire, la direction de France Télévisions cherche à réduire les coûts à tout-va. Mais pour Bilalian, Bercy se trompe en voulant frapper aux sports, qui ne représente, avec son budget de 200 M€, pas 10% du budget global de France Télé (2,6 milliards d’euros). « Le sport est intéressant parce que c’est le dernier programme où vous êtes sûr que la pub va être vue, parce que le sport ne se zappe pas. »
Enlevez Roland Garros aux annonceurs, ils fuiront le service public, déjà privé de publicité après 20h. Supprimer le tennis de l’offre de FT contribuerait aussi à réduire l’offre de sport en clair, après le départ du foot sur beIn Sport et de la F1 sur Canal +. Au plus mauvais moment alors que la redevance a cru de 6 euros (pour passer à 131 euros en 2013). « Nos concitoyens ne comprendraient pas qu’on leur demande de payer plus avec une offre moindre », explique Patrick Bloche, représentant de l’Etat actionnaire au conseil d’administration, et président de la commission parlementaire des affaires culturelles.
FFT : « On ira au mieux-disant »
Alors que France Télévisions discute âprement avec l’Etat du contrat d’objectifs et de moyens pour les trois années à venir, la FFT observe et s’interroge. La fédération pensait inclure dans son offre le nouveau toit sur le Central, prévu pour l’édition 2017. Las, la décision du tribunal administratif de Paris de casser l’extension du projet, repousse sine die la mise en service du nouveau « Roland ». La FFT a essayé de jouer la montre en repoussant l’appel d’offre à septembre. L’incertitude autour des moyens de France Télévisions l’y a aussi encouragée. « On est dans l’expectative, surtout avec France Télévisions », explique une source en interne. Avec un nouveau stade de 340 M€ à construire, la fédération a l’« ambition de revaloriser les droits ». Reste à savoir jusqu’où ?
France Télévisions offre un périmètre de diffusion sans égal que ni TF1 (+HD1 sur la TNT), ni M6 (+W9 et 6ter sur le TNT), qui a manifesté son intérêt, et encore moins les payantes comme Canal Plus et beIn sport ne peuvent assurer, d’autant que conformément à la loi de 2004, les deux finales des simples messieurs et dames doivent être diffusées en clair. « La FFT ne peut pas jouer sur tous les tableaux, avoir une large exposition et augmenter ses prix », prévient Bloche. « France Télévisions, c’est l’idéal, mais on ira au mieux-disant », répond-on à la fédération.
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