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Gensse, le qualifié de cœur d’Anelka

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A 27 ans, le natif de Mont-de-Marsan s’est qualifié pour la première fois de sa carrière pour le tableau final des Internationaux de France de tennis. Il affrontera le Suisse Stanislas Warwinka au premier tour. « Un aboutissement », assure le 178e mondial, qui peut compter sur le soutien du footballeur de Chelsea, présent cette semaine à Paris.

Augustin Gensse est un inconnu. Même dans le monde du tennis. La preuve ? Sur le site officiel de l’ATP, comme sur celui de Roland-Garros, ne figurent ni sa photo ni sa ville de naissance. Tout juste apprend-on qu’il est né en juillet 1983… Cet anonymat a sans doute pris fin ce vendredi 20 mai en début d’après-midi, quand sur le court n°6 de Roland-Garros, le Landais (on a finalement trouvé) a profité de l’abandon du Turc Marsel Ilhan pour se hisser, enfin, dans le grand tableau des Internationaux de France (6-4, 4-0 ab.). Et pourtant…

La veille, ce spécialiste de terre battue, réputé pour son gros coup droit, aurait dû passer à la trappe. Face à l’Espagnol Bautista-Agut, il avait connu un incroyable trou d’air : 23 points perdus d’affilée, soit le quasi-équivalent de six jeux. Il s’est retrouvé mené 3-0 dans le 3e set. Avant de l’emporter au mental (6-3, 5-7, 7-5). « Je n’ai pas réussi à trouver le sommeil avant trois heures du matin, confie l’émotif barbu. Je n’arrêtais pas de regarder la vidéo du match, les larmes aux yeux. »

« Je dormais en bas de jogging, polaire et bonnet »

Il y a un an et demi, Augustin Gensse était classé 633e joueur mondial. Il désespérait de percer dans le tennis professionnel. C’est dans les Futures, les tournois de 3e division du circuit qu’il s’est rebâti un moral. A la dure. « J'avais attaqué 2010 aux Baléares, au tournoi de Menorca. On logeait dans un village de vacances inhabité, puisqu'on était hors période estivale, et non chauffé. La nuit, je dormais en bas de jogging, polaire et bonnet, blotti contre un petit radiateur électrique que les organisateurs nous prêtaient. Dehors il devait faire 10°C. Et dans la piaule, 5°C. Ce sont les pires conditions que j'ai connues. »

Il remportera en tout sept épreuves de ce niveau avant de retrouver, lentement mais sûrement, un rang plus en rapport avec ses qualités. Et il goûte le succès avec une délectation non feinte. « Je viens à Roland-Garros depuis que je suis tout petit pour les détections, les championnats de France de jeunes. Je voyais le Central, les installations, je me disais que je jouerais peut-être ici un jour. Pour le public, celui qui ne joue pas à Roland-Garros est un amateur. C’est un rêve de gosse, un super coup de pouce. »

Sportif… et financier : Gensse est assuré d’empocher au moins 15 000 euros. « En quatre jours, j’ai gagné autant que lors des six derniers mois », sourit-il. « Financièrement, quand on n’est pas dans le Top 100, c’est l’enfer. Mais ce que j’ai vécu cette semaine, le soutien du public, ça n’a pas de prix. Peu de gens peuvent connaître ce genre d’émotions. » Sans oublier la joie de pouvoir compter sur un supporter de prestige : Nicolas Anelka, proche de son meilleur ami Fred. L’attaquant de Chelsea a fait le voyage de Londres exprès pour son premier tour victorieux. Porte-bonheur ? « J’espère vraiment qu’il reviendra la semaine prochaine. Je vais voir ça avec Fred… »