Jouan, l’appel gagnant

Le bonheur, c’est simple comme un coup de fil. Imaginez : vous êtes tranquillement en train d’acheter votre entrecôte à l’hypermarché en compagnie de votre petite copine quand votre téléphone portable sonne. A l’autre bout du fil, Gilbert Ysern, le directeur des Internationaux de France, vous annonce que vous êtes repêché pour participer au prestigieux tournoi de la Porte d’Auteuil alors que vous naviguez au-delà de la 300e place mondiale. Passé le moment d’émotion au milieu du rayon boucherie, vous vivez le début d’un rêve.
C’est pourtant ce qui est arrivé à Romain Jouan jeudi après-midi alors qu’il faisait ses courses chez lui à Bordeaux. Le garçon est resté scotché ! « Gilbert Ysern m’a dit que je devais être déçu de ne pas être aux qualifications, et qu’en compensation je jouerai le tableau final », explique le joueur. Ce brun aux yeux bleus de 23 ans, qui a gagné 35 000 euros depuis le début de sa carrière l’an passé, est assuré d’agrandir son pécule de moitié grâce à une participation au premier tour de Roland-Garros. Classé 310e à l’ATP, Jouan a profité du forfait de l’Américain John Isner, malade, qui avait bénéficié d’une wild-card en vertu d’un accord entre les Fédérations française et américaine de tennis. Les Américains rendent cette wild-card à Gilbert Ysern, qui ne peut pas la donner à un joueur engagé dans les qualifications du tournoi, celles-ci ayant déjà débuté. Il décide de l’octroyer au Brestois d’origine. Illico presto, vendredi, Jouan prend l’avion et débarque à Orly en milieu d’après-midi…
« C’est le rêve de tout joueur français »
Belle histoire pour ce garçon dont le meilleur résultat cette année est un quart de finale au tournoi Challenger de Cherbourg. Le conte de fées ne s’arrête pas là puisque la main d’Ana Ivanovic l’a placé au tirage au sort face à Andy Roddick, tête de série numéro 6 et vedette américaine. « Là, j'ai cru qu'on me faisait une blague ! Sur le coup, j'ai eu une montée d'adrénaline. Ce sera un grand jour pour moi. C'est le rêve de tout joueur français... »
Ce lundi, sur le court Suzanne-Lenglen, Jouan va avoir la joie de renvoyer les services « maousses costauds » du vainqueur de l’US Open 2003 devant 10 000 personnes. Et dire qu’il devait être à Karlsruhe pour disputer les qualifications d’un Challenger, là-bas en Allemagne…