Qualifs : un jour en enfer

Les qualifs de Roland-Garros où se croisent jeunes crocodiles et vieux briscards du circuit. - -
Au premier jour des qualifications de Roland-Garros, on trouve de tout, c'est comme à la Samaritaine. Il y a des morts de faim comme l'Américain Jesse Witten et le Brésilien Marcos Daniel, capables de se battre comme des chiens pendant 3h47 avec un épilogue heureux pour Witten 17/15 au troisième set. Qui dit mieux ? On reconnaît aussi au hasard des courts annexes la démarche si reconnaissable d'un ancien vainqueur de Roland-Garros : Gaston Gaudio, sacré en 2004, tombé en dépression ensuite. « El Gato » nous régalera encore ce mercredi de ses coups de patte. Mais pour combien de temps encore ?
Car la jeunesse est sans pitié parfois. C'est le cas du Montpelliérain Benoît Paire, 19 ans, 214e mondial. Un cas celui-là. Viré du Centre National d'Entraînement pour mauvais caractère, il a accusé le coup. Mais depuis le mois de mars, il enchaîne les victoires et séduit le milieu. Même Michaël Llodra et Marc Gicquel se déplacent pour l'encourager. Il faut dire que Paire est le roi de l'amortie. « Je veux montrer que je ne suis pas fou », lâche-t-il. Encore deux victoires et il pourra intégrer le grand tableau.
Thierry Ascione, Olivier Patience et Nicolas Devilder sont dans le même cas. Mais leur avenir est derrière eux. C'est l'expérience qui les guide. En même temps qu'une certaine nostalgie. Il y a trois ans, Olivier Patience était passé à deux doigts de ''tordre'' Novak Djokovic sur le Court Suzanne Lenglen. « On m'en parle encore », avoue-t-il. Mais le Normand n'a pas enchaîné. Très fort au golf, il a failli abandonner la raquette. Remonté à la 309e place mondiale, il y croit encore.
Dernier tour pour Ascione
Nicolas Devilder, lui, affiche un sourire las. « En mai 2009, je me suis donné une vilaine entorse à la cheville gauche, j'ai voulu continuer à jouer. Résultat : à un moment donné, je ne pouvais plus mettre le pied par terre. » Arrêt aux stands et plongée en enfer. « Mon regret, c'est que cela me soit arrivé quand j'étais 60e. Aujourd'hui, je suis 500e et j'ai trente ans... »
L'heure de la fin va également sonner pour le Lyonnais Thierry Ascione. Victorieux de Russe Sergeyev, il confie sa joie aux médias avant de finir sur une pirouette. « Je finis ma saison et je serai bien content de ranger mes raquettes au placard... » Les qualifs, c'est vraiment un grand marché de sucré-salé.