Ronchon, Simon

- - -
Rien de tel que de pouponner un peu pour retrouver son calme. Au lendemain d’un succès aux chandelles face à Jérémy Chardy qui avait eu pour effet de le faire sortir de ses gonds, Gilles Simon est arrivé tout sourire, son bébé dans les bras, ce vendredi midi à Roland-Garros. On l’a même vu près du court Suzanne-Lenglen manier la poussette avec dextérité, promenant le petit Timothée dans les couloirs entre les vestiaires et le salon des joueurs.
Quelques heures plus tôt, dans la solitude de la grande salle de presse du Central, vers 22h30, une heure à peine après sa victoire, le n°18 mondial était arrivé « fumasse ». « Sur une échelle de 1 à 10 au niveau du plaisir, c’était zéro, maugréait-il. Pas un, pas deux. Zéro. On se gèle, il fait nuit, il fait froid, tu sens qu’il faut finir, tu as deux ou trois gouttes qui tombent… A un moment, je demande ‘combien de temps, jusqu’à quelle heure on joue ?’ ‘Vingt minutes’. Tu te dis qu’il faut terminer dans les vingt minutes parce que si tu reviens le lendemain, ça peut repartir comme au début. »
Fin de la salve ? Non, ce n’était que le début. « Et puis tu penses à Mardy Fish (son adversaire ce samedi) qui a joué en deuxième, qui est tranquillement à son hôtel. Tu ne sais pas pourquoi. A moins qu’on me donne une bonne raison d’avoir programmé Fish plus tôt dans la journée… Si Jérémy revient au quatrième set et qu’il le gagne, ce qui n’est vraiment pas loin de se passer, on s’arrête, on s’y recolle le lendemain, on est pénalisé. Tu as l’impression que tu avantages un Américain à Roland-Garros. »
« Tu as l’impression que tu avantages un Américain »
Pas content, le Niçois. A plus ou moins juste titre. Aux Internationaux de France, il n’y a pas d’heure limite pour jouer. C’est le juge-arbitre du match qui décide, en dernière instance, d’arrêter si la visibilité est trop faible. Pour le reste, la programmation est effectuée par un comité mixte qui regroupe juge-arbitre, direction du tournoi et diffuseur officiel. Le poids de France Télévisions est tel que ses souhaits sont souvent exaucés. Conséquence ? Les Français jouent plutôt en fin de journée, quand les téléspectateurs sont les plus nombreux devant leur écran.
Au final, Mardy Fish, tête de série n°10, aura bénéficié de près de huit heures de repos supplémentaires par rapport à son adversaire. D’autant moins anodin que Simon avait déjà dû batailler entre chien et loup face à Russell mardi… alors que Fish avait joué son premier tour lundi. En cas d’élimination, le Niçois aurait sans doute quelques arguments à avancer pour sa défense. « Je m’attends à un beau combat », confie-t-il pour l’instant. De son issue dépend sa première présence en deuxième semaine Porte d’Auteuil.