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US Open: Pourquoi les joueurs se battent pour gagner plus d’argent

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Avec un prize money de plus de 57 millions de dollars, l’US Open affiche son opulence. Le business du tennis se porte comme un charme mais les joueurs se battent pour gagner encore plus. Et réduire les inégalités avec la "base".

L’US Open a toujours pris un malin plaisir à vouloir battre des records et faire pâlir de jalousie les trois autres Grands Chelems. Mais en proposant une bourse de 100.000 dollars (environ 90.000 euros) à chaque joueur ayant remporté premier tour, les organisateurs ont frappé fort sur le plan symbolique. Ce chiffre ne manque pas d’interpeller même s’il faut savoir que le fisc américain en reprend environ 35% à la source.

Alizé Cornet, par exemple, avait du mal à cacher son excitation. "Je n’ai jamais joué pour l’argent mais c’est magnifique et on va gagner encore plus car les joueurs se battent pour que les profits soient encore mieux redistribués."

Multiplication par 5 en 20 ans

Réunis avant le début du tournoi, les joueurs ont l’intention de se battre pour que l’inflation ne cesse pas. Et pourtant, les chiffres donnent le vertige. En 1999, une victoire au premier tour rapportait 19 000 dollars, 31 000 dix ans plus tard. Soit une multiplication par cinq en vingt ans!

Federer: "Il y a trop d'écart"

Et pourtant, si l’on écoute le vindicatif canadien Vasek Pospisil, seuls les membres du Top 100 vivent de leur sport. En conférence de presse, Roger Federer a évoqué ce serpent de mer du prize money. "Le chèque au vainqueur ici est de 3.850.000 dollars (près de 3,5 millions d’euros). Par rapport à ma récompense en Australie en 2004, ça a sacrément grimpé mais c’était important de rivaliser avec d’autres sports comme le golf. Maintenant, je trouve qu’il y a trop d’écart entre le vainqueur et le perdant du premier tour. J’estime que les mecs qui jouent le circuit Challenger ou les battus en qualifs doivent toucher plus d’argent. Ces gars-là méritent de survivre. Je ne milite pas pour un circuit de perdants mais ils consentent aussi beaucoup de sacrifices et ils bossent autant que nous."

D’où cette guerre avec les patrons des tournois du Grand Chelems. Gilles Simon - qui fut membre du Conseil des joueurs - résume le point d’achoppement. "En pourcentage, le prize money total (plus de 57 millions de dollars cette année à New York, ndlr) représente toujours ce qu’il a représenté par rapport aux bénéfices dégagés par les Chelems. Ça veut dire que les revenus du tournoi augmentent. C’est donc que le sport se porte bien."

Cornet "pense beaucoup aux sportifs olympiques"

Ces sommes peuvent quand même inspirer de l’indécence par rapport à d’autres disciplines. Alizé Cornet en convient. "Je pense beaucoup aux sportifs olympiques. Mon meilleur ami est un 'voileux'. On a une chance inouïe de bien gagner notre vie. Je sais qu’il y a deux poids deux mesures donc il faut arrêter de se plaindre."

Gilles Simon est plus pragmatique. "Quand on parle de tennis, on parle de divertissement. Ce sont les gens qui regardent et l’intérêt que ça apporte. L’argent vient de là. Plus il y a de gens, plus il y a de sponsors. Ce n’est pas une histoire de qui travaille le plus. J’ai fait quatre ans à l’INSEP et je peux confirmer que les gymnastes de l’INSEP en chiaient bien plus que nous. C’est comme les chansons : il y en a qui plaisent, d’autres non…"

Gaël Monfils pour l’instant perdant

Même si ces chiffres affolent, Gaël Monfils tient à révéler une partie cachée de l’iceberg. "Souvent, les gens te disent: 'Tu as gagné 100.000 dollars' alors que ce n’est pas vrai. Tu as des taxes et plein de charges. Vous voulez un scoop? Pour l’instant, je suis dans le négatif! Mon US Open me coûte les billets d’avion et l’hôtel pour mon staff (coach, kiné et préparateur physique). Mon agent et mon coach me prennent un pourcentage sur mes gains. Si je ne fais pas huitième de finale, je suis négatif! Il faut le dire."

Le Français joue la transparence même si le tennis est un business foisonnant. Il ne faut jamais oublier les différents contrats vestimentaires et raquettes et les garanties qu’offrent les ATP 250 pour s’attirer les joueurs les plus bankable. Il existe des grilles tarifaires qui ne sont pas basées que sur le classement… Et Jean-François Caujolle, le patron de l’Open 13, n’a jamais caché que s’il voulait attirer Roger Federer à Marseille, il lui en coûterait un million de dollars.

Eric Salliot