Burn-out, pause dans sa carrière... Comment la surdouée Amanda Anisimova a remonté la pente jusqu'à la finale de Wimbledon

Imaginez la scène si Amanda Anisimova devait passer un entretien d’embauche. Attentif à son CV, le recruteur serait en droit de lui formuler cette remarque: "Je note un trou dans votre activité entre mai 2023 et janvier 2024…" Victime d’une dépression ou d’un burn-out, l’Américaine a eu le courage de tourner le dos au circuit après le tournoi de Madrid.
"C’est devenu insupportable d’être sur un tournoi de tennis", postait-elle sur Instagram le 5 mai 2023.
"On peut revenir au sommet si l'on se donne des priorités"
C’était probablement, aussi, le contre-coup du décès de son papa en 2019. Ce père aimant qui avait quitté la Russie pour s’installer aux États-Unis trois ans avant sa naissance (elle est née le 31 août 2001) et qui était aussi son coach lorsqu’elle avait remporté une finale de l’US Open juniors 2017 ultra médiatisée puisque son adversaire, Coco Gauff, n’avait que 13 ans.
Aujourd’hui, Amanda Anisimova parle de cette pause salutaire. "Cela montre que c'est possible. C'est un message très spécial que j'ai pu transmettre, parce que lorsque j'ai pris ma pause, beaucoup de gens m'ont dit qu'on ne revient jamais au sommet si on s'éloigne autant du circuit. C'était difficile à digérer, parce que je voulais revenir et continuer à accomplir beaucoup de choses et gagner un jour un Grand Chelem. J'ai juste pu prouver que l'on peut revenir au sommet si l'on se donne des priorités. Oui, cela signifie beaucoup."
Tombée au 442e rang mondial
Et c’est vrai que le risque était grand que cette surdouée – demi-finaliste à Roland-Garros en 2019 - retombe dans l’anonymat. Pour son tournoi de reprise, à Auckland, en janvier 2024, elle encaisse un terrible 6-0, 6-1 contre la Tchèque Maria Bouzkova. Elle a le dossard 442 lorsqu’elle prend part à l’Open d’Australie. Une place en huitièmes de finale – où elle est battue par… Aryna Sabalenka – sauve son classement.
Le chemin est long. Il y a pile un an, elle échoue au dernier tour des qualifs de Wimbledon. Mais l’éclaircie est proche: en atteignant la finale du WTA 1000 de Toronto, elle réintègre le Top 50. La partie est gagnée. En début d’année, elle soulève un trophée ô combien symbolique à Doha.
Avec des frappes tendues, son tennis s’exprime parfaitement sur gazon. Elle échoue pourtant en finale du Queen’s face au jeu déroutant de l’Allemande Tatjana Maria. Cela promettait une quinzaine verdoyante au All England Club. Mais c’est au-delà de ses ambitions, dit-elle. Il lui reste un obstacle à franchir pour que le conte de fées soit total. Iga Swiatek a remporté les cinq finales de Grand Chelem auxquelles elle a pris part… Mais on sait que les dernières finales féminines de Wimbledon se sont jouées sur les nerfs. Ons Jabeur, finaliste malheureuse en 2022 et 2023 en Angleterre, en sait quelque chose.