Bartoli : « Je commence à vraiment réaliser… »

Marion Bartoli - -
Son sacre à Wimbledon, un rêve accompli
« C’est un sentiment incroyable, avec beaucoup de fierté. C’était un rêve de petite fille. Je commence à vraiment réaliser et c’est exceptionnel à vivre. J’ai toujours fonctionné à l’instinct, aux sensations, et j’y ai cru, je me disais que c’était peut-être l’année où ça allait arriver et ça m’a guidé. J’avais une espèce d’insouciance, l’impression que rien ne pouvait m’arriver. Les têtes de série tombées en première semaine ? C’était une année différente mais ça fait partie de la vie. Chaque année n’est pas un copier-coller infini. Ça fera partie de ce Wimbledon, avec des forfaits et des abandons. Tout le monde s’en rappellera et c’est ce qui est beau aussi. La finale ? Je suis arrivée à la gérer en relativisant le plus possible. J’ai pris ce match comme un autre match à jouer. J’ai essayé de rester concentrée et de me répéter : ‘‘Point après point, point après point…’’ Dans toute ma carrière, mon coup le plus faible, c’est le service. Gagner Wimbledon sur un ace est un clin d’œil incroyable. Pendant 15 jours, j’ai réussi à atteindre cet équilibre difficile entre concentration et décontraction. J’espère que ça va continuer. »
Le soutien d’Amélie Mauresmo à Wimbledon
« Elle m’a apporté le calme et la sérénité pour arriver à gérer deux semaines. A partir de la deuxième semaine, quand beaucoup de têtes de série avaient été éliminées, il y a eu une espèce de montée de pression sur le thème : ‘‘C’est peut-être son année’’. Amélie m’a aidée à faire le vide autour et à me concentrer sur l’objectif, c’est-à-dire gérer chaque match sans regarder trop loin. Elle m’a permis de rester dans l’attitude que j’avais : prendre beaucoup de plaisir en dehors du terrain, rester très décontractée, mais faire le maximum pour l’emporter sur le court. Mais il ne fallait pas me projeter trop loin ou me dire que c’était l’année ou jamais. »
La suite de sa carrière, ses futurs objectifs
« Gagner un tournoi du Grand Chelem est l’objectif de tout joueur pro. Pour moi, c’était particulièrement Wimbledon parce que je suis fan de Pete Sampras depuis toujours et que c’est une surface qui convient mieux à mon jeu. Mais je rêve aussi de remporter Roland-Garros. J’ai plein d’autres objectifs, comme Roland-Garros ou la Fed Cup, et cette victoire va me donner confiance en moi et l’assurance que je peux le faire. Une victoire comme ça se construit avec beaucoup d’abnégation et d’humilité, tous les jours à l’entraînement dans des conditions parfois difficiles. Ça va se chercher. Les prochaines victoires vont se construire dans l’intensité que je vais mettre à l’entraînement tous les jours. Je suis passionnée de tennis. Ne pas avoir joué depuis trois jours me manque déjà. J’ai hâte de revenir sur le court. Mon objectif de fin de saison sera l’US Open, bien sûr. J’avais atteint les quarts de finale l’an dernier. Je suis septième mondiale désormais, mais pour moi, ce n’est pas suffisant, je veux plus. Il faut s’investir pour y arriver et je suis prête à ça. »
Roland-Garros, autre rêve
« La terre battue cette année était très lourde. Il pleuvait, il faisait froid, ce ne sont pas des conditions pour moi car ça ralentit beaucoup le jeu alors que j’ai un jeu de frappes de balle rapides avec beaucoup de points gagnants. Forcément, ça ne m’avantageait pas. J’ai beaucoup mieux joué dès que le gazon est arrivé. Du coup, je suis arrivé à mieux m’exprimer. C’est vrai que mon niveau a très vite évolué entre Roland et Wimbledon et ça m’a surpris moi-même. Le gazon me correspond mieux que la terre battue, c’est évident. Mon jeu correspond plus aux surfaces rapides, j’ai grandi là-dessus, mon jeu y a été façonné. Mais quand il fait chaud et sec à Roland-Garros, ça m’avantage. Je ne désespère donc pas d’y arriver. C’est un beau défi car gagner Roland-Garros est un autre rêve. »
Une victoire à Wimbledon comme une revanche sur les critiques ?
« Je ne joue pas pour ce qu’il y a écrit dans les journaux ou ce qu’on pense de moi. Ce qui compte le plus, c’est d’avoir le trophée de Wimbledon dans les mains. Il n’y a pas de revanche à prendre sur quiconque. Le bonheur absolu vécu sur le court l’emporte sur tout le reste. Quand vous rêvez de quelque chose et que vous travaillez tous les jours depuis plus de 20 ans pour l’obtenir, une fois que vous l’avez, vous pensez juste à ce que vous venez de réaliser. C’était un moment de bonheur immense, partagé avec beaucoup de gens dont des membres du staff de l’équipe de France de Fed Cup. Ils ont été là quand c’était très dur pour moi en début d’année et ça, je ne l’oublierai jamais »
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« Queen Marion », le retour heureux|||
Gagner un tournoi du Grand Chelem vous plonge forcément dans un tourbillon de sollicitations. Mais à voir le grand sourire sur le visage de Marion Bartoli à l’heure de son retour en France ce mardi, trois jours après son sacre à Wimbledon, la Française profite à plein de ces moments de bonheur absolu. Au programme (chargé) pour « Queen Marion » ? Arrivée à la Gare du Nord en Eurostar à 15h47, Bartoli est descendue parmi les dernières du train, encombrée de bagages et trophée de Wimbledon en main. Pas annoncé publiquement, son retour n’a pas provoqué d’affluence populaire dans la gare. Seuls quelques curieux ont posé à côté de la numéro 7 mondiale quand ils l’ont reconnue. Débutait ensuite une tournée des popotes médiatiques, habituelle après un tel succès sportif. Ce mercredi, Bartoli reprendra sa raquette pour un « petit match » face au célèbre DJ Bob Sinclar. Un passage au tirage au sort de la Fed Cup 2014, mercredi soir, est également prévu pour Marion qui ne sait pas encore jusqu’à quand elle restera dans la capitale française. Après quelques jours de vacances (« je pense les avoir mérités », dit-elle avec un sourire), l’heure de la reprise de l’entraînement sonnera bientôt en perspective de la tournée américaine et de l’US Open, dernier tournoi du Grand Chelem de la saison. Tout sauf un problème pour la championne de Wimbledon. « J’aime trop le tennis, confie Bartoli. Ne pas avoir joué depuis trois jours me manque déjà. »