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"J’irai dégrader la tombe de ta grand-mère": Katie Boulter dévoile les messages sidérants qu’elle reçoit sur les réseaux

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Katie Boulter, la joueuse britannique de 28 ans, a dévoilé les messages menaçants qui lui sont régulièrement envoyés sur les réseaux sociaux. La n°39 mondiale alerte sur la dégradation de la situation et la vulnérabilité des athlètes face à cette vague de haine en ligne.

Les menaces, les insultes et les images obscènes sont devenus "la norme". Comme de nombreux sportifs de haut niveau, Katie Boulter reçoit régulièrement un flot de messages haineux et irrespectueux, liés à ses performances en compétition. La tenniswoman britannique en a dévoilé certains reçus il y a une dizaine de jours en marge de Roland-Garros. "J’espère que tu auras un cancer", "J’irai dégrader la tombe de ta grand-mère", "Des bougies et un cercueil pour toute ta famille", "Va en enfer, j’ai perdu de l’argent que m’a mère m’avait envoyé"…

"Il y a de plus en plus de commentaires et ils sont de plus en plus graves", confie Katie Boutler à la BBC, en expliquant qu’il est difficile de savoir qui déverse sa haine à distance et qui est prêt à mettre ses menaces à exécution. "Ça montre à quel point nous sommes vulnérables. On ne sait pas si la personne se trouve sur le site de compétition, à proximité ou si elle sait où on habite." De quoi créer un mélange de peur et de résignation face à cette vague de violence en ligne.

Des insultes en fonction des résultats de son compagnon Alex de Minaur

Ces messages issus de comptes anonymes sont souvent laissés par des parieurs frustrés. La native de Leicester, âgée de 28 ans, en reçoit pendant et après ses matchs. Peu importe le résultat. "On m’envoie aussi des menaces lorsque je gagne", témoigne la n°2 britannique, qui évolue sur le circuit professionnel depuis 2014. Des hommes lui transmettent également des photos à caractère sexuel.

"J’ai eu droit à pas mal de choses de ce genre", souffle-t-elle.

Katie Boulter a tenté d’ouvrir un dialogue avec certains auteurs de messages insultants. Et elle a parfois reçu des excuses. "Les gens ne se rendent pas toujours comptent de ce qu’ils disent", estime celle qui reçoit aussi des menaces en fonction des prestations de son compagnon, l’Australien Alex de Minaur, n°12 mondial. "En tant que couple, nous recevons des messages liés à nos résultats respectifs. Il a tendance à en recevoir quand je perds, et inversement. On peut recevoir des centaines de messages après un match, un set ou même un point."

Les joueuses britanniques réclament du changement

Après la publication de son interview, Katie Boulter a été publiquement soutenue par Harriet Dart, la n°4 britannique. "La quantité de messages abusifs que nous recevons est assez hallucinante", a-t-elle glissé mardi en marge de l’Open de Nottingham. "La WTA essaie de lutter contre ça mais tant qu’Instagram ne vérifie pas l’identité des gens, ils peuvent continuer à rouvrir des comptes."

Avant d’affronter Katie Boutler ce mercredi à Nottingham, Sonay Kartal, la n°3 britannique, a elle appelé à une action collective. "En nous rassemblant, avec l’aide de la WTA, nous ferons de notre mieux pour mettre fin à cette situation. Il ne s’agit pas seulement d’un problème lié au tennis. C’est un problème mondial, qui ne concerne pas que le sport. Il y a aussi des gens ordinaires qui, j’en suis sûr, reçoivent des messages de ce type. Nous vivons au XXIe siècle et nous n’identifions pas les gens sur les réseaux sociaux. Pour des personnes jeunes et inexpérimentées, ça peut être très inquiétant et très dangereux".

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport