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Où va le tennis féminin français ?

Alizé Cornet

Alizé Cornet - -

L’équipe de France de Fed Cup va disputer un barrage en avril pour ne pas descendre en troisième division. Une situation qui laisse craindre le pire à l’heure où la n°1 française, Marion Bartoli, boude toujours la sélection. Décryptage d’un marasme historique.

Entre octobre 1999 et novembre 2000, la France comptait quatre représentantes dans le Top 10. Amélie Mauresmo, Mary Pierce, Nathalie Tauziat et Julie Halard rivalisaient chaque semaine avec les stars du circuit. Douze ans plus tard, cette époque dorée est bel et bien révolue. Seule Marion Bartoli, n°7 mondiale, fait encore honneur au tennis tricolore. Problème, la native du Puy-en-Velay, très liée à son entraîneur de père, refuse de se plier au règlement de l’équipe de France. Sans leur meilleure arme, les Bleues s’enfoncent en Fed Cup. Après avoir découvert l’antichambre de l’élite cette saison, les joueuses de Nicolas Escudé vont devoir disputer un barrage pour ne pas tomber… en troisième division !

« On vit une période délicate, remarque Patrice Dominguez, l’ancien directeur technique national. Mais il ne faut pas dramatiser. Le sport français a souvent du mal à enchainer les générations. Tatiana Golovin, qui était censée créer le lien avec la nouvelle génération, s’est blessée prématurément. Cette rupture nous fait très mal aujourd’hui parce que les jeunes n’ont pas de locomotive. On n’a pas de leader en Fed Cup. On est dans un trou. » Un trou que la Fédération française de tennis a longtemps laissé se creuser.

« On s’est rendu compte qu’on avait négligé la formation durant ces quinze dernières années, reconnait Alexandra Fusai, responsable du haut niveau féminin à la FFT. C’est pourtant notre rôle premier. Donc on s’est lancé dans une reconstruction de fond. On a rouvert tous nos pôles France. On a recommencé à former pour avoir plus de joueuses dans le Top 100 dans les prochaines années. Ça va prendre un peu de temps. Mais on doit passer par là. »

Mauresmo : « On a une belle génération qui arrive »

En attendant, les manieuses de raquette semblent tétanisées dans l’Hexagone. Derrière Bartoli, Pauline Parmentier, la deuxième française, est 62e au classement WTA. Un gouffre qui affecte le moral des troupes. « Une fille a tendance à être plus émotive, à vivre les choses plus fortement, explique Nathalie Dechy, l’ancienne n°11 mondiale. Il faut qu’elle soit accompagnée et comprise par son encadrement pour donner le maximum sur le court. Aujourd’hui, certaines n’arrivent pas à s’épanouir. »

Un blocage qui pourrait prendre fin prochainement avec l’avènement de Caroline Garcia et Kristina Mladenovic, toutes deux âgées de 18 ans. « On a une belle génération qui arrive, assure Amélie Mauresmo, ex-n°1 mondiale. On a envie qu’elles percent le plus rapidement possible. Parce qu’on a besoin d’elles sur le devant de la scène. » La France n’a plus de temps à perdre. Les 21 et 22 avril prochain, elle jouera son avenir lors d’un barrage qui s’annonce irrespirable. Ce sera face à la Grande-Bretagne, la Chine, la Slovénie ou la Biélorussie. Le tirage au sort aura lieu mardi prochain.