"On connaît l'histoire du Titanic": les skippers du Vendée Globe confrontés à l'angoisse des icebergs

C’est une grande première depuis 2008. Et pas vraiment la meilleure façon de démarrer la nouvelle année. Ces dernières heures, plusieurs skippers du Vendée Globe (Conrad Colman, Sébastien Marsset et Éric Bellion) ont eu la mauvaise surprise de croiser sur leur route… des icebergs à la dérive, en plein Pacifique. Des colosses blancs aussi magnifiques qu’effrayants. Un spectacle sublime, mais une menace silencieuse, qui pousse tout le monde à redoubler de vigilance.
"Hier soir j’ai frôlé un iceberg!", a ainsi raconté dans une vidéo Éric Bellion, le skipper de Stand as one - Altavia, marqué par la vue d’un iceberg long d’une centaine de mètres. "Je longe la ZEA (zone d'exclusion Antarctique), une sorte de ‘glissière de sécurité’ mise en place par la direction de course pour nous éviter de croiser la route d’icebergs. Seulement, deux d’entre eux se sont échappés de cette zone hier matin - vous imaginez bien que l’espace n’est pas clôturé! On est scrutés, des gens veillent sur nous, mais on reste le garant de notre propre sécurité." Croiser ces géants glacés, des adversaires imprévisibles et terrifiants, c’est la hantise de tout skipper.
"Ça nous fait extrêmement peur"
"C’est très difficile de les cibler, ça coûte très cher d’avoir des photos précises. Ça veut dire que ça dérive beaucoup. Mais c’est étonnant de les trouver là. C’est aléatoire. Un iceberg a pu exploser et créer plein de growlers (des morceaux de glace détachés d'un iceberg, ndlr). Plein de paramètres entrent en jeu: les courants, les vents… Ça demande de gros moyens pour les prévoir. Ça fait peur, moi c’est le truc dont j’ai le plus peur quand je fais le tour du monde", témoigne pour RMC Sport, Charles Caudrelier, vainqueur fin février de l'Arkéa Ultim Challenge, première course autour du monde en solitaire en grand multicoque (32m), et récemment désigné marin de l'année 2024.
"On connaît l'histoire du Titanic! Un bateau de cette taille-là qui coule… Nous on va plus vite et on est beaucoup plus fragiles. On voit les gros growlers, le problème c’est qu’ils font des petits… La partie immergée est souvent énorme, c’est à peu près 1/10e hors de l'eau et le reste sous l'eau. Si on tape dedans avec nos coques, on peut les déchirer. Ça nous fait extrêmement peur, c'est le plus gros risque. On peut gérer et prévoir la météo et les grosses vagues, mais ça on ne peut rien faire. Il ne faut pas en rencontrer un", ajoute-t-il en observateur avisé de ce Vendée Globe.
"Maintenant on a une caméra infra-rouge pour voir les obstacles. Ça marche plutôt pas mal pour les icebergs. Mais il ne faut pas grand-chose pour déchirer une coque. Et un petit truc on ne le voit pas forcément…" Avant cette édition, le dernier marin à avoir aperçu un iceberg sur le parcours du Vendée Globe était Samantha Davies, en 2008.