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Vendée Globe: "Ça ne sert à rien de foutre la cabane sur le chien", Richomme pas prêt à prendre tous les risques pour rattraper Dalin

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À 200 milles du leader Charlie Dalin, son plus proche poursuivant Yoann Richomme a bien voulu dresser pour RMC Sport un point de la situation à moins d'une semaine de l'arrivée aux Sables d'Olonne. Le bizuth ne lâche rien mais se veut réaliste, ses chances de revenir s'affaiblissent. 

Yoann Richomme, comment analysez-vous votre position actuelle dans le match qui vous oppose à Charlie Dalin le leader?

Vous, vous êtes sur la carte et vous avez l'impression qu'il n'est pas loin, mais en fait il est très loin. Je n'ai pas une intensité de régate comme ce que vous pouvez vous imaginer. 

Est-ce que cette régate peut encore avoir lieu avant l'arrivée en fonction des opportunités?

Tu ne peux pas dire qu'il n'y en aura pas. C'est obligatoire qu'il y ait un peu match quelque part dans cette histoire. Moi je passe à peu près la dorsale anticyclonique dans 500 milles. Là je ne peux rien faire. Dans ces conditions là il est plus rapide que moi. Et il va continuer de me coller des milles. Après il y a une section au portant qui va quasiment jusqu'à l'entrée du golfe de Gascogne. Ça normalement c'est plus à mon avantage. Mon avantage, c'est mignon, mais d'ici à combler 200 milles, je ne sais pas. Après il y a quelques phases au portant où je peux avoir un très gros avantage. Est-ce-que là ça va être le cas, est-ce que ça va payer, c'est dur à dire donc j'ai du mal à me prononcer. 

Il y a la fin aussi où il y a un petit peu d'incertitude? 

Mais il y a de l'incertitude parce qu'on est à une semaine et que les fichiers ne sont pas calés. Ça va être difficile quand même. Je veux bien rester optimiste mais c'est une réalité. Ce n'est pas évident. Et ce n'est pas n'importe qui. Le seul truc qui pourrait vraiment jouer et sur lequel certaines personnes ont eu des doutes, moi pas trop, c'est: est-ce qu'il a vraiment toutes ces voiles de portant et toutes les armes pour se battre? On va vite le découvrir. Et après c'est sûr que sur un problème matériel ça peut partir en cacahuètes. Météo, j'ai plus de mal à y croire car il n'y a pas beaucoup d'opportunités. Pour moi le dosage n'est pas évident non plus car ça ne sert à rien de foutre la cabane sur le chien à cinq jours de l'arrivée parce que j'ai absolument envie de le rattraper. C'est le juste milieu qui n'est pas évident à trouver.

Pour un compétiteur seule la victoire est belle mais pour un premier Vendée Globe est-ce qu'une deuxième place vous irait?

On aurait signé pour ça au départ. On savait que le meilleur concurrent était probablement Charlie. Il faut quand même se rappeler que nous on part d'une page blanche il y a trois ans, eux ça fait sept ans qu'ils font de l'Imoca. Pouvoir revenir à leur niveau de compétition, les "matcher" pendant un Vendée Globe on est déjà super contents. C'est clairement les meilleurs objectifs qu'on s'était fixés. C'était, on donne notre meilleur et on voit bien où ça nous amène. Mais on estimait que Top 5 c'était bien, Top 3 c'était très satisfaisant et forcément on savait que sur un bon scénario Il y avait moyen de faire mieux. Donc on se satisfera très très bien d'une deuxième place.

Est-ce que comme en tennis la peur de gagner existe dans la voile? 

Ça peut arriver mais je ne vois pas où dans le scénario il y a de la place pour ces choses-là. Il faudrait vraiment que je revienne. La seule option que je vois c'est qu'il ait vraiment du mal au portant, plus la bonne voile, ça ne le fait pas, et moi je suis pleine balle. Et là je suis capable d'être plusieurs nœuds plus vite, les milles peuvent tomber très très vite. Mais c'est un scénario avec peu de probabilité. Soit il a un souci qui va l'handicaper, mais je n'y crois pas trop, soit il y a un scénario météo très compliqué en arrivant devant. Par exemple il y a eu plusieurs fichiers qui montraient de la molle dans le golfe de Gascogne, en Bretagne Sud. C'est dur de se projeter quand tu as 200 milles de retard. Quand on aura commencé à combler le retard, potentiellement. Tout le monde me dit "mais si ça va revenir". Je connais mon métier, je connais les fichiers météo, je sais s'il y a du jeu ou pas.

PYL