Virtual Regatta: les secrets de Didier Flament, 3e de l’édition 2016 (et sans forcer !)

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Il avait pourtant hésité à partir. Après deux tours du monde intenses en 2008 (3000e) et 2012 (500e), Didier Flament a remis le couvert sur l’édition 2016 de Virtual Regatta, achevée ce mardi après 72 jours en mer, à une magnifique troisième place, la première côté français. On s’attendait à tomber sur un geek des mers, au sortir de deux mois d’ermitage, aux nuits raccourcies pour ne jamais s’écarter d’un degré de la route optimale, mais joint au téléphone, le Roscovite nous a presque écœurés, nous qui peinons à sécuriser notre 150 000e place, malgré un œil rivé sur le jeu tous les jours au travail (espérons que notre chef ne lira pas).
« Le maître mot, c'était d'y passer le moins de temps possible, explique le Brestois de 49 ans. J’ai pris une demi-heure le matin et une heure le soir pour programmer la route sur la journée et la nuit. » Les collègues et les proches n’y ont donc vu que du feu. « Il n’était vraiment pas question de faire des veillées nocturnes. J'ai juste fait une exception la dernière nuit pour assurer la 3e place au moment de la transition météo. »
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Eloge de la paresse
Son parcours aurait pu être relativement anonyme, « entre la 400e et la 200e place depuis le départ », mais la remontée de l’Amérique du Sud change la donne. « J'ai préféré la route centrale aux deux principales options des autres candidats qui sont partis soit à la côte ou ont poussé loin dans le nord-est avant d'y mettre du nord. »
Eloge de la paresse : « J’ai juste voulu essayer de me démarquer, et en plus ça me permettait une trajectoire directe, sans avoir à changer de direction. » Il vire donc en tête après le Pot-au-Noir. « Là mes enfants ont commencé à se prendre au jeu. » Puis file vers un magnifique podium, finalement devancé par un Néo-Zélandais et le vainqueur australien, qui a reconnu avoir passé jusqu’à six heures par jour. Au ratio classement final/temps passé devant son écran, notre chercheur en biologie marine est intouchable. Et tout simplement « ravi » d’être allé chercher une telle place sans objectif au départ.
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Les secrets de Didier
Routeur et grands principes
Un peu de jugeote, quelques principes de base, et… un routeur, qu’il n’a pas manqué de remercier au moment de franchir la ligne. Quand Didier parle de son exploit, on se dit même qu’on pourrait y arriver. « J’ai utilisé le serveur de routage en accès libre Zezo pour aider à la définition de la route, avec en plus quelques grands principes comme le fait de ne pas aller à la côte africaine dans la descente de l'Atlantique, passer le Pot-au-Noir entre les 29° et 30°w, enrouler Saint-Hélène, et prendre la route la plus courte dans les mers du sud. » Bête comme chou.
Indispensables options
« Les options programmation et voiles automatiques sont essentielles pour ne pas y passer trop de temps. Je n'étais pas du tout connecté en permanence. M’ont beaucoup servi au final : « les voiles pro, le changement automatique et le programmateur de cap et d'allures. » On vous a dit qu’il était paresseux.
La morale de cette histoire
On a quatre ans pour comprendre comme marche ce fichu routeur… Top 10, nous voilà !