RMC Sport

Voile: le navigateur Guirec Soudée se lance un défi extrême, un tour du monde à contre-courant

Le navigateur breton Guirec Soudée, le 18 juin 2025.

Le navigateur breton Guirec Soudée, le 18 juin 2025. - Léa Quinio

Quelques mois après sa 23e place au Vendée Globe, le navigateur Guirec Soudée se lance un nouveau défi. Cet hiver, le Breton de 33 ans va tenter de réaliser le tour du monde à l’envers en solitaire sans escale et sans assistance. Une aventure que seulement cinq marins dans le monde ont réussi à terminer.

"Avant d’être un régatier, je suis un aventurier". Guirec Soudée pose le décor lorsqu’il présente son nouveau projet, ce mercredi 18 juin. L’aventure l’attend, justement. A la fin de l’année 2025, le navigateur français se lance le défi de faire le tour du monde à l’envers, d’Est en Ouest, en solitaire, sans escale et sans assistance. "J’ai ce besoin d’être en mer et faire le tour de la planète. Avec deux transatlantiques par an, je ne suis pas rassasié", annonce-t-il, quatre mois après sa 23e place pour son premier Vendée Globe.

A peine rentré, le voilà déjà reparti. C’est en mai dernier que le Breton de 33 ans a vu son projet se concrétiser lors de l’achat du bateau, un maxi-trimaran de la classe Ultim, l’ancien Génorimo, détenteur du trophée Jules Verne en 2004. Il a ensuite porté le nom de Sodebo Ultim dès 2015, skippé par Thomas Coville. Ce multicoque de 31 mètres de long sur 21 mètres de large sera mis à l’eau la semaine prochaine à Lorient. "On a récupéré le bateau dans un mauvais état. Il y a actuellement 25 personnes à temps plein qui travaillent dessus. On a réparé des parties du mât, on a ouvert quelques endroits de la coque, et refait des foils", raconte le marin, qui compte sur le soutien de la mutuelle MACSF.

Battre un record vieux de plus de 20 ans

Dans ce projet audacieux, Guirec Soudée naviguera à contre-courant, "non pas en marche arrière", s’amuse-t-il à dire. Le grand départ est prévu en novembre à Brest (Bretagne), pour descendre l’Atlantique jusqu’au sud de l’Amérique avant d’enrouler l’Antarctique. Cette trajectoire implique de remonter dans le sens inverse des vents et de franchir trois caps : Bonne Espérance, Leewin et le mythique cap Horn, le passage le plus périlleux du voyage.

"C’est le moment clé dans le tour du monde. C’est le cap le plus au sud de la planète. Le passage n’est pas grand, il y a des grandes différences de profondeur, souligne Guirec. Il faudra peut-être que je patiente avant de pouvoir passer. C’est là où tout peut s’arrêter mais, moi, je fais ce projet pour aller au bout". Pas seulement. Plus que de boucler la boucle, le marin voit grand. "Ce qui m’anime dans ce projet, c’est de battre ce record, car c’est ce qui me correspond".

"Je ne suis pas que le mec à la poule"

Le record du tour du monde à l’envers date de plus de 20 ans. Il a été accompli par le Français Jean-Luc Van Den Heede en 2004, en 122 jours, 14 heures, 3 minutes et 49 secondes. Rares sont les marins à avoir entrepris le challenge. Seuls cinq skippers au monde ont réussi ce défi en monocoque. S’il réussit, Guirec Soudée serait le premier de l’histoire à le réaliser en multicoque. Les tentatives d’Yves le Blevec en 2017 et du duo Romain Pilliard et Alex Pella en 2021 ont échouées. "Avec un bateau aussi rapide, tu peux facilement être sous la barre des 100 jours".

Devenu célèbre pour son tour du monde avec sa poule Monique, entre 2014 et 2018, le marin aux 300 000 followers sur Facebook et Instagram veut continuer à faire parler de lui. "Je ne suis pas que le mec à la poule, il faut tourner la page". A l’issue de cette aventure, un livre aux éditions Michel Lafon sera publié et un nouveau documentaire verra le jour.

Jamais rassasié, ce challenger de l’extrême a déjà de l’idée pour la suite. Il envisage de prendre le départ de la Route du Rhum en 2026. Puis, deux ans plus tard, en 2028, il souhaite s’aligner sur l’Arkea Ultim Challenge, dont le parcours est identique au Vendée Globe à l’exception du départ qui a lieu à Brest.

Léa Quinio